En venant enseigner à Poudlard, Olivia s'attendait à bien des choses, mais certainement pas à se retrouver au coeur d'un tel embroglio sentimental. Pourtant c'était bien le cas. On en était rendu au milieu de l'année, et elle s'était retrouvée à éviter les deux personnes desquelles elle se sentait la plus proche au château ; Adrian et Magnolia. Mais par Merlin, pas proche comme ça ! Au moins pour la Serpentard ; ce qui était arrivé n'avait jamais été calculé, ça lui était juste tombé sur le coin de la tronche quand il avait fallu faire face aux conséquences de ses actes. Soyez sages et réfléchis, et Serdaigle vous accueillera peut-être, disait le Choixpeau. Quelle ironie de penser que la directrice des Aigles n'était même pas foutue de se tenir à ses valeurs. A croire qu'elle devenait profondément stupide quand il s'agissait des sentiments. Oh, ce n'était même plus une hypothèse, en fin de compte, mais un constat tristement ancré dans ses pensées à chaque jour qui passait. Au moins, après des jours passés à avoir chercher une excuse à son comportement, et d'autres encore à éviter la confrontation avec la McCandless, elles avaient pu s'expliquer. Mais restait le problème le plus épineux, et Merlin qu'il lui semblait compliqué de s'y attacher, cette fois.
Et qu'est-ce qu'elle pourrait bien lui dire, à Adrian ? Qu'elle avait trop attendu, qu'elle avait fini par penser qu'il n'était pas intéressé ? Vraiment ? C'était peut-être la raison profonde, mais quand elle l'énonçait (dans les rares moments où elle imaginait une entrevue avec le Concierge), ça lui semblait creux et faux. Pendant des semaines, elle s'était acharnée à ranger le problème dans un coin de son esprit, bien loin de ses préoccupations premières, à savoir les cours, et toujours les cours. Même aussi handicapée sentimentalement parlant, même aussi stupide sur ce même plan, visiblement on ne changerait pas la Serdaigle en elle. Alors avec une pointe de culpabilité qui se faisait de plus en plus aiguë, elle repoussait fébrilement le moment des explications : trop prise par les copies à corriger, ce projet de cours en commun à mettre sur pieds avec Adriel, ses propres recherches à avancer... Sans doute sentait-elle que ça ne serait pas aussi simple qu'avec Magnolia, que ce qui ressortirait de la conversation à venir risquait de tout chambouler.
Alors elle avait procédé ainsi jusqu'à ce qu'il ne lui soit même plus possible de croiser le concierge dans les couloirs sans baisser honteusement les yeux, faisant même parfois mine de l'ignorer. Quelle garce ! Criait une petite voix dans son esprit à ses instants. Donc c'était décidé : on était samedi matin, presque deux mois s'étaient écoulés depuis leur dernier tête à tête interrompu par le très charmant Peeves, soit presque autant depuis la dernière fois qu'ils s'étaient adressés plus de trois phrases. On partait de loin, de très loin... Mais évidemment, il lui fallut rassembler tout son courage (et Merlin savait qu'elle n'en avait pas), et l'heure du déjeuner était déjà dépassée quand elle quitta son petit appartement. D'ailleurs il lui avait semblé un peu mal, effacé pendant le repas. D'un pas vif, repoussant à tout instant l'idée de faire demi-tour et de remettre cette visite "de courtoisie" au lendemain (chose qu'elle faisait depuis des semaines, rappelons-le), Olivia se dirigea jusqu'au logement d'Adrian, toquant fermement jusqu'à ce qu'il vienne lui ouvrir. « Oh Olivia, hm bonjour. » Avait-il fini par dire une fois qu'il l'eût reconnue. Visiblement, il s'attendait à tout, sauf à sa visite. Etait-il déçu ? Contrarié ? Qu'à cela ne tienne, il fallait qu'elle aille jusqu'au bout cette fois ! « Bonjour Adrian, comment vas-tu ? » S'enquit-elle, un sourire poli sur les lèvres. « Je crois qu'il faut qu'on parle. » Finit par lancer la jeune professeure, une expression affectée et angoissée remplaçant celle lisse et presque impassible qu'elle s'évertuait à conserver. Restait plus qu'à espérer qu'il accepte le dialogue, maintenant...