9 Juin 2022.

Cher journal,

Les examens viennent de se terminer. Je ressens un mélange de sérénité et d'anxiété. Si je ne suis pas sûr pour tos, je suis certaine d'avoir bien réussi la plupart des examens et c'est un soulagement de les savoir fini. Nous pouvons à présent profiter de quelques semaines plus ou moins reposantes car les quelques cours qui nous restent seront plutôt assez détendus à présent que les examens sont passés. Mais si je commence un journal, c'est pour étaler mes pensées, mes interrogations, mes inquiétudes sur ma vie.  Oh bien sûr, il y a Arya, il y a aussi Persia, mais je ne veux pas davantage les préoccuper avec mes problèmes surtout qu'elles ont leur propre mariage à penser et à finir de préparer. Mariage. Ce simple mot créé en moi des sentimentrs si diverses et contradictoires. Je ne peux m'empêcher d'avoir peur. Peur de l'inconnu? Pourtant je n'ai jamais eu peur d'un défi quelconque. Mon estomac fait des noeuds rien qu'en y pensant... Je ne sais toujours pas quoi penser de tout cela. Certes, un petit pas en avant a été effectué lors de cette discussion que nous avons euu dans le parc, mais il me reste beaucoup trop d'interrogations en tête pour connaître exactement mon ressenti. Quand j'y pense, j'ai une appréhension qui se noue au fond de moi. Et pourtant, de l'autre côté, il y a un autre sentiment que je ne veux même pas analyser ou que j'ai peur d'analyser. La peur de souffrir est bien plus grande que l'impatience de ne plus être Freyja Macnair mais Freyja Yaxley. Et là, ma plume s'arrête au-dessus du parchemin, et je contemple les mots que je viens d'écrire. Ca fait bizarre, trop bizarre, je suis tellement habituée à lire mon prénom rattaché à la famille Macnair bien que techniquement je resterai toujours une Macnair. Oui j'avoue, c'est trop pour moi ce soir... J'angoisse et en même temps pourquoi y a t-il en moi cette drôle de sensation qui aime la vue de mon futur nom de famille attaché à mon prénom. Je crois que je vais devoir arrêter d'écrire pour ce soir car je ne sais plus quoi penser correctement. Je ne peux plus écrire et j'ai l'impression d'étouffer soudainement, ce doit être une bouffée d'angoisse qui m'assaille. Mes pensées vont en tous sens et mes émotions sont sens dessus dessous elles aussi. J'ai besoin d'aller prendre un bon bol d'air dehors et je vais en profiter que ce ne soit pas encore le couvre-feu pour y aller maintenant.

A plus tard.

11 Juin 2022.

Cher journal,

Prendre l'air dehors m'a fait du bien l'autre jour quand j'ai dû interrompre mon écriture.  Je n'ai toujours pas résolu mon angoisse grandissante vis-à-vis de mon précédent message et j'ai encore bien trop de questions sur Keylian pour pouvoir apaiser ces inquiétudes dans les prochains jours ou même semaines, mais je dois te confier quelque chose.  J'en ai même oublié de t'en parler hier soir.

Je dois absolument te parler de l'épreuve d'examen de défenses contre les forces du mal. Tu sais que cette chère Amélia nous a concocté une très intéressante épreuve pratique? Enfin, intéressante, la première était très interessante... J'avoue que pour le seconde j'ai été bien pris au dépourvu pendant quelques secondes mais je crois avoir été capable de me reprendre assez vite et de recouvrer rapidement mes esprits. Mais devine donc! La seconde partie était un duel! Et devine avec qui j'ai été mis en paire! … Keylian... Le professeur Blake a un sacré sens de l'humour tu ne trouves pas ? Elle aurait pu me mettre avec n'importe qui d'autre mais non!  A la fin de l'examen, j'ai appris que je n'avais pas été la seule dans ce cas. Visiblement, elle avait réuni pour ce duel plusieurs couples, futurs couples bien que le mot couple me paraît bizarre encore à l'oreille. Je ne saurai même pas dire ce que nous sommes vraiment à vrai dire. D'accord, le mot “mariage” plane de plus en plus proche de nos têtes, mais je ne sais toujours pas quoi en penser. Et puis, un moment il semble doux et attentionné envers moi, et un autre il y a toutes ces choses que j'entends  sur son compte dans le château... Et oui, les ados ça parle, ça parle ça adore les gossips donc j'en entends sûrement bien trop que ce que je ne voudrai. Ca me frustre oui et un niveau que tu n'imagines même pas.  

Je crois que j'avais bien besoin d'un journal intime pour me défouler d'une certaine façon parce que je n'imagine pas aller tout déverser ceci sur mes amies. Je sais qu'elles ont un soutien indéfectible pour moi mais je ne veux pas les ennuyer. De plus, que pourraient-elles y faire ? En tous cas, j'écris, j'écris et je n'ai toujours pas abordé ce que je voulais aborder. Lors de l'épreuve du duel, j'ai eu une étrange sensation. Pendant ces quelques secondes où nos regards se sont croisés alors qu'il était immobilisé par mon sort. C'était bizarre. D'ailleurs j'aurai pu tout aussi bien recevoir un sort de stupéfixion car je n'ai pas non pu bouger pendant ce laps de temps. Le temps avait semblé s'être arrêté et je ne sais pas pourquoi, j'ai eu l'impression qu'il me regardait comme si c'était la première fois et qu'il me découvrait tout juste. C'était bizarre et n'importe quoi parce qu'on se connaît quand même depuis des années!  J'avais été incapable de bouger et à la dernière seconde je crus bien que j'allais amorcer un mouvement vers l'avant pour aller à sa rencontre. Pendant une fraction de seconde, j'en eus envie oui. Et puis le mur s'est remis à bouger et à remonter doucement mais sûrement... J'avais plissé les yeux avec l'impression que ses lèvres avaient bougé comme s'il essayait de dire quelque chose mais je fus bien incapable de dire ce que c'était. Je ne voyais en plus pas du tout de quoi il s'agissait. Pourquoi ne pas parler normalement après tout, à voix haute, comme tout le monde? Quand je me retrouvais seule dans ma chambre  à nouveau, je ne savais plus du tout quoi penser et réalisais que cette confrontation m'avait bien plus secouée que je n'avais bien voulu le montrer. Je m'étais montrée forte, fière, comme d'habitude. C'était un examen, il fallait que je réussisse. C'était le plus important. Mais au fond de moi, j'en tremblais encore.

Mais je crois que quelqu'un remonte dans les dortoirs. Ce doit être Arya ou Persia. Je te reparlerai demain. En tous cas, ça m'a fait beaucoup de bien de pouvoir étaler ces “quelques phrases” dans ce cahier. Je ne me sens pas le moins du monde libérée mais je me sens un peu mieux.

