Novembre était déjà là et Robbie devait retrouver ce dimanche matin son nouvel ami depuis quelques semaines. Il devait se rejoindre au septième étage. Un étage que Robbie avait choisi pour ce jour sans cours pour la simple et unique raison qu'ils n'y allaient presque jamais.

Le serdaigle y avait été une fois mais seulement il s'était retrouvé dans une pièce apparue magiquement en compagnie d'un gryffondor de son année. Là, il ne comptait pas retrouver cet endroit surtout qu'il ne savait pas du tout comment le trouver.

Pourquoi le septième étage ? Parce qu'il se disait que c'était un endroit assez calme si on évitait de traîner vers la salle commune des gryffondor. Et là Robbie pensait être bien tranquille avec son camarade. Ils pourraient peut-être trouver une salle vide et y dénicher des trésors oubliés par des générations de professeurs ou d'élèves sorciers.

Robbie avait pris soin d'emmener sa baguette magique comme lorsqu'il sortait de son dortoir la plupart du temps. On ne savait jamais ce qui pouvait surgir dans les couloirs du château. Maléfices, sorts ou bien encore élèves voulant faire des mauvaises blagues. Mieux valait être armé et prêt à user de sa baguette.

Mais là Robbie attendait Eliott en haut de l'escalier dos contre le mur du couloir et ne voyait personne arriver. Il n'entendait même pas un bruit.

Robbie semblait vraiment seul au monde et c'était ce qu'il aimait aussi au château. Trouver un endroit où se ressourcer loin des autres ou avec juste une ou un ami"e".

Mais aujourd'hui ça serait exploration de l'étage pour trouver quelque chose de spécial. Robbie avait la conviction que la journée allait être merveilleuse. Et cela depuis qu'il s'était levé ce matin.

Dimanche 11 Novembre 2018, 9h30

C’était une des premières fois qu’Eliott se réveillait aussi tôt un dimanche depuis qu’il était étudiant à Poudlard. Pour lui, dimanche rimait avec grasse matinée. Mais ce matin-là, Eliott devait partir à la rencontre de son camarade de deuxième année, Robbie Newton. Celui-ci l’avait abordé à la sortie de la Grande Salle plus tôt dans la semaine et il n’avait pas pu refuser l’invitation. Même si cela voulait dire qu’il devait faire une croix sur sa matinée passée au fond de son lit.

Il était allé prendre son petit déjeuner dans une Grande Salle quasiment vide et il était retourné dans la salle commune des Poufsouffles pour y prendre son sac de cours, vidé de ses cours pour la journée. Il y mit quelques sucreries, sa baguette magique et quelques bouquins. Il avait toujours des livres au fond de son sac, soit de la littérature moldue, soit de la littérature sorcière. Et ce matin-là, il avait choisi de la littérature sorcière.

Il allait partir lorsqu’il manqua de s’étaler dans la salle commune, juste devant la sortie. Doc’, son petit chat ne voulait pas le voir partir et lui agrippait la jambe en miaulant désespérément.  Eliott prit le chétif chaton dans ses bras et celui-ci alla se caler sur ses épaules. Le jeune garçon se faisait l’effet d’un vaillant pirate avec son fidèle perroquet.

Monter tous les escaliers menant au septième étage fut bien fastidieux. Il n’avait jamais été bien sportif et manquant souvent d’endurance et cet exercice mettait ses muscles à rude épreuve. Au moins, Robbie n’aurait pas beaucoup de chemin à faire car la tour des Serdaigles était beaucoup plus proche de leur lieu de rendez-vous que la salle commune des Poufsouffles.

