En étant proche des poisons, on créé les meilleurs remèdes

C'est au beau milieu du dédale de l'Allée des Embrumes que se situe la boutique de Barjow et Beurk. La devanture de l'échoppe est sobre mais plutôt mal entretenue : le nom du magasin s'efface avec le temps, les lettres rouillent, tandis que les rares vitres n'ont probablement pas été nettoyées depuis plusieurs années. Les toiles d’araignée s’accumulent dans les coins, mais personne n'y prête vraiment attention. En effet, malgré cette façade atypique, la boutique se fond parfaitement dans le lugubre décor qui l'environne.L'unique porte de bois permet d'accéder à la pièce principale du magasin. Dès qu'un sorcier la franchit, une petite cloche d'argent prévient l'arrivée des clients. L'intérieur de l'échoppe est à l'image de sa devanture : sinistre et menaçante. Diverses étagères ornent les murs, sur lesquels on trouve un vaste panel de produits louches, allant du poignard aux capes, en passant par potions, des objets ensorcelés et des bocaux remplis d’organes non identifiés. Au centre de la salle se trouvent deux tables vitrines cadenassées où sont entreposés les articles les plus précieux, tel les ingrédients à potion particulièrement rares qui servent à préparer des potions s'avérant mortels.

Au fond de la boutique, à côté de l'escalier menant au sous-sol, se dresse l'imposant comptoir froid, mais éclatant. Contrairement au reste de la boutique, il est dépourvu de tout désordre. Idéal pour marchander ! Si vous recherchez un artefact en particulier, n'hésitez pas à demander au propriétaire. Peut-être que, dans une cache à l'abri des regards indiscrets, il aura ce que vous désirez... Oui, Wilfried Von Kellermann a repris cette vieille bâtisse à la mort "tragique" de son ancien propriétaire qui n'avait pas eu de descendant. Il en connaît tous les secrets et a emménagé la boutique pour la rendre plus mystérieuse encore, elle était remplie d'objets, parfois les un sur les autres comme si le vide-grenier de tout Londres se déroulait là-bas. Mais tout objet avait sa place, c'était le désordre ordonné de son propriétaire et de toute façon, personne d'autre que lui n'avait à savoir tout ce qu'il y entreposait.

Le vieux lustre, accroché au plafond par de la glu perpétuelle, est porteur d'un étrange maléfice que personne n'a jamais réussi à conjurer. Il s'allume et s'éteint selon sa propre volonté. Peut-être est-ce l’œuvre de son ancien propriétaire ayant sombré dans la folie ? Seul Merlin sait ! Il arrive donc fréquemment que la boutique soit plongée dans le noir le plus complet. Dans l'obscurité, entouré d'objets douteux, succomberez-vous à la panique ou conserverez-vous votre sang-froid ? Sur la devanture, Wil avait ajouté en lettres dorées : « N'oubliez jamais : ici, le client n'est pas roi, seul le propriétaire est détenteur de tous les droits. »

Tout le monde sait que la magie noire peut se révéler de différentes manières, seulement, l'ancien propriétaire n'avait jamais ressenti le besoin de voyager pour apprendre d'autres formes de magie noires, des formes plus rares et plus douloureuses encore. Voilà pourquoi Barjow et Beurk n'était plus seulement la plus grande boutique miteuse de l'Allée des Embrumes, mais c'était surtout la seule qui comportait tout ce que les gens voulaient le plus en venant ici. Et cela dépassait souvent leurs désirs les plus fous. 

Wilfried était derrière le comptoir, là où une tapisserie qu'il avait ensorcelé contenait en réalité un coffre-fort. Il y déposait des potions, les plus dangereuses qui soit et lançait des sortilèges de protections sur eux. La petite cloche d'argent retentit et Wil se retourna un sourire sournois aux lèvres. Il déposa une petite boîte noire scellée sur le comptoir en face de lui, et dédaigna enfin à lever les yeux sur sa cliente.