A plus tard,

Hier soir j'ai fais un cauchemar horrible, mais vraiment horrible et j'y pense encore en écrivant ces mots. J'ai les images qui défilent dans la tête encore à présent. Ca faisait quelques temps que je n'y avais pas rêvé à nouveau et j'en suis tellement secouée. Au beau milieu de la nuit je me suis réveillée en sursaut en me rendant compte que j'étais en sueur et que j'avais même pleuré dans mon sommeil... Mais ce rêve avait si bien commencé pourtant et puis ça a viré au cauchemar en un instant. J'ai revu maman. Elle était là, chez nous, dans le jardin à nous lire une histoire à moi et à Loki. J'étais toute petite encore, je n'avais pas plus de dix ans. Nous nous s'asseyions souvent dehors dans l'herbe les jours de beau temps. Elle était si belle maman avec ses cheveux blonds comme les blés et son regard gris si intense fixés sur nous, et ce sourire qui donnait du baume au coeur; d'un seul regard elle nous enveloppait avec tendresse et amour. Elle était prête à tout pour nous. Nous étions comme la prunelle de ses yeux et ça se voyait. Et puis elle s'est penchée et m'a serrée dans ses bras et c'est comme si que j'avais retrouvé ma place dans l'univers. Le pire, c'était que j'avais vraiment l'impression qu'elle était là, que ce n'était pas un rêve. Son rire résonnait avec tant de réalisme dans mon esprit, tel qu'il avait toujours été. Et puis sa voix... C'est bizarre j'ai l'impression que je l'avais un peu oublié, que j'en avais oublié quelques-unes de ses sonorités et quelque part je m'en veux un peu. Comment ai-je pu oublier? Ces souvenirs étaient si précieux pour moi, et le temps a déjà commencé à les alterrer. Je ne veux pas oublier. J'avais même oublié comment le coin de ses yeux se plissent un peu quand elle rigole. Elle était tellement heureuse quand elle était avec nous et sous le soleil d'été ses cheveux brillaient tant qu'on aurait dit un soleil autour duquel on gravitait. Etre avec nous: je crois qu'il n'y avait rien d'autre qui ne la rendait plus heureuse. C'était sa façon de supporter son quotidien et notre père si sectaire et rigide que ce soit envers nous ou sa femme.  J'ai peur d'être destinée au même destin, être enchaînée à un homme qui n'est pas capable de m'aimer vraiment pour moi mais seulement pour les héritiers que je lui donnerai. C'est bizarre, je me sens quelque part libre de me confier sur tout et n'importe quoi dans ces pages. Je n'imaginais pas que ce serait tant libérateur.

Pour en revenir à ce rêve, alors que j'étais submergée par cette aura de serenité et de bonheur que me causait la présence de maman près de moi, l'atmosphère devint soudain plus sombre. Je sentis comme un frisson comme si l'air avait soudain glacé et soudain je me retrouvais toute seule. Le décor était bien plus sombre qu'avant mais je ne reconnaissais plus le jardin. Ma mère se tenait un peu plus loin, debout face à quelqu'un dont je ne pouvais voir ni le profil ou entendre la voix. J'eus un pressentiment. J'avais déjà vu ça. J'avais déjà assisté à ça et je courais pour essayer de la prévenir. Puis avant même que je l'ais atteint, dans un éclair de lumière que j'avais longtemps cru être de l'orage, je la vis tomber et avec ça j'accélérai l'allure encore un peu, me mettant à courir pour arriver près d'elle. Ca n'allait pas recommencer. Non, ça n'allait pas recommencer. J'avais déjà assisté à ça. Je l'avais déjà vu et à nouveau j'en tremblais comme une feuille. Une  douleur lancinante sembla me traverser de part en part. Avant même d'avoir le temps d'arriver près d'elle, je me réveillais en sursaut et réalisais que j'étais en larmes. Je ne m'en était même pas rendue compte et les images du cauchemar que je venais de vivre hantaient encore mon esprit et j'avais de la peine de la respirer. Si j'ai crié dans mon sommeil, j'espérais que non en tous cas. Mais les images étaient si saisissantes de réalisme, ça ne ressemblait pas à un rêve... Cela faisait quelques temps que je n'avais pas rêvé de ça. Pourquoi aujourd'hui? Qu'essaie t-on de me faire comprendre en me renvoyant cette vision? Je n'avais pas envie d'y repenser. La spirale infernale dans laquelle je m'étais trouvée il y a un an et demi, je ne voulais plus m'y retrouver. J'avais bloqué cette vision pour une raison précise. Mais il y avait une chose nouvelle dans cette vision, quelque chose que je n'avais pas remarqué la première fois... Cet éclair... D'où venait-il? Il m'avait semblé pas comme un éclair normal, et de teinte plus verte que blanche contrairement à ce que j'avais pensé la première fois.  J'essayais de me souvenir exactement de ce que père nous avais dit. N'avait-il pas dit que mère avait été tuée par une arme blanche ? Pourquoi y avait-il un éclair ? Quel était-il ? Je ne comprenais pas, à moins que quelqu'un ait menti et très franchement ça ne m'étonnerait pas de père...

Je ne sais pas quoi en penser, et en même temps je m'angoisse que ce que nous ayons cru être pendant presque deux ans n'ait été que pure invention. Et si la vérité était pire que ce que nous croyions ?

2 Juillet 2022.

Cher journal,

Ca y est, j'ai déposé ma grosse valise de Poudlard dans le hall hier. Ca m'a fait bizarre de revenir dans le manoir depuis l'été dernier... Et oui, car même à Noël j'en avais été incapable. Rien qu'à penser aux souvenirs de mère préparant Noël avec nous dans la maison cela m'était tout simplement impossible. Je me souviens même des petits biscuits de pain d'épices qu'elle préparait avec nous quand nous étions enfants et ce seul souvenir me fait remonter des vagues de mélancolie. Alors non, je n'avais pas voulu rentrer à Noël l'an dernier... Et aujourd'hui, même après neuf mois loin de ce manoir, dès en entrant dans la maison j'ai senti comme ce poids s'abattre sur mes épaules et le souvenir de ma mère s'est imposée à mon esprit ainsi que tout cet amour qu'elle nous avait donné et qui nous a bercé jusqu'à sa mort.

Depuis que j'ai remis les pieds ici hier soir, je ne suis pas encore redescendu en bas. Enfin, à part dans la salle à manger où j'ai pris le dîner hier soir, mais même les dîners sont si différents sans maman. Papa ne prends même pas le temps de savoir comment s'est passé notre année. Enfin, à part pour nos résultats scolaires et nos examens. Il a pris des nouvelles de mes amis vite fait, très vite fait. Arya et Persia mais sans plus. Il a d'ailleurs mentionné leur mariage prochain. Il n'a pas mentionné le mien, je ne sais pas comment j'aurai réagi … Déjà que ça me pèse tellement sur l'estomac rien qu'en y pensant. Les filles ne sont qu'une marchandises, un moyen de faire une bonne alliance avec lui. Tu parles, en même temps ça ne m'étonnes pas quand on sait quelle place importante a Mr Yaxley au sein du ministère. Je prends sur moi à chaque repas, j'essaie de faire semblant d'être aimable, respectueuse mais c'est tellement dur. Presqu'aussi dur que de voir Keylian courir les filles à Poudlard et je me rends compte de plus en plus que j'en suis de plus en plus frustrée.  Frustrée ? Pour ne pas dire plus que ça. Mais ne parlons pas de ça, ce sont les vacances. Les absences à la maison sont tristes. Je passe mes après-midis à jouer au piano les mélodies préférées de mère qu'elle aimait tant. J'ai l'impression que ça mets un peu de joie à la maison, une joie à présent inexistante... Surtout que je n'arrive pas à oublier ce rêve que j'ai fait de maman l'autre jour où je la revoyais se faire tuer... Et cet éclair vert de lumière qui ne cesse de hanter mes rêves. Je ne sais pas comment je ne l'avais pas remarqué la première fois que j'en eu la vision. C'est sûrement dû au choc que j'ai ressenti quand je l'ai eu la première fois. Je dois absolument en parler à Loki.