*C’est vrai que l’ancien, les vieilles pierres, ça a beaucoup de charme…mais sérieux, qu’est-ce que je donnerai pour avoir un ascenseur.*

Lorsqu’il passa la dernière marche, il était à bout de souffle. Il avait entendu Galahad dire que le cours de divination se passait au septième étage, ce qui lui faisait une raison supplémentaire pour ne pas suivre cette option lorsqu’il passerait en troisième année. Il prit quelques secondes pour récupérer son souffle et put enfin dire bonjour à son ami qui l’attendait au sommet des marches. Lui, devait monter toutes ces marches tous les jours, sûrement plusieurs fois par jour. Peut-être aurait-il finit par s’y habituer s’il avait dû faire ce trajet quotidiennement.

-Salut Robbie.  Comment ça va ? Moi, ne t’inquiète pas, je vais vite me remettre de mon ascension. J’ai vraiment pas l’habitude de monter jusqu’ici, surtout de si bon matin un dimanche….J’espère que tu n’es pas allergique aux poils de chat. Monsieur ne voulait pas me laisser partir à l’aventure tout seul.

Et sur ses paroles, il s’assit contre un mur et caressa son chat derrière les oreilles, provoquant un ronronnement félin. Il ne savait plus si Robbie avait un chat ou bien un hibou avec lui à Poudlard.

-Alors, tu veux faire quoi ?

Eliott sourit en entendant Robbie le qualifier de maman de remplacement.

-Ouais, un peu. Comme il a été abandonné, il fallait bien que quelqu’un s’occupe de lui. C’est le chat le plus calin que je connaisse. J’en ai d’autres à la maison qui sont plus indépendants. Lui, il était toujours dans mes jambes alors je ne pouvais pas le laisser tout seul à la maison. Tous mes animaux me manquent, mais ma famille s’occupe bien d’eux. J’ai hâte de voir tout le monde à Noel.

Il suivait son ami, se demandant où il allait l’emmener. Il le vit s’arrêter devant une porte entrouverte et s’imagina qu’ils allaient y découvrir des choses fabuleuses. Mais ce fut une déception car la pièce avait une allure de grand débarras et ne contenait que de vieux bureaux qu’il voyait grâce au sort de son ami. Il fut également surpris de découvrir que Robbie pensait ne pas maitriser le sort de lévitation. Etonnant pour un Serdaigle de ne pas maitriser un sort appris une année plus tôt. Il faudrait peut-être qu’il arrête avec les clichés et voit son ami comme un élève, et pas simplement comme un Serdaigle sensé être bon dans toutes les matières.

Quand Robbie affirma qu’il pensait que les elfes de maison pourraient venir faire le ménage, Eliott se renfrogna très visiblement. Il n’aimait pas l’habitude sorcière qui voulait qu’ils se reposent sur les elfes ou sur la magie pour les tâches domestiques. Il ne savait même pas à quoi ressemblait un elfe alors qu’un grand nombre travaillait au château.

-Ce n’est pas la peine qu’ils viennent faire le ménage ici si personne ne vient. Tu sais, je ne sais pas si on apprend des sorts domestiques à Poudlard, mais ils sont sûrement très utiles. Je trouve que les sorciers pourraient apprendre à faire certaines choses à la manière des moldus. Tous les sorciers ne vivent pas dans des zones qui leur sont réservées, comme Pré-au-lard. Avec ma famille, on vit dans une banlieue de Londres et on est la seule famille sorcière du coin, alors mes parents doivent faire très attention avec la magie. T’imagine si un voisin voyait ma mère en train de jeter un sort pour nettoyer ou pour faire la cuisine ? Il faudrait faire venir des gens pour leur effacer la mémoire et ça fait beaucoup de papier à remplir. Ils ont dû venir une fois quand Archie était petit, avant ma naissance, car il avait fait de la magie accidentelle devant les voisins. D’ailleurs, tu connais sûrement mon frère Archibald, il est en septième année dans ta maison. Par contre, c’est clair que les elfes à Poudlard sont de supers bons cuistots !

Quand Robbie lui demanda ce qu’ils pourraient faire, Eliott décida d’aller un peu plus loin dans la pièce et ouvrit un des bureaux. Il contenait quelques babioles qu’il posa et s’entraina à les faire léviter, plus ou moins efficacement avant de les ranger à leur place.

