This is a family matter - Ailís Dempsey

	This is a family matter - Le lac
	Effy Rees & Ailís Dempsey
La reprise de janvier venait d'avoir lieu, et les professeurs semblaient de plus en plus déchaînés à l'égard des élèves de cinquième et septième année. Effy avait déjà la terrible impression que les vacances n'étaient plus qu'un lointain souvenir. La même routine avait repris, comme un mécanisme bien huilé. Et pourtant la semaine passé chez elle lui avait semblé la plus longue du monde. D'habitude, les vacances de Noël avec sa mère et Nina donnaient l'occasion de connaître une ambiance bien plus légère et festive que d'habitude, et la joie des retrouvailles trompait souvent l'ennui qui menaçait dans la petite ville portuaire, à chaque instant. Mais cette année, il y avait autre chose. Retourner à Llanelli la replongeait directement dans l'état d'esprit qui était le sien avant la rentrée de septembre : quand elle venait tout juste de retrouver son père. Comme ça, au détour d'une rue à une vingtaine de kilomètres de là. C'était si inattendu, si décalé de croiser un visage aussi haï que presque étranger dans un environnement familier, que cela l'avait travaillé tout le reste de l'été jusqu'à ce qu'elle décide de le retrouver en face à face, à Pré-Au-Lard. Inutile de dire que l'entrevue s'était très mal terminée, le père comme la fille se jetant au visage des mots retenus pendant des années, des mots où se mêlaient colère et amertume, dans un venin qui leur était propre. Effy s'était tue pendant des semaines, des mois, même ! Elle n'avait rien dit à personne, sauf à Absolan. Sa mère et Nina n'avaient aucune idée de ce qu'elle avait bien pu faire, et c'était tant mieux. Mais malgré cette certitude, la Gryffondor avait du mal à se montrer aussi enjouée et détachée qu'à l'accoutumée. Parce que ce n'était pas tout. Même à son confident nocturne, elle ne l'avait pas dit. Peut-être parce qu'après tout ce n'était pas grand chose, peut-être même rien du tout. Mais il fallait qu'elle en ait le cœur net avant toute chose. Ce jour-là, après avoir fui la Tête de Sanglier en toute hâte, elle n'était pas rentrée immédiatement au château, le temps de se calmer et ne pas passer pour une folle hystérique. Toujours était-il que cela lui avait laissé le loisir d'apercevoir son père sortir à son tour, et rencontrer quelqu'un. Une élève, visiblement. Elle semblait le connaître, vu la familiarité teintée de froideur avec laquelle ils s'étaient salués. Mortifiée, et craignant de devoir affronter une seconde fois son géniteur s'il venait à lever les yeux et l'apercevoir plus loin, elle ne s'était pas attardée, mais les questions s'étaient glissées perfidement dans son esprit. Qui était cette fille ? Et surtout, qui était-elle pour son père ? Ça faisait près de quatre mois que ces événements étaient arrivés, et elle n'avait pas avancé d'un pouce. Enfin, sur le plan psychologique, elle commençait à aller mieux. Mais elle n'avait rien sur le mystérieux rendez-vous de son paternel, et ça la frustrait à un point ! En même temps, autant elle avait fait des pieds et des mains pour en apprendre plus sur la situation actuelle d'Alan, quand elle l'avait recroisé, autant cette fois elle avait tout intérêt à se faire discrète sur le sujet. Elle savait juste que c'était une Serpentard, probablement dans les dernières années de la scolarité, et avait appris son nom en demandant discrètement à Ethan : Ailís Dempsey. Ça ne l'amenait pas très loin, mais c'était déjà ça. Toujours était-il qu'elle n'était absolument pas parvenu à la croiser ni à la contacter. Comment faire ? Et pour quel prétexte d'abord ? Elles ne se connaissaient pas, n'avaient absolument rien en commun, ni la maison, ni la promotion... L'idéal aurait été de la croiser « comme par hasard », mais là encore tout le problème résidait en un seul point, soit comment la convaincre que la discussion qu'elles devaient avoir était urgentissime ? Ce samedi-là, Effy avait traîné Dracéna, sa meilleure amie, dehors de bon matin, dans l'espoir de s'offrir un entraînement supplémentaire en Quidditch. Mais les deux jeunes filles avaient rapidement déclaré forfait : il faisait beaucoup trop froid et elles avaient rapidement été transies de froid. Elles se préparaient à rentrer quand le regard d'Effy capta qu'une élève non loin, se dirigeait vers le lac noir, patins en main. Il ne lui fallut pas longtemps pour reconnaître la silhouette de l'inconnue observée souvent à la dérobée. Une idée parfaitement stupide germa dans son esprit. « Dracé, t'aurais des patins à me prêter ? Demanda -t- elle dans un souffle à son amie. -Des patins ? Je croyais que tu voulais rentrer, qu'est-ce que tu vas faire avec des patins ? -Oh ben je sais pas, repasser la tronche de la vieille McGo avec me semblait être un bon projet. Tu le fais exprès ou quoi ? Pour aller patiner sur le lac noir... Laisse, je t'expliquerai plus tard, s'agaça Effy devant la moue perplexe de Dracéna. Des patins, tu as, oui ou non ? -Non, tu es une sorcière, débrouille-toi avec ça ! » Et elle la planta là. Effy ne réfléchit pas plus longtemps et incanta pour faire apparaître des patins, avant de se ruer à la suite de la Serpentard. Arrivée au lac noir, patins aux pieds, les choses se compliquèrent singulièrement. Elle pensait profiter d'un apparent loisir en commun pour créer le contact l'air de rien, mais le problème restait qu'elle n'était pas foutue de poser un pied sur cette maudite glace sans se viander lamentablement. On avait vu moins pitoyable... Mais au moins, après la troisième chute pour le moins bruyante, elle profita d'un rapprochement d'Ailis pour s'adresser à elle, en toute innocence. « Salut ! Tu m'aiderais pas avec ces choses ? J'ai perdu un pari stupide ! » Lança -t- elle en se fendant d'un rire gêné. L'histoire du pari, ça passait crème. Les Gryffondors n'avaient pas vraiment pour réputation d'être les plus subtils de Poudlard...