En tous cas, l'absence de mère est profondément marquée dans ce manoir. Dans chaque pierre, chaque portrait, chaque objet... J'aime beaucoup cette maison, cette chambre qui est mon sanctuaire mais j'ai parfois envie de m'en échapper. Mais pour aller où? Non, soyons réaliste, je dois rester patiente et forte. Je dois rester ici... Jusqu'à ce que du moins ce soit à mon tour de prendre mon envol. Bien que mon mariage soit encore loin, c'est très certainement ma meilleure chance d'échapper à cette maison qui a pourtant été très importante pour moi. Je me dis que ça peut être quand même une bonne chose car alors je ne serai plus obligée de vivre ici avec mon père car il m'est de plus en plus impossible de le supporter. Et je me dis que peut-être, (et ce n'est qu'une hypothèse) que peut-être notre mère aurait pu vouloir le quitter et cela aurait conduit à sa mort... Enfin, j'extrapole là peut-être ? Même si, en y réfléchissant, ce ne serait pas illogique. Mère n'était pas heureuse avec père, ça se voyait. Nous étions la seule glue qui maintenait encore son mariage en place mais peut-être qu'elle avait fini par en avoir assez? Et tous cas, en ce qui me concerne, quelque part j'ai hâte de pouvoir prendre mon envol moi aussi même si ce n'est pas pour tout de suite et que j'angoisse encore beaucoup trop à ce sujet.

Ca fait deux-trois nuits que je me lève vers les trois heures du matin et que je rédige un brouillon de lettre pour envoyer à Keylian. Depuis notre rencontre dans le parc je n'arrête pas de penser à notre discussion. Plus j'y pense, et plus ça se mélange en moi-même et plus je n'arrive même plus à penser. Je me suis recouchée une heure plus tard sans m'être décidée à envoyer cette lettre et encore maintenant je ne sais pas quoi faire avec. Je crois que je vais la déchirer et recommencer un autre brouillon. Il me faudra sûrement plusieurs essais avant d'être satisfaite. L'enverrai-je? Ne l'enverrai-je pas ? Je ne sais pas quoi faire. J'ai l'impression de ne pas savoir quoi faire et à quoi m'attendre avec lui! La confiance en moi dont je me sentais investie ce jour-là au parc quand je lui ai franchement dit ce que je pensais a fondu comme neige au soleil avec l'arrivée des vacances d'été et je ne sais plus quoi penser.

Sur une note plus joyeuse, je commence à préparer mon sac pour aller en Espagne. On va passer trois jours dans la ville Espagnole des Nott pour l'enterrement de vie de jeune fille d'Arya et je suis TELLEMENT excitée d'y être. Ca va être si rafraichissant et revigorant d'être un peu hors du pays. Se détendre, ne plus penser à rien, et simplement apprécier le soleil d'Espagne. Il y a une piscine, et puis j'espère pouvoir m'acheter quelques nouvelles robes à la mode Espagnole durant ces trois jours. Nos discussions entre filles m'avait un peu manqué car je me rends compte que récemment je me suis un peu renfermée sur moi-même, n'osant exprimer exactement ce que je ressens sur certaines pensées omniprésentes dans mon esprit. Je ne sais pas pourquoi, j'ai probablement peur de les exprimer à haute voix, peur de les rendre plus réelles... Et de m'en brûler les ailes.

Sur ce, je dois aller continuer de faire ma valise pour l'Espagne donc je vais m'arrêter d'écrire un peu. Je reprendrai peut-être la plume plus tard.  Ca me fait vraiment du bien d'écrire toutes mes pensées dans ces pages.

30 Août 2022.

Cher journal, beaucoup de choses se sont passées durant cet été. Des bonnes comme des mauvaises. Beaucoup de choses se sont passées dont je ne sais même pas comment les écrire. Ma dernière entrée date du début des vacances; je n'ai soit pas eu suffisamment de temps pour revenir écrire durant ces deux mois, soit un manque de motivation induit par certains évènements dont je vais te parler...

Je ne sais même pas qu'en penser moi-même et à mesure que le 1er septembre approche, je ressens cette énorme boule d'anxiété dans mon ventre. Je n'ai rien pu avaler hier soir au diner à cause de ça. Père ne s'en est pas rendu compte évidemment. Il ne se rends compte de rien concernant ses enfants et encore moins moi. J'ai mangé du bout des lèvres pour ne pas inquiéter Loki et j'ai filé le plus rapidement possible dans ma chambre.

Pour commencer par le début, l'Espagne c'était juste énorme. Absolument magnifique et j'espère tant pouvoir y retourner un jour ! J'ai aussi rencontré Keylian sur le chemin de Traverse quelques jours avant de partir en Espagne et je dois avouer avoir passé un très agréable moment (heureusement que ce n'est qu'un journal intime et qu'il ne peut pas la voir rougir !), ensuite il y a eu le mariage d'Arya et Céliano. Absolument magnifique. Très réussi. J'ai même fait un petit discours aux mariés durant le vin d'honneur. L'amitié d'Arya m'a été si précieuse ces dernières années qu'il me fallait bien au moins lui faire ce petit cadeau de remerciement. Passé le mariage, la fin du mois de juillet s'est passé tranquillement. J'ai passé beaucoup de temps à lire, à faire du cheval et à profiter du soleil dans le parc des Macnair.

Le mois d'Août est arrivé, et en  même temps qu'un temps relativement plus frais, il a aussi apporté son lot de mauvaises surprises... Enfin, une en particulier qui m'a écrasée de tout son poids. La confiance que j'avais réussi à bâtir a volé en éclat en l'espace de trois secondes le temps qu'Arya m'annonce que Keylian lui avait dit pendant l'été avoir mis une fille enceinte de l'école ! Evidemment, ma première question a été avec qui... Mon crayon se mets à trembler à nouveau alors que la rage me saisit tandis que j'écris ces mots. Je suis incapable de continuer. Je suis incapable d'écrire son nom dans mon journal, je suis incapable de souiller les pages de mon cahier du nom impur de cette petite princesse niaise et stupide qui ne possède aucune forme d'intelligence quelle qu'elle soit. Je crois que j'ai tellement pleuré  le jour même que je n'ai plus aucune larmes en moi. Je ne ressens même plus rien du tout. Je suis tout simplement vide, vide de toutes émotions. J'étais tellement en colère, mais tout ceci s'est remplacé par une froide déception. En tous cas ce sentiment de trahison ne m'a plus quitté depuis le jour où Arya m'a annoncé la nouvelle. Le pire de tout, c'est qu'il a été in-ca-pa-ble de me le dire lui-même !  Quand je pense à tout ce qu'on s'est dit au chemin de traverse en juillet, je me dis que c'est sûrement la personne la plus hypocrite que la Terre puisse porter... Je me demande même s'il est vraiment capable d'être sincère et de ne pas se voir comme l'unique nombril du monde. Je n'arrive pas à comprendre comment on peut être ainsi fait. J'ai essayé de comprendre, j'ai voulu comprendre... Mais j'avoue avoir perdu tout le courage de continuer à essayer de le comprendre. Je ne sais plus quoi penser et à deux jours de la rentrée scolaire je ne suis pas du tout prête à le revoir... J'ai peur de mes propres réactions. Je ne suis pas prête du tout. Qu'est-ce que je vais lui dire? Il est hors de question de cacher le fait que je sache. Je ne me sens pas prête du tout à écouter ses arguments totalement insipides. Je suis en plein en doute, en pleine confusion. Je ne sais pas si cette confiance qui avait mis du temps à se construire n'est pas réduite à jamais à zéro.