-Il y a peut-être des objets intéressants à découvrir dans la pièce, tu ne crois pas ? On pourrait chercher un peu ici ?

Et il se dirigea vers un autre bureau avec l’intention de l’ouvrir également.

-C’est dommage qu’on ne puisse pas faire de magie à la maison. On ne peut pas s’entrainer pendant les vacances à lancer des sorts. Mais c’est sûrement plus sûr, surtout si on nous voit ou que le sort rate. Bon franchement, je n’ai pas encore vu d’elfe ici, mais s’ils n’étaient pas contents, ils le feraient sans doute savoir.

Cela dit, Eliott en doutait. Une de ses tantes sorcière avait suggéré à ses parents de prendre un elfe de maison et il avait vu son père s’y opposer vivement, presque avec colère, en déclarant que les cochons voleraient le jour où il y aurait un esclave chez lui. Eliott n’y connaissait pas grand-chose sur les elfes de maison, mais sa mère avait eu l’air moins choquée que son père. Sans doute que c’était l’éducation moldue de son père qui parlait et qu’avoir un elfe de maison était tout à fait normal pour une famille de sorciers.

Il était sans doute un peu trop jeune pour comprendre toutes les subtilités du langage des adultes.

Il fouilla dans un autre bureau et n’y trouva rien de particulier, que des babioles sans intérêt ou dans un état discutable. Il se retourna quand Robbie lui parla.

-Non, j’ai rien trouvé de particulier dans ce bureau-là. C’est quoi comme livre ?

Il le regarda dans les mains de Robbie et ses yeux s’agrandirent. Le livre qu’il tenait était tout simplement son livre préféré de tous les temps, son livre de chevet depuis qu’il savait lire.

-Trop cool ! S’exclama-t-il. Je peux regarder ? C’est mon livre préféré.

Il le manipula doucement et l’ouvrit pour regarder la date de publication et d’impression. Malheureusement, ce n’était pas, comme il l’espérait, une première édition de ce livre. Dommage. Il n’était pas en très bon état, mais vu son ancienneté, il aurait pu être dans un état bien pire. Il le redonna délicatement à Robbie.

-Ça aurait été génial si ça avait été une première édition ou s’il avait carrément été dédicacé par l’auteur. Norbert Dragonneau, c’était vraiment une personne que j’aurais aimé connaître.

Il décida de regarder dans d’autres bureaux. La plupart était vide ou contenait des objets sans aucun intérêt. L’un d’eux, par contre, était rempli d’une multitude de plumes toutes plus jolies les unes que les autres. Eliott appréciait peu d’écrire à la plume, préférant les stylos billes qu’il utilisait à l’école moldue. Mais en bougeant un peu les plumes, il aperçut un éclat métallique. Il poussa donc les outils d’écriture et découvrit un pendentif. C’était un de ces bijoux que l’on pouvait ouvrir pour y insérer deux minuscules photographies à l’intérieur. Eliott essaya de l’ouvrir mais l’ouverture était rouillée par les années.

-J’arrive pas à l’ouvrir et je ne connais pas encore de sort pour le faire avec la magie. Peut-être que toi si, dit-il en lui tendant le pendentif par la chainette argentée.

Alors qu’il montrait le pendentif à Robbie, celui-ci lui montra un vieux parchemin froissé sur lequel il distinguait le sceau du ministère. Si le Ministère de la Magie était impliqué, ça devait être important. Pour autant, les noms notés ne lui disaient rien et il n’y avait aucune indication pour les aider à comprendre ce document qui resterait probablement bien mystérieux à leurs yeux.

-J’vois pas trop ce que ça peut être.