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En étant proches des poisons, on créé les meilleurs remèdes

La boîte scellée que Wil avait sortie ne contenait rien et tout en même temps. C'était un Renfermeur de Sortilège. Les sorts les plus dangereux comme des malédictions étaient enfermés dans cette petite boîte d'apparence sans grand intérêt. Et ce jour-là, il avait un sortilège de métamorphose à durée déterminée à remettre à l'intérieur. Quand il leva les yeux vers la jeune femme, un petit sourire amusé se dessina sur son visage. Elle était professeur de potion à Poudlard depuis janvier dernier, ça faisait d'elle une des professeurs les plus récentes de la célèbre école de magie de Grande-Bretagne. Elle avait beau faire partie des professeurs qui étaient tout de même connus dans le monde entier pour leurs compétences et le fait qu'ils se soient battus lors de la dernière guerre. Bien qu'aujourd'hui, il n'en reste plus aucun, excepté le garde-chasse de Poudlard et la Directrice de l'école. Les nouveaux professeurs sont bien souvent d'anciens élèves désormais. Mais ils devaient se travailler et être excellents pour passer après des héros de guerre. Et pourtant, cette jeune professeur était une cliente régulière de la célèbre boutique de magie noire de l'Allée des Embrumes. C'était un petit secret bien entendu, et Wil se faisait un plaisir de le garder. Pour le moment. Il verrait bien si ça pouvait lui rapporter un jour quelque chose. Pour le moment, il n'en voyait pas l'utilité. Ce n'est pas comme si elle achetait des objets ensorcelés qui s'avéraient être mortels, non loin de là. Elle achetait principalement des potions, mais même les potions pouvaient causer bien des dégâts. Wil créait même ses propres potions grâce à des ingrédients qu'il avait emportés de ses nombreux voyages à l'étranger.

Elle le salua et Wilfried lui répondit par un signe de tête respectueux.
« Alors très chère professeur, que puis-je faire pour vous aujourd'hui ? »
Il remarqua le regard insistant de la jeune femme sur sa boîte scellée et ne souriant, il secoua la tête.
« Non, non, ce n'est sûrement pas ce que vous recherchez. Aucune sorte de potion ne tiendrait dans un espace de ce genre. Mais vous devez vous douter de cela. Alors peut-être avez-vous une autre idée en tête dans ce cas ? Seriez-vous prête à mettre votre profession en péril pour obtenir ce que vous souhaitez réellement ?
Il avait peut-être touché la corde sensible. Sa curiosité la perdra si elle ne fait pas attention. Le monde de la magie noire est vaste et pleine de tentation. Beaucoup sombraient jeunes dans ces méandres et la jeune professeur était loin d'être à l'abri de succomber à son tour. L'appel du danger, de l'obscurité, mais surtout, l'appel du pouvoir. Le pouvoir était recherché par beaucoup de gens également, c'est bien pour ça que la magie noire a été créée. Pour être supérieur aux autres, pouvoir les utiliser comme des marionnettes pour arriver à leur fin. Grâce à la peur. D'où le fait que peu de gens parvienne au pouvoir, ils ne peuvent pas aller jusqu'au bout, à cause de cela.

Le Lord était probablement le plus calé en magie noire de Grande-Bretagne de nos jours. Pendant qu'il écoutait parler la jeune sorcière, il tourna le dos au comptoir et chercha dans ses tiroirs les différentes potions qui pouvaient intéressant sa cliente régulière. C'est vrai que les potions acceptées à Poudlard étaient très restreintes. Ici, elle pouvait non seulement trouver des potions toutes faites, mais également des ingrédients ou des instructions pour que les clients les préparent eux-mêmes.        
 

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Cela faisait en effet quelques temps qu’Olivia venait jusqu’à cette boutique à la sinistre réputation. Ses recherches stagnant, elle avait fini par s’y résoudre, bien que cela ne lui coûtait pas beaucoup. Ce n’était pas comme si elle voulait nuire à quelqu’un, ni qu’elle faisait ses expériences au château, là où les dégâts pouvaient être les plus graves, avec la présence des élèves. Elle savait donc que pour l’instant, elle ne risquait pas grand chose, sa carrière n’était pas encore en grand danger. Du moins, tant qu’elle restait à la frontière du point de non-retour, et en bons termes -relatifs- avec le tenancier. Car lui seul avait le pouvoir de révéler ces petites escapades et de nuire à sa carrière, s’il le voulait. Il avait beau lui donner l’impression, sûrement fondée, d’être aussi sombre et vicieux que la magie qui l’intéressait, elle avait besoin de son aide, dans le cas présent. Cependant, elle restait encore prudente, maniant les artefacts et potions qu’elle se procurait avec le plus grand soin, et le plus grand recul mental... Sa carrière et sa réputation seraient sûrement durablement entachées si on venait à savoir qu’elle avait fini par verser complètement dans la magie noire.