D'ici deux jours, c'est la rentrée... Je dois me concentrer sur mes études. Je rentre dans un cursus de médicomagie pour faire psychomage. Je vise l'obtention d'un MagiFa qui est un diplôme sur trois ans déjà. Potentiellement, je viserai ensuite plus haut mais je vais d'abord essayer d'aller au bout de ces trois premières années. Le début de la première ne commence déjà pas très fort...

Journal.

12 Septembre.

Cela fait deux semaines que les cours ont repris. Tu ne peux pas savoir comme je les ais trouvés affreusement longs. La mauvaise nouvelle apportée fin Août m'a apporté un important désarroi et contrariété et m'a aussi fait découvrir une émotion que je n'avais pas soupçonné jusque là. C'est la jalousie. Tu te rends compte ? Moi, de la jalousie ? Non c'est fou, moi jalouse d'une stupide sang-mêlée, aussi insignifiante qu'un vermisseau tu te rends compte ?! La déception qui accapare tout mon être était tellement étouffante que je ne savais pas comment la gérer. Le saurai-je un jour vraiment ? Comment apprendre à le gérer ? Est-ce que ce sentiment peut s'évanouir au fil du temps ? Cela me semble tellement incertain pour le moment... Quand je te dis que je suis revenue à Poudlard contre mon gré, c'est réellement à reculons que j'ai passé les portes de la Grande Salle. Je n'avais aucune envie de faire face à Keylian de nouveau. C'était au-dessus de mes forces.  

J'ai fais la connaissance d'une jeune fille. Une Serdaigle. Elle n'a que quinze ans mais sa mentalité n'est clairement pas celle d'une fille sans cervelle de cet âge normalement bête et ingrat. J'ai beaucoup aimé parler avec elle. Je pense que nous pourrions nous entendre... Dommage que ses origines ne soient pas aussi pure que les miennes mais pour une fille de son rang, j'ai bien été surprit de l'apprécier autant. Le seul hic, c'est qu'elle parle un peu trop... Mais au moins elle a l'air de réfléchir beaucoup. Ça change beaucoup de certaines et j'apprécie les gens qui savent réfléchir. Elle pose beaucoup de questions pertinentes et cherche à apprendre. Elle ne cherche pas non plus à juger selon les apparences ou selon des coutumes qui ne sont pas propres à ses origines.

Elle nous a fait faire une expérience avec une pierre. C'était intéressant, et ça a servi à me libérer un tant soit peu d'une partie de ce qui était contenu en moi,  mais cette pierre n'était définitivement pas assez grosse.  Elle nous a explosé à la figure. Même moi à l'instant où ça a explosé, je n'imaginais pas avoir autant de ressentiments caché au fond de moi... Ça a été une expérience très enrichissante mine de rien. Suite à cela, je crois que je me suis sentie un peu mieux mais j'avais toujours un peu de mal à y voir un peu plus clair dans la décision adéquate à prendre. Et le soir en me retrouvant seule dans mon lit, je crois que l'indécision et l'amertume m'a de nouveau envahie alors que j'étais seule avec mes pensées. Pourtant, je crois avoir pris une décision ce soir-là. Je n'avais plus envie de fuir. Il fallait que je trouve une opportunité afin de confronter Keylian. Ce n'est pas à moi de fuir, je ne fuirai donc plus.  

Il faut que je te dise qui j'ai revu aussi ! Tu ne vas pas le croire. Hélios ici à Poudlard ! Il fait ses études à Beaubâtons en France mais est venu à Poudlard cette année avec la délégation de Beaubâtons pour le tournoi. C'est lui qui m'a trouvée dans le parc. J'aurai appris sa venue si j'étais restée plus longtemps que dix minutes dans la Grande Salle le jour de la rentrée, mais je m'en sentais incapable alors j'ai raté son arrivée. Quoiqu'il en soit, je n'ai aucun intérêt pour le tournoi cette année mais j'espère quand même que s'il est choisi par la Coupe des 3 sorciers, il fera bien attention durant les épreuves. Je ne veux pas le perdre à son tour. Nous avons eu assez du deuil de maman dans la famille. D'ailleurs, j'ai toujours mes doutes concernant l'innocence de père dans cette affaire...

Demain il faut que je trouve un moyen d'accoster Keylian... Enfin, dans la semaine. Je me donne une semaine pour trouver un moyen de lui parler. Ne serait-ce que pour qu'il comprenne que ses actes égoïstes ont eu bien plus de conséquences que ce qu'il imagine.

Cher journal,

29 Octobre.

Depuis que je suis rentrée de notre rendez-vous avec Keylian, je me sens étrange, comme si je planais à cinq mille lieux au-dessus de la Terre. Plusieurs fois hier soir avant de m'endormir, je n'ai pas pu m'empêcher de regarder encore et encore la bague qu'il m'a offert. Cette pierre d'onyx m'envoûte littéralement, elle m'aspire en spirale à l'intérieur d'elle. Elle me fait ressentir des choses que je n'avais encore jamais ressenti. Elle me coupe le souffle. C'est bizarre. Cela fait des années que sur le papier ce mariage est  conclu, mais c'est comme si j'avais l'impression qu'on était officiellement fiancés depuis hier soir. Je ne l'ai pas encore montrée à Arya ni Queenie. Je crois que je voulais la garder pour moi toute seule ce soir...  Demain sera un nouveau jour. Elle n'enlève pas ce qui s'est passé, elle ne l'effacera jamais mais j'aime à penser que ce n'est pas juste une bague, qu'elle a bien une signification derrière. Qu'il ne m'a pas donné cette bague juste pas qu'il s'est senti obligé. Je n'arrive plus à penser correctement chaque fois que je pose les yeux sur cette pierre qui semble aspirer toute ma volonté. Mon cœur bâts encore la chamade rien qu'en se souvenant du moment où il me l'a donné. Je dois dire que je ne m'y attendais pas. Je suis restée comme  hypnotisée à observer la petite boîte, le souffle soudainement coupée et les larmes manquant de déborder rien qu'en ayant posé les yeux dessus. Queenie se serait moquée de moi, j'en suis sûre ! En tous cas, moi je l'aurai fait si j'avais encore été capable de réfléchir. Pourtant, une bague ne peut pas tout changer. Elle ne peut pas. Et je ne lui ai toujours pas pardonné, je le sais au fond de moi,  il a encore du chemin à faire. Pourtant, sans que je le sache, cette bague a su réchauffer mon cœur en sa faveur. Il a quand même fait l'effort d'en acheter une … Dans le but de se faire pardonner. Je serai aussi insensible qu'Adrian si je disais que cela ne me faisait rien, n'est-ce pas ?  A la façon dont je n'arrête pas de la regarder, c'est sûr qu'elle a déjà de l'importance pour moi et j'ai peur de voir à quel point cette importance peut encore grandir... J'avance dans l'inconnu, j'ai peur de ressentir toutes ces choses au fond de moi ; j'appréhende tellement de laisser libre court à celles-ci. Je suis sûre qu'au fond de moi je pourrai être heureuse avec Keylian mais j'ai aussi peur qu'il me déçoive à nouveau, ce qui m'empêche je le sais de lui confier à nouveau toute ma confiance. Quoiqu'il en soit, cette bague marque un tournant dans ma vie et j'ai du mal à savoir précisément cela me fait sentir. Peu à peu, j'ose espérer, je le saurai ?

Je me suis pas rendue compte que cela faisait tant de temps depuis que je t'ai ouvert la dernière fois. Je viens de relire la dernière entrée, constatant que je n'étais même pas venue te décrire comment s'était passée mon entrevue avec Keylian. En tous cas, beaucoup de choses se sont passées depuis c'est sûr. Mais je ne suis pas encore certaine d'y voir très clair... Le temps le dira je suppose.

