Eilea &
Zelina

La nouvelle année signifiait beaucoup de nouveautés pour Eilea. Elle n’était guère le genre d’élèves à s’intéresser au tournoi des trois sorciers, ou encore à l’option supplémentaire qu’elle avait prise en vue de son entrée en sixième année. En revanche, la jeune femme voyait dans les nouveaux élèves de l'école, ceux provenant de France et des Etats-Unis, des nouveaux cobayes potentiels, mais surtout de nouvelles cultures à apprendre, de nouveaux styles vestimentaires, et donc de nouvelles inspirations pour notre styliste en herbe. Elle avait déjà réussi à parler à quelques filles de BeauxBaton, mais malheureusement, son côté lunaire avait joué un peu en sa défaveur, et elle n'avait pas pu convaincre qui que ce soit de se laisser faire pour une prise de mesure et ainsi devenir un cobaye supplémentaire. Eilea avait l’habitude, et son côté utopiste lui permettait de ne pas voir le mal là-dedans, même si au contraire, c’était bien de la moquerie, ou plutôt dans le cas des Françaises, du jugement et de la méfiance, envers cet être étrange qui était venu chantonnant vers elles.

Devant cet échec, Eilea avait tout de même une grande soif de création, mais un manque d’inspiration certain. Elle en aurait bien discuté avec son petit-ami Bastien Croupton, mais la jeune femme ne souhaitait pas l’embêter avec ça, bien qu’elle savait pertinemment que le voir, lui aurait suffi pour retrouver une inspiration. Il était sa muse, mais elle tenait tellement à lui que la simple idée de trop profiter de sa gentillesse la faisait culpabiliser… Alors non, elle allait se débrouiller seule comme elle savait le faire, et son esprit créatif avait déjà une légère idée d’où se rendre, d’une visite à faire pour trouver quoi dessiner sur le papier.

Son carnet de croquis sous le bras, Eilea se dirigea donc vers les serres extérieures. Ce lieu, rempli de végétaux, était l’un des préférés de la Poufsouffle qui y passait beaucoup de temps à créer des tenues colorés à l’effigie des plantes qui l’entouraient, aussi bien empotés, que des arbres plus grands, en passant par les plantes qui étaient magiques et d’autres plus timides dans leurs mouvements. La jeune femme, une fois dans les lieux qu’elle connaissait par cœur, en profita pour saluer certaines amies mandragores qui dormaient paisiblement dans leurs pots tout propres. Son chemin continua vers des orchidées , avant de rejoindre un espace un peu plus à l’air libre où des arbres divers et variés se trouvaient. Eilea n’était pas très observatrice, et ne s’était pas rendu compte que dans ce lieu, elle n’était pas seule, bien trop habituée à l’être d’ordinaire. Venant s’asseoir en tailleur, la styliste voyait déjà dans le magnifique arbre coloré qui lui faisait face une inspiration certaine pour une robe de fin d’été dans les tons rouges, orangées, y ajoutant un brin de vert. Le crayon à papier semblait parcourir de lui-même la feuille blanche, les traits dansant d’eux-mêmes, passant et repassant, comme si la sorcière était possédée par le dieu de la création de mode. Ce ne fut qu’au bout de quelques minutes, qu’un bruit sortie Eilea de sa concentration, une voix plus exactement, adulte, mais douce, qu’elle semblait reconnaitre sans pour autant arriver à mettre un nom dessus. Se relevant donc, à la recherche de ce son qui l’avait sorti de sa transe créatrice, Il lui suffit de tourner la tête, pour tomber sur la nouvelle professeur de Soins aux créatures magiques, semblant en pleine conversation avec un arbre devant lequel elle se trouvait. Intriguée, et surtout égale à elle-même, la jeune sorcière approcha de son aînée, son carnet de croquis contre la poitrine, un sourire doux bien qu’un peu lunaire sur le visage.

« Bonjour professeur Silva, j’espère que je ne vous dérange pas trop, vous sembliez en agréable discussion. Je me suis permise de venir vous saluer vu que j’étais non loin de vous. Cela me fait plaisir de voir quelqu’un ici, d’habitude l’endroit est désert… Ce qui est dommage, nos amis à feuilles aiment tellement avoir de la compagnie. »

Un sourire doux et sincère. D’ordinaire, on aurait prise les paroles d’Eilea de manière étrange. Après tout, qui pouvait bien prendre de son temps pour venir taper la discute à un arbre ? Et bien étrangement, comme poussée par une force mystique, surement le destin, ou comme la Poufsouffle aimait le dire : Mère Nature, Eilea semblait avoir trouvé une personne comme elle.

