La bouilloire se mit à siffler alors que je mettais un peu d'ordre dans mes bouquins après être revenu de ma collation du midi. J'avais pris soin d'installer, pendant les vacances, un petit réchaud dans l'un des recoins de la salle de classe pour éviter d'avoir à me rendre aux cuisines de l'école pour me faire couler un thé ; d'autant plus que le froid des couloirs durant l'hiver avait tendance à refroidir sérieusement ma mixture avant même que je ne puisse avoir le temps de revenir. J'abandonnai alors mes quelques ouvrages éparpillés sur mon pupitre en noyer pour me diriger vers le panache de vapeur s'échappant de la bouilloire en fonte. Je retirai alors celle-ci du feu et l'éteignis avant de la reposer et de m'emparer d'une boîte et de mon infuseur à thé. Je pris de la boîte une jolie poignée de feuilles de thé séché que j'insérai dans ledit infuseur. Je versai ensuite une généreuse quantité d'eau dans ma tasse jaune et noire arborant un blason des Frelons de Wimbourne puis plongeai mon infuseur à thé, le laissant tremper le temps que l'eau se teinte d'une panoplie de nuances orangées caractéristique d'un Darjeeling d'été.

Alors que je m'apprêtais à retirer mon infuseur pour porter le thé à mes lèvres, j'entendis quelqu'un tambouriner à la massive porte en bois à l'entrée de la pièce. C'était certainement le jeune Londubat que j'avais expressément convié à des cours pratiques afin que je l'aide, du mieux que je pouvais, à se débarasser de sa maladive nervosité. Je pris juste le temps de retirer l'infuseur pour éviter que mon thé soit trop fort et versai dans une seconde tasse de l'eau chaude. Je me dirigeai ensuite vers la porte et l'ouvris, laissant apparaître le minois du jeune Poufsouffle. Je lui adressai un sourire sincère en signe de détente : il semblait pour le moins nerveux à l'idée de ce cours particulier.

"Entrez donc, monsieur Londubat."

Avant même qu'il ne se décide à entrer, je retournai à mon pupitre, laissant au jeune garçon le soin de refermer la porte derrière lui. Je pris un second infuseur à thé, le remplit de feuilles de Darjeeling et le laissai tremper dans la tasse que j'avais spécialement préparée pour l'élève. Je supposais alors qu'il n'allait pas refuser une tasse de thé, surtout que celui-ci était excellent et considéré par sorciers et moldus comme le "champagne des thés". Je me retournai vers le gaillard qui ne semblait pas forcément s'être détendu, et le toisai un bref moment alors que je sirotai avec prudence le thé brûlant.

"Vos vacances se sont bien passées, j'espère ?"

Un peu de bavardage allait peut-être l'aider à se déguinder.