Freyja.

30-31 Octobre, weekend d'Halloween.

Ce weekend je l'ai passé dans un château « hanté ». Je me suis dit que ce serait amusant et une bonne manière de me détendre de mes cours, de mon stage à venir et aussi de mon futur mariage. C'était une sortie préparée par le professeur Blake en plus pour Halloween. Je pensais que ce serait amusant et ça l'était, mais également très perturbant. Je ne m'attendais à développer autant mon don lors de cette sortie. J'ai réussi à me repérer dans la forêt sombre en utilisant mon don. Je n'en reviens pas encore de tout ce que le 3e œil m'offre comme possibilités et je suis certaine de ne pas être encore au bout de celles-ci.

Ce qui m'a le plus perturbée cependant n'a rien à voir avec mon don. La raison pour laquelle il fallait à tous prix que je vienne écrire tout ceci ici pour m'en vider l'esprit, c'est l'épreuve de l'Epouvantard. Normalement je m'en sors toujours très bien en DCFM. Normalement... Je suis encore en colère d'avoir raté et de n'avoir pas été capable de reprendre le contrôle de moi pour faire apparaître un patronus. En colère de ne pas avoir senti que mon épouvantard pourrait avoir changé ! Avec tout ce qui s'est passé dernièrement, j'aurai dû m'en douter, j'aurai dû me douter que ce ne serait pas le corps de ma mère qui serait apparut devant moi. Voir apparaître Keylian comme ça devant moi m'a complètement chamboulée, je n'arrivais même plus à penser, à me dire que c'était faux et juste un épouvantard. Je n'arrivais pas à me focaliser sur un seul souvenir heureux car toute joie avait brusquement quitté mon être et la vision avait provoqué un tel vide au fond de moi que je croyais plus jamais je ne serai heureuse. Je n'arrivais même plus à penser avec logique. Je restais focalisée sur cette tâche sombre qui s'agrandissait sur son torse et c'était horrible. J'entendais les mots qu'il disait – que l'épouvantard disait – Ça disait que c'était de ma faute, que c'était tout de ma faute s'il avait été tué et que je n'avais pas su le sauver. Qu'il avait eu tord de me faire confiance et que qu'il s'était trompé en pensant qu'il y avait vraiment quelque chose de spécial entre nous. Je savais au fond pourtant que ce n'était pas Keylian en face de moi mais mon esprit était incapable de faire la différence ente les deux. Je ne m'étais pas rendue compte que mes sentiments avaient si vite évolués au point que mon Epouvantard en change de forme...

Je suis en colère contre moi-même d'avoir été si impuissante face à un vulgaire épouvantard. Si cela avait été un vrai épouvantard, pas un spécialement amené par le professeur Blake pour nous tester, les conséquences auraient pu être encore plus graves. Je n'ai pas l'habitude de perdre ainsi mon sang-froid mais même encore maintenant alors que j'écris ces mots, je revois encore la vision qui m'est apparue et je ne peux m'empêcher de trembler d'effroi. De nouvelles peurs m'assaillissent depuis et je me demande comment je me sentirai si un jour j'ai une prémonition similaire... Pas une vision créé par un Epouvantard mais une vision réelle. La dernière fois que j'en ai eu une du genre, je n'ai pas voulu la croire et j'ai préféré l'ignorer. Et si cela faisait pareil pour Keylian ? Si j'avais un jour une prémonition du même genre un jour et que je ne serai pas capable de faire quoique ce soit pour le sauver...  Je n'arrive même plus à écrire d'une belle écriture lisible tant ma main tremble alors que ces pensées viennent noircir mon esprit et que mon cœur se remplit de chagrin et de peur. Je ne devrai pas penser à ça et je ne peux pas m'en  empêcher. Avec le don du troisième œil, il y a toujours une possibilité d'assister à ce genre de vision un jour et rien que l'idée qu'il arrive quelque chose à Keylian me fait redouter ce jour.  Cela peut arriver dans dix ans comme dans cinq ans, ou même dans deux mois. Je ne pourrai pas supporter de perdre encore quelqu'un qui m'est cher... Encore moins Keylian. Ces émotions que je ressens depuis encore récemment et que je considérais comme une force intérieure jusque là, ressemblaient davantage comme une faiblesse quand j'étais face à l'épouvantard. Je ne suis pas habituée à me sentir si handicapée et cela m'énerve d'avoir échouée ! La prochaine, je serai prête à l'affronter … S'il y a une prochaine fois du moins. Je refuse de croire que ces sentiments me soient comme une faiblesse alors qu'ils sont ce que j'ai de mieux dans ma vie depuis longtemps. Je refuse que cette force qui me nourrit de l'intérieur devienne une faiblesse. Ce soir, je me suis endormie avec la bague d'Onyx serrée dans la main que Keylian m'a offert. Ce simple geste a su me conforter un peu.

Evidemment, ce soir au bal organisé, il a fallu que je fasse le service du coup. Les personnes ayant perdu la dernière manche du jeu devaient faire le service. J'ai retrouvé une tenue de serviteur sur mon lit en entrant dans ma chambre cet après-midi là. D'un seul coup, tu comprends que je n'avais absolument aucune motivation pour descendre et assister au bal ? Surtout que je n'ai pas la tête à ça. La première personne qui m'aurait sortit une remarque sur le fait de me voir « faire le service » l'aura rapidement regretté je te dis.

Freyja.

Cher journal,

4 Novembre.

Il est trois heures du matin et je n'arrive pas à me rendormir. Je me suis réveillée sur un horrible cauchemar. Cela me semblait si réel que je n'ose même pas refermer les yeux pour le reste de la nuit. Je fais rarement des cauchemars et le dernier en date remonte à il y a environ deux ans... en pensant à ma mère. Ce cauchemar là n'avait pourtant rien à voir avec le cauchemar de cette nuit. Cela date du jour de mon agression sur l'allée des embrumes au mois d'Octobre. Je pensais que c'était fini et que théoriquement j'étais passée au-dessus. Je pensais que le choc était passé. Pourtant, si j'en ai encore rêvé c'est que quelque part c'est resté bloqué en moi. Je ne comprends pas. Et c'était si réel que j'en ressens encore les frissons d'angoisse et de peur dû à cette expérience horrible. Je n'ai jamais fait de tel rêve qui m'ont semblé aussi réel sauf quad j'ai rêvé de ma mère la dernière fois alors que je revivais sa mort. Il y a des expériences qui vous perturbent plus que d'autres.

Il paraît que quand on en parle, cela fait du bien et qu'il faut le faire pour extérioriser la peur lié à l'expérience subie. Alors allons-y, je vais essayer. Je me trouvais à nouveau dans cette allée de l'allée des embrumes. Il y faisait plus sombre que dans mes souvenirs et les odeurs y étaient plus nauséabondes aussi. Mais pourquoi donc ai-je été si distraite pour me laisser égarer par ici je n'en ai aucune idée. Cela ne me ressemble pas. Je revoyais ensuite ces hommes se précipiter sur moi, comme un prédateur sur leur proie, le regard dégoulinant de convoitise mais dans le genre qu'on voudrait posséder un objet de la même façon. Le regard s'ancra au mien et le seul souffle de la personne me provoqua du dégoût. Je me souvins avoir eu un mouvement de recul, me retrouvant malgré moi bloquée contre le mur de l'allée. Le cri d'appel au secours se bloqua pendant un moment dans ma gorge et je fus incapable d'appeler. Je ne m'étais jamais trouvée dans une telle situation et j'étais tétanisée quelques minutes alors que je n'avais même pas le réflexe de me saisir de ma baguette. Alors que des mains s'aventuraient sur moi, cherchant une ouverture sous ma cape, je sentis le souffle  de ces êtres abjects essayer de m'atteindre dans ce qui faisait autant ma fierté féminine que ma dignité. Cela me semblait même plus être un rêve. Je me retrouvais réellement dans cette allée à revivre tout ça ; je me débattais dans mon lit mais dans mon rêve j'étais tétanisée. Un instinct presque sauvage s'était saisit alors de moi alors que dans un ultime effort j'assenais au premier un coup si fort dans son entrejambe qu'il lâcha prise sur moi et sans attendre que les autres se remettent de leur surprise je m'enfuyais, courant comme si le diable était à mes trousses. Mes pas résonnaient si bruyamment dans mes tympans que j'avais l'impression qu'ils allaient exploser.