Eilea &
Zelina

Le monde végétal était autant, si ce n’était plus diversifié que le monde animal. Que ce soit par les couleurs, les formes, les tailles, et même les caractères ! Tant de spécimens qu’il n’y avait de vie sur terre… C’était une beauté de la nature qu’appréciait Eilea, remerciant chaque jour Dame Nature de leur offrir tant d’amis avec qui converser, tant de compagnons de vie pour rendre la sienne si magique et douce. Il était certain que la Poufsouffle ne voyait pas le monde comme le voyaient ses camarades, étant comme ces créatures que l’on disait pouvoir observer l’invisible, la jeune femme semblait posséder un pouvoir étrange lui permettant d’apprécier ce qui était caché, que certains cœurs purs pouvaient voir. Des couleurs bien cachées, des paroles muettes… Le pire, c’était que si on lui posait la question, Eilea répondait que ces choses invisibles étaient visibles, c’était simplement que l’on ne voyait que ce que l’on voulait voir, et non ce que l’on avait vraiment la possibilité d’apercevoir. Des paroles philosophiques à l’image de cette rêveuse infantile.

Aussi, lorsque dans ces moments rares où Eilea rencontrait quelqu’un qui arrivait à voir ce que d’autres n’arrivaient pas à entrevoir, la jeune femme en profitait autant que faire ce peu. Alors certes, c’était par politesse dans un premier temps qu’elle était venue saluer son professeur, ayant toujours était éduquée de la sorte, Syana souhaitant toujours que ses enfants ne manque jamais de respect et de politesse. Mais dans un second temps, observait une personne discutant avec ces magnifiques végétaux qui habitaient dans la serre, attisait la curiosité de la styliste qui s’était ainsi rapprochée sans en oublier son fidèle carnet.

Zelina enseignait ainsi les soins aux créatures magiques, succédant à Madame Goldstein. Pour sûr, les deux femmes avaient autant de douceur l’une que l’autre, mais Zelina avait ce petit quelque chose qui attirait beaucoup Eilea, comme une certaine ressemblance appréciable, qui se montra encore quand la professeure répondu à son élève, la saluant en retour, expliquant ainsi qu’elle était en effet venue converser avec ces habitants feuillus que beaucoup dénigraient.

« J’essaie de venir autant que je le peux. Ils sont d’une compagnie agréable, et nous le rend bien avec leurs belles couleurs et leurs danses au grès du vent. Au début, on ne voulait pas trop que je me promène dans les serres, ne faisant pas partie du club de Botanique… Mais après une petite discussion avec le Professeur Londubat, ce dernier m’a permis de venir ici comme bon me semblait tant que je traitais bien ses protégés. »

La réalité était légèrement différente… Puisque le professeur avait surtout abandonné de dissuader son élève de parcourir les serres… Mais vu qu’elle ne faisait pas de mal, bien au contraire ! Il n’avait pas vu d’objection à la laisser agir librement, au grand plaisir de la concernée qui, comme toujours, n’avait pas totalement compris la vérité… Mais bon, c’était Eilea quoi.

Quand Zelina regarda le carnet de celle-ci d’ailleurs, elle baissa automatiquement ses yeux dans ses bras, avant de relever le regard vers son professeur, lui souriant à sa manière, avec douceur, mais avec ce petit quelque chose qui donnait toujours l’impression que la Poufsouffle était dans son monde bien à elle, au-delà de la stratosphère, dans des étoiles lointaines qu’elle seule pouvait voir.

« Oh oui ! Enfin en quelque sorte. Je dessine des croquis. »

Automatiquement, comme à chaque fois qu’on l’a lancé volontairement ou non sur son sujet favori qu’était la mode, Eilea gagna en excitation, ouvrant le carnet à la page, montrant comme lors d’une représentation ce qu’elle était en train de grisonner, où une jolie robe aux couleurs automnales commençait à prendre forme. Les motifs donnaient un certain goût de déjà vu, se basant tout bonnement sur les diverses plantes qui composées la serre dans laquelle les deux femmes se trouvaient.

« Je suis passionné de mode en tout genre, que ce soit les vêtements, les accessoires, les coiffures… Toutes ces possibilités pour faire ressortir aux yeux de tous, ce qui est difficilement visible aux premiers abords, que ce soit par les personnes elles-mêmes ou leur entourage. » Eilea marqua une pause, perdant son regard dans les plantes à côté. « Ici, il y a pleins de choses qui m’inspirent ! Que ce soit les couleurs, les formes, les caractères divers et variés… Tant de choses que certains n’arrivent pas à voir, et qui est pourtant si riche en beauté naturelle. »

Son attention se tourna à nouveau vers Zélina, lui offrant ainsi un nouveau sourire solaire, bien que quelque peu lunaire au fond.