La jeune femme ne répondit pas tout de suite à son interlocuteur, le laissant l’informer sur le petit coffret de bois poli. Elle hocha légèrement la tête, car oui, elle s’était bien doutée que cela n’avait pas été destiné à sa venue. Puis Von Kellermann reprit la parole, glissant quelques piques insidieuses, voire des menaces -ou mises en garde - à demi voilées. D’un geste impatient de la main, Olivia balaya toutes ces paroles agaçantes. Calmement, et masquant ses émotions parfaitement, elle lui retourna un sourire mutin.

-Allons, my Lord, vous savez bien que je ne suis ici qu’au nom de la science ! J’aimerai simplement voir ce que vous avez comme nouveauté en ce qui concerne vos potions. Mais je travaille en ce moment sur des versions améliorées de la potion de régénérescence sanguine, et à côté, une version un peu plus dure de la potion d’amnésie. Qu’est-ce que vous auriez à me proposer, en ce qui concerne ces projets ?

Olivia savait qu’elle jouait un jeu dangereux, très dangereux même, et il n’en allait pas seulement de son poste ou de sa réputation. Pour l’instant, elle n’était qu’une petite scientifique, une potionniste à la renommée naissante et à la curiosité dévorante, qui pensait encore qu’elle pouvait changer certaines choses en versant deux ou trois trucs dans un chaudron. Idéaliste qu’elle était. Mais la magie noire était comme un gigantesque calamar, une espèce d’entité aux multiples tentacules qui prenaient de cours ceux qui s’y attendaient le moins. Pour l’instant, à son niveau, les tentacules n’étaient que des filaments sombres à peine attrayants. Mais plus on s’enfonçait sur ce terrain, et plus le piège se refermait.

EN ÉTANT PROCHES DES POISONS, ON CRÉÉ LES MEILLEURS REMÈDES

Dans les tiroirs de son bureau se trouvaient les différentes malédictions à garder enfermée dans la boîte. Du moins, celles qui étaient les plus susceptibles de faire souffrir grandement les victimes. Pas le genre de malédiction pour unir une voisine qui vole la gazette du sorcier à son propriétaire... Il prit les petits rouleaux de parchemin et d'un coup baguette, il ouvrit la boîte scellée et y déposa les malédictions avant de la refermer.
La jeune femme l'assura qu'elle était toujours là pour des potions et pas pour une autre sorte de magie noire attrayante. Elle avait de la chance, il avait créé de nouvelles potions et étaient allé chercher des ingrédients assez rares pour des potions plus complexes.

« Bien évidemment. Si vous voulez bien me suivre... »

Il l'emmena à côté de l'arrière-boutique où il y avait une immense armoire en verre qui contenait des étagères remplies de potions. Wil évita toute remarqua par rapport à ce que voulait la jeune professeur de potion. Mais il trouvait cela étrange qu'une professeur de Poudlard veuille une potion qui permet de reconstituer le sang... Normalement, ce sont les infirmiers de l'hôpital qui utilise cette potion. Ce ne doit pas être le genre de potion que les élèves apprennent en cours. Mais ce n'était pas dans sa nature d'interroger les gens sur leurs motivations généralement. Sauf si le client ne sait pas exactement ce qu'il veut, à ce moment-là, il faut un minimum de détails. Il s'attarda sur l'étagère des ingrédients dans des grandes boîtes classées par fonction.  