C'est à ce moment-là que je me suis réveillée mais avec le cœur battant si fort et en sueur dans mon lit. Soudainement je ne me trouvais plus en sécurité dans ma chambre, j'avais presque peur de ce qui pourrait surgir de derrière mon lit... Tout le monde dormait heureusement. Je n'aurai pas supporter devoir leur donner une explication sur mon état actuel et j'avais besoin de temps pour me reprendre. Jamais un rêve ne m'avait paru si réel surtout qu'il était basé sur des faits qui s'étaient réellement passés. Je drapais mes bras autour de moi, me sentant subitement si vulnérable. Je me rallongeais et me blottissais sous la couverture mais je réalisais une chose. Ce n'était pas assez. J'avais besoin d'autre chose. De réconfort, de soutien et je laissais l'image de Keylian s'engouffrer dans mon esprit, comme un baume apaisant venant me rassurer. Je fermais les yeux en m'imaginant dans ses bras. Plus que jamais pour oublier ce rêve horrible j'avais besoin de chaleur mais ce soir seul mon imagination pouvait me le fournir. Peu à peu ma respiration se calma mais je n'étais pas encore en mesure de raconter ce rêve dans mon journal et il me fallut plus d'une heure pour être capable de m'en saisir. A présent que je l'ai fait, je ne sais même pas si je m'en sens mieux ou pas par contre j'ai d'autres questions qui sont nées et ce sont les suivantes. Est-ce que je dois en parler à Keylian ? D'un côté je sens qu'il est de mon devoir de lui en parler et de ressentir son soutien  mais j'ai un peu peur de sa réaction. Et s'il réagissait de façon excessive ? Peut-être est-ce mieux que je garde cela pour moi... Je crois que j'ai peur de lire son regard. Je ne veux pas l'inquiéter surtout que c'est terminé... le plus important étant que j'en suis sortie indemme, du moins physiquement indemme. Je crois que moralement il va me falloir encore un peu de temps finalement. Qu'est-ce je dois faire ? Je n'en sais rien. Peut-être que le sujet ne sortira jamais et que je serai capable de l'enfouir profondément en moi, mais je n'en suis pas vraiment sûre à vrai dire. C'est tellement étrange encore pour moi d'avoir évolué et grandi en me sentant si proche de quelqu'un alors que l'an dernier je ne savais pas quoi en penser. Je ne sais pas encore toujours comment réagir ?


Freyja.

11-12 novembre

Cher journal,

Ce soir, je suis éreintée mais heureuse. Il faut dire que nous avons couru avec Keylian dans le parc après qu'il m'ait portée sur son dos. Et je ne sais pas, je me suis sentie revivre. Réellement revivre comme jamais encore je ne m'étais sentie. Ce n'était pas seulement à cause de la course, c'était grâce à Keylian tout simplement et à tout ce qu'il m'a dit. Je ne suis pas si aisément rendue sans voix mais là je ne savais pas quoi lui répondre tant ses paroles m'avaient touchée. Je ne me suis jamais sentie aussi vivante que depuis quelques temps maintenant quand je suis avec lui, mais là c'était spécial.  Lorsqu'il m'a proposé de grimper sur son dos, je l'ai regardé comme s'il me faisait une blague, mais j'ai vite compris qu'il était sérieux. Il n'y avait personne, nous étions seuls comme s'il ne restait plus que nous dans le monde – et oh j'ai espéré être réellement seule au monde avec lui mais je savais évidemment que tout Poudlard se trouvait encore au tournoi et qu'ils en sortiraient bientôt. Et pourtant, je me sentais si libre que pendant au moins dix bonnes minutes le soleil n'aurait pu briller autant que moi en goûtant à cette liberté dont je n'osais même plus rêver.

Keylian me redonne un nouveau souffle.  Je ne l'aurai jamais pensé mais c'est la vérité et j'ose espérer (non, je sais et je le sens)  que c'est pareil pour lui. Enfin, après tout ce qu'il m'a dit entre aujourd'hui et les autres fois où l'on a parlé. Il est tendre, affectueux. il est attentionné avec moi, je ne m'imaginais pas le voir ainsi un jour avec moi et je n'aurai jamais imaginé non plus me sentir si proche de quelqu'un. Hormis Queenie et Arya bien sûr mais ce n'est pas pareil. Keylian, c'est... C'était compliqué au début, mais de plus je pense qu'il était ma destinée. Avant même que l'on se rencontre, avant même que nos parents organisent nos fiançailles. Je ne le savais pas à ce moment-là et je voulais même pas y penser car je n'étais pas prête. Tout a changé aujourd'hui et c'est un véritable renouveau. Une renaissance. Je ne sais pas expliquer. Ces émotions sont si fortes que parfois je me sens totalement submergée et ce don que j'ai ne m'aide pas... Keylian a su me rassurer mais je suis encore un peu honteuse d'avoir perdu si facilement contrôle en sa présence.

Après cette course lorsqu'il m'a enfin reposée (avec une délicatesse surprenante car je m'attendais plutôt à ce qu'il me balance dans le lac pour s'amuser), nous nous sommes assis sur cette colline à l'autre bout du parc qui surplombe le lac et côte à côte nous nous sommes assis. Nous avons encore parlé. Longtemps. Très longtemps et sûrement bien après que le stade du tournoi ne se soit vidé complètement. Cette complicité qui augmentait de plus en plus à mesure que nous parlions, elle était si agréable. Je reprenais vie à son contact. Je le sentais à mesure que nous atteignions cette prospérité entre nos deux esprits au fil de nos discussions, et cela devenait de plus en plus simple pour moi de parler, de m'ouvrir et laisser tomber les barrières que j'avais si longtemps dressées autour de moi car j'avais peur d'y laisser entrer quelqu'un.

L'heure du dîner était venue mais je n'avais même pas faim. Ce n'est pas grave, il nous sera toujours possible d'aller piquer quelques trucs dans les cuisines après (les elfes ne pourront pas nous le refuser). Nous parlâmes longtemps, très longtemps, nous rigolâmes tout autant. Ensemble. Il se jeta même sur moi à un moment pour me rouler dans l'herbe, me prenant par surprise mais je riais tellement que je ne ripostais même pas et dans le fond je n'avais pas envie de riposter. Je finis par me blottir contre lui et alors que le ciel se nappait des couleurs jaunes et orangées dû au crépuscule, nous admirâmes les étoiles apparaître sous nos yeux.

J'étais bien. Pour la première fois de ma vie, j'étais tellement bien. L'instant était parfait et je n'avais pas envie que cette journée s'arrête.  De sa seule présence, Keylian avait su rallumer une joie de vivre en moi encore insoupçonnée ou oubliée. Dès qu'il était arrivé près de moi au lac, il avait su écarter les ténèbres. Il était devenu ma lumière.