Si le parchemin était dans un tel état, peut-être que ce n’était pas si important que ça. Un document qui est important, on le conserve, on ne le laisse pas se froisser dans un bureau. Enfin, Robbie s’intéressa au pendentif mais déclara que c’était un bijou de fille, ce qui voulait sans doute dire qu’il n’y trouvait donc pas beaucoup d’intérêt. La maman d’Eliott lui avait appris à rarement dire qu’une chose ou une autre était pour fille ou pour garçon. Les sorciers portaient bien tous  des robes alors qu’elles étaient réservées aux femmes chez les moldues. Certes, celles des sorciers étaient presque exclusivement noires, mais c’étaient tout de même des robes. Et ne parlons pas des robes de soirées.

Quand Robbie lui parla du sortilège Alohomora, il se sentit bête. Il avait étudié ce sort au début de l’année, mais n’y avait pas du tout pensé, car il l’associait à l’ouverture de porte et pas à celle d’objet de ce genre. Peut-être qu’il fonctionnerait et qu’il verrait ce qui se cachait en son sein.

-J’vais essayer, dit-il en sortant sa baguette. Il posa le pendentif sur un bureau proche. Alohomora ! Lança t-il en faisant un mouvement de baguette appliqué.

Un petit « Clic » se fit entendre, preuve que le sort avait fonctionné. Eliott était impressionné d’avoir réussi du premier coup et il s’empressa de regarder ce qu’il avait découvert. Comme il s’y attendait, il  y avait bien deux petites photos. Des photos sorcières en noir et blanc dont les deux personnes représentées (un adolescent arborant un uniforme orné d’un blason de Serdaigle d’un côté, et une femme adulte de l’autre, souriaient en s’agitant dans leur petit espace. Les photos semblaient aussi vieilles que le pendentif et elles étaient un peu ternes.

-Il y avait ça à l’intérieur.  Ça a l’air vachement vieux.

Il donna le pendentif à son ami et examina plus de près le parchemin.

-Tu crois qu’ils auraient pu utiliser de l’encre magique…enfin, pas magique comme les sorciers…mais comme les moldues. C’est de l’encre que quand tu écris, ça devient invisible et il faut que le papier soit chauffé pour que ce qui est écrit apparaisse. Il faut de la lumière du soleil. Faudrait peut-être essayer.

Il avait vu ça dans un film d’espionnage avec des enfants quand il était chez son grand-père moldu qui était un grand cinéphile.

-Ou bien une formule qui fasse apparaitre ce qui est caché. Même si ça doit être vachement dur.

Eliott écoutait Robbie parler quand il sentit son ventre grogner. Il avait déjà faim ? Pourtant il venait à peine de prendre son petit-déjeuner. Il consulta alors discrètement sa montre et constata avec surprise que le temps avait filé à toute vitesse. Il était déjà presque midi ! Il n’y avait donc rien d’étonnant à ce que son ventre crie famine.

-Je ne connais pas ce sort…et si toi tu ne l’as pas encore appris à l’école, je pense bien qu’aucun de nous deux arrivera à faire quelque chose de ce parchemin. Ce n’est probablement rien d’intéressant. Un brouillon, comme tu dis.

Eli n’avait pas l’habitude d’abandonner aussi vite, mais là, c’était différent, il avait faim. Et la faim primait sur la curiosité chez le petit Poufsouffle.

-On va manger ? On pourra revenir ici plus tard. Ou ailleurs.

Robbie acquiesça et alla poser le parchemin dans un bureau ouvert.

-Dis ? Est-ce que je peux garder le livre ? Ça me plairait bien d’avoir plusieurs éditions de celui-là, comme c’est mon préféré. Je pourrais demander à la bibliothécaire de le réparer, elle en est sûrement capable.

Il savait bien que ce livre n’intéressait pas tellement son ami et qu’il serait, comme sûrement tous les Serdaigles, sensible au fait de collectionner des livres. La chambre d’Archie, à la maison, était remplie de piles de livres posées ça et là, car ses bibliothèques étaient toutes pleines à craquer. Robbie lui tendit le vieil ouvrage et ils sortirent de la pièce, direction La Grande Salle.