«  En ce qui concerne la potion de régénérescence, vous pouvez ajouter un peu de cervelle de crapaud ça accélère le processus ou la remplacer par des cornes de Grapcorne réduites en poudre ce qui est très rare, donc évidemment, je l'ai quelque part dans mes tiroirs scellés ainsi que du sang de salamandre qui est un des éléments essentiels qui a des propriétés curatives et reconstituantes. Je me demande bien pourquoi ça ne figure pas dans la recette originale. Mais ne vous inquiétez pas pour les effets, ça fonctionne très bien, c'est d'ailleurs ce qu'utilise certains infirmiers japonais désormais. Et maintenant pour la potion d'amnésie renforcée, surtout n'essayez pas de doubler les doses, ça ne fera qu'empirer les choses. Et n'écoutez surtout pas ces rumeurs idiotes qui circulent comme quoi le foie de Dragon assure un effet sur la durée... C'est entièrement faux. Ajoutez plutôt deux ou trois Rosées de lune, non seulement la potion durera beaucoup plus longtemps, mais agira également en profondeur, c'est-à-dire qu'il ira jusqu'à oublier la différence entre un animal et un humain, que la planète Terre est ronde il se pourrait même, si vous ajoutez beaucoup de Rosées de lune, qu'il aille jusqu'à oublier le langage et toute l'éducation qu'un nouveau-né reçoit de ses parents. »

Il tourna alors la tête vers sa cliente pour voir si elle arrivait à suivre. Il pourrait parler de préparation de potions pendant des heures et il lui avait expliqué tout cela si vite qu'il pouvait tout de même se poser des questions.


 

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La jeune professeure de potions emboîta le pas au commerçant, prenant garde à ne rien renverser sur son passage. Les rayons étaient si chargés d’objets en tout genre qu’au moindre mouvement, elle craignait de causer une catastrophe. Ils parvinrent à la partie qui l’intéressait : l’étagère où reposaient des dizaines de fioles, remplies de liquides colorés. Son coeur s’était réjoui en en voyant de nouvelles occuper l’étalage ; Wilfried avait très certainement de nouveaux arrivages, elle n’était donc pas venue en vain.
L’homme se lança alors dans ses explications, et Olivia se hâta d’agiter sa baguette, enchantant plume et calepin pour prendre des notes. A chaque fois qu’elle venait ici, elle en apprenait davantage, et en arrivait au même constat. Ses recherches menées en Argentine étaient restées indubitablement trop scolaires. Certes, elle connaissait quelques uns des effets des ingrédients que lui citait Wilfried, mais elle conservait quelques lacunes en ce qui concernait le reste. En fait, il ne s’agissait pas des ingrédients les plus évidents à utiliser pour les potions qu’elle lui avait cité. Elle n’était donc encore pas parvenue à établir que leurs effets, combinés à ceux d’autres ingrédients, pourraient la mener au résultat attendu. C’était frustrant, et pas qu’un peu !

Cependant elle tiqua quand il lui cita le sang de salamandre. Ça, elle l’avait déjà essayé dans ses compositions, avec des résultats plutôt encourageants, d’autant que ce n’était pas un ingrédient si rare... Il demeurait un problème cependant. -Pour le sang de salamandre, c’est sans doute parce qu’il en faut en trop haute dose... Ce n’est pas un ingrédient parmi les plus rares, mais il n’est pas donné pour autant, j’imagine qu’ils ont dû trouver un substitut plus abordable pour les infirmiers et autres préparateurs... Répondit-elle immédiatement. Cela tenait plus de la remarque que d’une véritable volonté de poursuivre le dialogue, mais ce genre d’échange était toujours intéressant. D’ailleurs, les autres ingrédients qu’il cita pour la même potion lui semblaient bien plus intéressants.

La jeune femme jeta un coup d’oeil au calepin, dont les pages étaient désormais remplies de notes. En plus de prendre une bonne dose d’humilité à chacun de ses passages, elle en retirait toujours la très désagréable sensation de redevenir une élève devant un maître potionniste. Pour une titulaire comme elle, cela n’avait rien d’enviable, et c’était quelque part cette frustration qui l’empêchait d’éprouver une réelle admiration pour tout le savoir dont cet homme faisait preuve en ce qui concernait les potions. Alors qu’elle allait parcourir ses notes pour décider de quel ingrédient elle avait le plus besoin, une fiole en particulier attira son attention.

-Et celle-ci, que fait-elle ? D’après la teinte, j’aurais dit que c’était un bête philtre de paix, seulement... Elle n’alla pas au bout de sa pensée immédiatement. Certes, la teinte argentée du liquide n’était pas sans rappeler celle du philtre de paix, mais les remous qui l’agitait laissait plutôt penser qu’un ingrédient autrement plus instable avait été incorporé à la potion. Avec mille précaution, Olivia reposa la fiole, relevant un regard inquisiteur sur Wilfried.