Freyja.

31 décembre, 18h environ. (part 1)

Déjà le 31 décembre. Deux semaines environ après notre dîner de Noël. Je vis encore avec les souvenirs délicieux de cette soirée. Cette année aura été des plus surprenantes pour moi. Je crois encore à peine à tout ce qui vient de se passer. La perspective de mon mariage devrait m'angoisser davantage car avec la nouvelle année, c'est le mariage qui approche lui aussi mais cette idée étrangement m'angoisse un peu moins ? Enfin, quand je dis qu'elle m'angoisse un peu moins, je me fais encore beaucoup d'inquiétude... Ce n'est pas comme un examen que je peux préparer en révisant tous mes cours avant l'examen en lui-même. Je crains moins les examens que ma vie à venir... Pourtant, la perspective de changer de nom, de faire partie de la famille Yaxley officiellement me comble de joie. 

Je n'oublie pas ce qui s'est passé, je n'oublie pas la façon abjecte avec laquelle Keylian s'est comporté pendant les vacances scolaires alors qu'il m'avait fait croire qu'il ressentait quelque chose pour moi et qu'à côté il voyait encore cette sang-mêlée impure dont je ne veux même plus entendre le nom. Pourtant, quelque chose s'est fait en moi et j'ai changé beaucoup trop aujourd'hui pour me permettre de faire demi-tour. En ai-je juste envie d'ailleurs ? Je ne crois pas. Cet espoir, ces nouveaux sentiments émergeant, je les contrôlent encore à peine et je crois que c'est ce qui me fait le plus peur. Qui plus est, avec mon don que je réapprends, j'ai l'impression que celui-ci a décuplé encore plus ce que je ressens quand je suis à avec Keylian. Cela me fait peur aussi je n'ai pas l'habitude de perdre ce contrôle de moi comme ça. 

Je ne peux m'empêcher de m'inquiéter sur ce qui m'attends, sur ce qui nous attends, mais d'un autre côté, je me sentirai plus libre que je ne l'ai jamais été. Bientôt je ne porterai plus le nom de Macnair. Bientôt je serai une Yaxley. Cette idée m'angoissait avant, je n'étais pas prête... Mais quitter le nom ancestral de mon père permettra également de me débarrasser de l'ombre  que mon père laisse planer sur moi depuis toujours et de cette pression qu'il a exercé toutes ces années. Ces certitudes à son sujet ne cessent jamais de m'envahir et chaque fois que je le vois, j'en ai presque la nausée. Les pressentiments à son sujet sont encore plus forts quand je le revois. 

Je sais qu'Arya pense que je ne devrai pas avoir pardonné si vite à Keylian mais je ne pense pas me tromper cette fois, je le sens vraiment sincère. Et puis, je n'ai pas oublié. Je me souviendrais toujours de ce qu'il a fait. Ça restera toujours ancré dans ma mémoire et je pense qu'il me faudra encore plusieurs années avant d'abandonner ces doutes qui persistent et cette peur qu'il aille voir ailleurs s'il n'obtient pas ce qu'il espère de cette alliance, de ce mariage entre nous. C'est pour cela aussi que je lui ai fait cette fête surprise pour Noël ! Pour lui montrer une partie de tout ce que je peux lui offrir malgré ses fautes passées et que je ne veux que son bonheur. Je veux tracer un trait sur le passé et commencer à bâtir mon futur. 

C'est une nouvelle aventure qui arrive. 

Avec Keylian je me sens revivre. C'est comme une nouvelle vie qui s'offre à moi et je ne peux pas regretter le passé. Je regrette que ma mère ne soit pas là mais je sais que je serai heureuse. Je le suis déjà et je pense que ça se voit même si je suis de nature à conserver en moi-même mon ressenti intérieur.   

Pour le nouvel an je n'avais rien de prévu réellement. Je comptais même rester au lit à ne rien faire. Ce stage me prends tellement de temps et d'énergie. En revanche je ne dirai rien contre le fait de voir Keylian ne serait-ce que 10 minutes ce soir. Juste pour le nouvel an au moins. Alors je lui ai envoyé un message en espérant qu'il ne serait pas trop pris dans son stage non plus et serait en mesure d'y répondre. (Même si c'est non il a intérêt à répondre au moins !) 

Je viens de recevoir un hibou. C'est sûrement Keylian !.... enfin j'espère que c'est lui. Oh Merlin faites que c'est lui! Je bouille littéralement d'impatience de savoir si on peut se voir ce soir.... est-ce normal ces picotements tout le long de ma colonne vertébrale à la seule idée de le voir ce soir? Et ces battements de cœur qui s'affolent à la pensée de passer l'entrée dans la nouvelle année avec lui ? Jamais je n'avais pensé que cela me serait arrivé à moi. 

*laissant son journal ouvert à plat sur son lit elle se lève pour aller détacher le message qui y est rattaché et le lit.  Elle semble très heureuse après l'avoir lu et prenant le temps de refermer et ranger son journal elle ouvre son armoire pour choisir la tenue qu'elle portera ce soir. Quelque chose de festif mais sans être trop provoquant ni aguicheur tout en restant élégant et la mettant en valeur. Après tout, c'est le nouvel an.* 

31 décembre, 22h environ. (part 2)

Quand je le vis au loin en descendant l'allée principale de Pre-au-Lard, j'eus envie de courir pour me jeter dans ses bras ! Surtout après la semaine chargée que j'avais passé à Sainte Mangouste pour mon stage. Je me forçais à maîtriser mon impatience et fit en sorte de marcher normalement. Pas moins vite mais pas plus lentement. Certainement pas plus lentement! A mesure que je me rapprochait, j'avais mes émotions de nouveau qui échappait à mon contrôle et je tentais de les contrôler au mieux. La dernière fois que je les avais laissées s'échapper on sait tous où cela avait failli me mener et ce n'était pas digne d'une demoiselle de la haute comme moi. Je devais conserver ma dignité.                                                        

Rien que de songer encore à ce qui avait failli se passer dans le parc après qu'il m'ait retrouvé au lac engourdissait notre mon esprit ! Mais cher journal, je te l'ai déjà raconté il me semble ? J'en rougirais sûrement encore pendant des mois.... est-ce que cela passera après le mariage ? Peut-être... Sûrement.... En tous cas ce n'était pas comme ça que maman m'avait éduquée. Je devais rester la fière et pure Freyja que j'avais toujours fait en sorte de rester quitte à demeurer inaccessible à tous les sexes masculins de l'école y compris ceux qui faisait partie de la même classe que moi. J'étais Freyja. Freyja Macnair. Enfin, devrai-je dire plutôt Freyja Yaxley? Je devrai dès maintenant commencer à m'habituer à ce qu'on m'appele ainsi. Ce sera mon nom après tout. Des fourmillements soudain recommençaient à m'envahir rien qu'à cette pensée et je souriais bêtement. Bêtement ? Ou amoureusement ? J'avais longtemps pensé que les deux étaient reliés. C'est l'image que les autres me renvoyaient d'eux quand ils étaient amoureux. Moi je me sentais plutôt plus forte qu'avant.                                                            

Ce fut sur ces pensées que je m'arretais devant Keylian. Un léger sourire au lèvres je le contemplais, non dans dissimuler l'admiration dans mes yeux. Il était beau dans son costume ! Et en plus je remarquais qu'il avait mis la chemise que je lui avais offert pour Noël. Cela me faisait encore plus plaisir.  Je m'approchais davantage et liais mes mains aux siennes avant de l'embrasser puis de le saluer. (Le sens des priorités !)

