Le weekend, enfin ! Après tout une semaine à assurer les cours et corriger les devoirs, malgré toutes ses bonnes résolutions de début d'année, dire qu'Olivia était un brin blasée serait un euphémisme. Alors ce samedi matin-là, la jeune femme avait décidé de se motiver, de se lever tôt et de profiter des calmes des cachots. Pour une fois, elle avait dénigré la robe des sorciers, leur préférant ses vêtements moldus. Elle se glissa dans les couloirs, déjà grouillants d'élèves se dirigeant vers la grande salle pour le petit-déjeuner. Petit-déjeuner qu'elle préféra zapper, se dirigeant directement vers ce qui devenait presque sa seconde maison : les cachots. Après un été studieux où elle avait enfin pu revenir à ses projets personnels et les faire avancer, les mettre à nouveau de côté était on ne peut plus frustrant. En parlant d'été, d'ailleurs... Tout ne s'était pas exactement passé comme elle l'avait planifié, et elle ne savait toujours pas si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Et pourtant, Merlin sait combien elle avait ressassé tout ça.

Ca avait commencé quand Adrian l'avait invitée à venir passer quelques jours en Bulgarie avec lui, malgré l'ambiguïté grandissante entre eux. Sur le papier, l'idée était excellente : retrouver son ami dont elle était de plus en plus proche était une perspective réjouissante, d'autant plus qu'on y ajoutait tout l'univers autour, la découverte de l'environnement du concierge de Poudlard. Les dragons. Certes, l'idée n'avait pas rassuré ses parents, moldus, chez qui elle avait passé une grande partie des vacances. Et certes, son frère ne s'était pas privé de lui taper sur le système quand il avait découvert que c'était chez UN collègue qu'elle se rendait. Mais à son arrivée, elle avait un petit peu déchanté : entre sa mère qui les croyait ensemble et son père qui était à deux doigts de l'agresser, un léger malaise s'était un peu installé au point qu'elle avait logé chez un ami d'Adrian. Soit. Heureusement que, le contexte aidant, les deux 'amis' s'étaient suffisamment détendus pour oublier ce faux-départ. Et pour se rapprocher, encore. Leurs conversations n'avaient plus rien à voir avec les échanges souvent gênés lorsqu'ils se croisaient dans les couloirs du château. Ou leur sortie dans les rues moldues de l'Ecosse, ce fameux jour de son anniversaire. Elle-même se sentait bien plus en confiance et détendue, répondant sans trop y réfléchir aux signaux qu'il pouvait lui envoyer.

Et puis, elle avait bien fini par se rendre compte qu'elle devait bien arrêter de se mentir : à ce stade de leur relation, parler encore d'amitié n'était plus vraiment possible. A partir du moment où elle se l'était avouer, elle avait eu l'impression que son regard sur lui avait encore changé. Mais de là à ce qu'elle avait fait au moment du départ... Il y avait un fossé. Elle ne savait toujours pas ce qu'il lui avait pris. Sans doute que leur complicité des jours passés l'avait encouragée dans ce sens. Peut-être aussi qu'elle avait peur que tout cela s'envole une fois qu'ils se reverraient dans un contexte beaucoup trop formel, peut-être qu'elle avait voulu sceller l'avancée nouvelle de leur relation. Alors elle l'avait embrassé, sans préavis. Puis elle était partie pour de bon, prenant à peine le temps de jauger sa réaction. Et depuis, elle psychotait. Jusqu'à la rentrée, elle n'avait pas eu de nouvelles, pas un hibou, rien. Remarque, elle n'avait rien osé envoyer non plus. Elle s'était juste contentée d'imaginer les retrouvailles qui ne manqueraient pas d'arriver en septembre. Retrouvailles qu'elle attendait avec autant d'appréhension que d'impatience. Sauf qu'au jour du 1er septembre, aucune trace de lui. Ni les jours qui suivirent. Ni tout au long du mois de septembre en fait. Et à chaque fois qu'elle y pensait, son coeur se serrait un peu plus, alors qu'elle se rendait compte que le temps passait trop vite sans qu'elle puisse être sûre de son retour. Et difficile d'obtenir des informations précises sans éveiller les soupçons : elle avait juste pu entendre parler d'un certain arrêt maladie, ou quelque chose comme ça.

Ce matin-là, alors qu'elle s'était donc glissée dans ses cachots, elle s'attendait à tout sauf à son retour ; après tout il n'y avait aucun signe précurseur. Mais quand le bruit d'une main toquant contre le panneau de la porte, elle se retourna, se détournant brusquement du chaudron fumant, qui jusque là avait toute son attention. Et elle se sentit fondre en découvrant la tête d'Adrian passé par l'entrebâillement. Aussitôt, elle lui adressa un large sourire ravi, et s'avança jusque lui. S'arrêtant à une distance raisonnable, retenue par la gêne que suscitait le souvenir de leur dernier échange. -Adrian ! Mais où t'étais passé ? S'exclama -t- elle, l'inquiétude de savoir ce qu'il lui était arrivé, un brin gommée par la joie dont elle faisait preuve.