"Bonsoir Keylian. Comment ça va ?" Lui demandai-je l'œil brillant de joie de le revoir ce soir. "Je suis heureuse que tu sois libre ce soir. C'est le nouvel an quand même ! Cela aurait été de l'esclavagisme si si tu avais dû être en stage ce soir. Comment ton stage se passe t-il?"                                                          

Keylian: "Bonsoir Freyja, je vais très bien et toi ? Tu es ravissante ce soir.  Ce stage m'épuise littéralement, je ne m'attendais absolument pas à ce que l'envers du décor soit ainsi et de tout ce que je dois assimiler mais j'y prends un réel plaisir."                                          

J'eus directement l'envie de venir l'enlacer c'était vrai, il avait vraiment l'air très fatigué. Et pourtant, il était venu aujourd'hui pour profiter du nouvel an ensemble. De notre premier nouvel an.  Je rougissais en pensant que d'ici un an en ce même jour, nous serions mariés. Je n'arrivais pas encore à me projeter aussi loin dans le futur. Comment fêterions-nous le nouvel an? Et puis est-ce que je serai enceinte? Je tremblais presque.. Je n'étais pas sûre d'être prête à ce qu'offrait la maternité. Et puis d'un seul coup je repensais à cette Camille enceinte jusqu'aux chevilles en ce moment même et je fulminais encore devant l'erreur de Keylian. Je ne savais même pas comment il avait pu laisser cela se produire. Il y avait tellement de protections disponibles ! Des potions très efficaces ! Respire... respire Freyja. Je choisissais de me plonger dans le regard si envoûtant de Keylian avant de venir l'enlacer tendrement. Cela parvint à me calmer un peu mais certainement pas à calmer les battements de mon cœur qui s'énervaient toujours autant à ce simple contact. Mon corps semblait presque me brûler à son seul contact mais, je le sentais, heureux de retrouver sa proximité. 

31 décembre. (part 3)

Il y avait pas mal de monde ce soir-là dans la rue à attendre le feu d'artifice. Trop de monde pour moi. Je regardais autour de moi. J'aurai voulu - enfin préféré était le mot - pouvoir etre seule avec Keylian pour le feu d'artifice.  Je ne savais pas s'il ressentais la même chose mais alors que nous marchions tous deux jusqu'au point du village où devait commencer le feu d'artifice, je ne pouvais m'empêcher de sentir la même impatience que moi alors qu'il me tenait le bras.

"Tu as quelque chose de prévu après où alors je peux te kidnapper pour manger un morceau aux trois balais?"

Quand il le répondit penser être libre à ma question, j'en suis encore plus heureuse. Hormis le fait qu'il ait dit ne pas être sûr d'être libre... Comment ne pas savoir avec certitude s'il était libre ou pas?!

"Tu crois?" Lui demandais-je amusée en haussant un sourcil. Ma voix était autoritaire. Il était hors de question que l'on me vole de la présence de mon fiancé le jour de l'an ! Peut-être devenais-je un peu trop possessive...  C'est mal non? Je devrais essayer de me contrôler. "Tu as intérêt d'être sûr parce que je te préviens la nuit est jeune et je ne vais pas te lâcher comme ça.

Je remarquais le petite sourire en coin à Keylian et vous savez quoi? Cela ne me donna envie que d'aller embrasser ses petites lèvres insolentes! Est-ce qu'il se moquait de moi? Ou je l'amusais? J'avais un problème ! Il fallait que je pense à autre chose avant que je ne lui saute encore au cou...

"J'ai tellement de choses à te raconter ! et ce mois-ci ta mère doit m'inviter au manoir Yaxley pour essayer des robes de mariées... Et... et je stresse tellement..."

La conversation serait repoussée à plus tard car ça tombait bien justement, le feu d'artifice commençait !  


Le feu d'artifice eut lieu quelques dizaines de minutes plus tard. C'était beau. C'était coloré et magnifique... mais cela l'aurait-il été si j'avais été seule à le regarder ? J'en doute. La présence de Keylian à mes cotés rendait tout encore plus beau et magique. Les feux d'artifice semblaient crépiter jusqu'à l'intérieur de moi comme mes émotions semblaient également le faire. Sans même m'en rendre compte, alors que les feux fusaient encore au-dessus de nos têtes, j'entourais mes bras autour du cou à Keylian pour l'embrasser. Dès que mes lèvres touchèrent les siennes, je sentis comme des fourmillements dans tout mon corps et plus le baiser dura, plus j'en devenais ivre. Il parut plaisamment surprit (encore heureux !). Le crépitement des feux au-dessus de nous me semblaient lointains et les gens tout autour  n'existaient plus. Je n'avais conscience que de nous. Je n'avais même pas besoin de reprendre mon souffle. Keylian était ce qui me donnait mon souffle. Je m'écartais et le regardais, penchant légèrement la tête sur le côté tout en le regardant, un sourire aux lèvres.

"Désolée. J'aime bien t'attaquer par surprise."  J'étais trop bien élevée pour me jeter sur lui en public mais ce n'était pas l'envie qui me manquait. Quand il était là, je ne répondait plus de rien. Il suffisait de sa présence à mes côtés ou d'un petit regard ou d'un sourire et j' étais perdue. Je rougissais comme une ado pré-pubère à chaque fois qu'il me regardait et je m'énervais contre moi-même après coup !                                                

"Keylian... Pourrait-on aller se chercher un délicieux chocolat chaud au glacier du coin?" Quoi de meilleur qu'un chocolat en cette période hivernale.                                                                     

Chaque fois que l'on se rencontrait, mes émotions tourbillonnant en moi jusqu'à atteindre leur point culminant et j'en avais presque le vertige. Je me sentais si libre et en même temps tellement coupable quand certaines pensées m'assaillaient. J'avais presque honte que sa présence près de moi me fasse cet effet-là! Jamais je n'avais expérimenté cela... il m'arrive même d'en avoir honte de l'écrire dans mon journal.  Je ressentais avec une acuité encore plus précise chacune de mes émotions et celles-ci s'emboîtent étroitement bien entre elles. J'avais besoin de contact. C'était comme si que mon corps réclamait d'être à son contact dès le moment où il ressentait sa présence. J'en ai le tournis rien que d'y penser.                                      

Le reste de la soirée se déroula tranquillement. Nous passâmes une heure aux trois balais à boire notre chocolat chaud, nous discutâmes et nous riâmes ensemble. Taquine, je lui mis même le nez dans la chantilly avant qu'il puisse m'en empêcher puis je venais chercher la chantilly sur son nez à l'aide de mon doigt avant de lécher ce dernier tout en arborant cette mine toujours aussi taquine. Je ne me reconnaissais plus mais j'étais heureuse d'avoir changé. Mon geste eut pour effet de le voir se pencher pour m'embrasser et je m'abandonnais à ce baiser avec délice, cherchant même à venir taquiner le bord de ses lèvres avec  mes dents pour l'embêter.  Il était très difficile de pouvoir garder mon self-control dans ses moments-là alors que mes émotions papillonnaient en moi si follement.  Je savais que je jouais avec le feu mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Le moindre contact avec Keylian me déclenchait des décharges électrisantes dans tout mon corps. Je commençais à me demander ce qui allait se passer après le mariage et j'en ressentais de plus en plus une certaine tension mêlée d'allégresse et de désir...  Je savais qu'il y aurait toujours du soleil et des sourires à l'horizon quand bien même les épreuves à traverser.