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Effy Rees

Ailís n’avait jamais eu autant à penser dès la rentrée. Les A.S.P.I.Cs, Absolan, les examens, l’agrandissement potentiel de la parfaite petite famille Dempsey, les derniers et plus importants de leurs examens à Poudlard… Parce que oui, en plus des vacances particulièrement déprimantes qu’elle venait de passer, les professeurs semblaient s’être ligués pour tous rabâcher aux élèves de septièmes années que la période était cruciale, qu’il ne fallait rien lâcher maintenant… Si la petite blonde essayait de s’accrocher dans la plupart des matières, elle avait abandonné –ou presque- les révisions de potions. Cet horrible cours du vendredi matin avait le don de la mettre dans une rogne pas possible. Ni douée ni intéressée, elle était bien heureuse que ce cours soit dispensé juste avant le week-end. Mais cette fourbe incarnation de Satan camouflée dans le corps d’une prof un peu trop bonne les avait couverts d’une insurmontable montagne de devoirs. Le cours suivant – métamorphose, n’avait pas non plus épargné les élèves en quantité de devoirs, mais les potions en revanche… avaient ruiné son après-midi, à fouiller dans tous les livres inimaginables de la bibliothèque pour qu’Ailís parvienne à être un parchemin suffisamment long. Quand elle eut fini, elle serait bien sortie dans le parc pour faire un truc cool : courir, jouer avec Alexei, patiner sur le lac… mais la nuit était tombée et la température frôlait les -8000°C.

Alors la serpentard s’était levée de bon matin, bien déterminée à éviter le plus de monde possible – surtout Absolan. Fourrant à la hâte ses patins et des friandises en tout genre pour pouvoir prendre son petit déjeuner quand elle aurait faim, elle se dépêcha de s’éclipser du dortoir, et croisa juste quelques courageux déjà debout pour réviser leurs B.U.S.Es. Elle aurait dû avoir la motivation de se lever si tôt pour réviser ses propres examens, mais elle ne pourrait pas plonger la tête dans un bouquin avant d’être sortie pour prendre une bouffée d’air frais et réfléchir un peu.
Ailís devait être un peu masochiste dans le fond, puisque malgré la fatigue accablante et le travail acharné que lui promettait cette année 2019, elle était plus que ravie d’être de retour à Poudlard. Jamais elle n’avait autant eu envie de fuir sa maison. Le projet d’adoption avait fait un trop grand pas en avant pendant ces vacances à son gout : le bilan psychologique de ses mères s’était révélé presque parfait et le psychomage qu’elles avaient rencontré toutes les trois avait même jugé qu’Ailís était une jeune fille charmante. « Charmante », sérieusement. Elle était horrible, peste, manipulatrice et détestable, mais certainement pas charmante. Et encore moins prête à être grande sœur.

Patiner était donc apparu comme la solution la plus efficace pour l’aider à se recentrer sur son devoir de potions à finir et ses cours de manière générale. Quand elle était énervée, elle trouvait quelque chose à boxer, quand elle voulait être seule, elle allait voir sa chouette. Et bien qu’elle n’ait jamais eu autant à réfléchir, quand elle avait besoin de réfléchir, elle allait patiner, ou courir en fonction de la saison. L’autre raison qui la poussait à sortir par ce froid polaire était que personne ne viendrait la chercher ou la déranger. Sans forcément chercher à être seule au monde, elle savait que les ennuis et les problèmes ne la suivraient pas sur la glace.
Mais quel froid ! Elle crut un instant que ses doigts gèleraient quand elle enleva ses gants pour serrer ses lacets. Tant mieux, elle préférait largement ça que le brouhaha de la grande salle au petit déjeuner du matin. Non, elle était décidemment d’humeur à ne supporter ni leurs rires niais et gras, ni la rumeur de leurs conversations animées et inutiles, ni le silence assourdissant de la bibliothèque. Son bonnet remis bien en place sur ses oreilles, son sac accroché à une branche d’arbre, elle se lança sur la glace en essayant d’ignorer le vent glacial qui courait sur son visage.
Un coup d’œil vers la berge l’informa que son plan « aller patiner un jour glacé tôt le matin pour éviter les gens » était un échec puisqu’une petit blonde essayait tant bien que mal –plutôt mal il fallait l’avouer- de tenir debout sur ses patins sans se viander. Ailís rigola dans son écharpe tout en continuant tranquillement sa promenade sur la glace et observa Effy se rétamer une deuxième fois. Comment connaissait-elle son nom ? La serpentard savait tout dans ce château ! Elle était très au courant de la plupart des événements du château, adorait son rôle de Gossip Girl, alors comment aurait-elle fait pour ne pas se renseigner sur Effy Rees, petite gryffondor de son état qui lui ressemblait tellement. Une ressemblance qui avait bien fait rire Ailís quand la cinquième année était arrivée au château.

« Salut ! Tu m'aiderais pas avec ces choses ? J'ai perdu un pari stupide ! »

Ailís sursauta légèrement en remarquant qu’elle s’était approchée de l’autre petite blonde. Sans doute à l’observer se ramasser la tête la première trois fois de suite l’avait conduite inconsciemment à se rapprocher d’elle, mais elle masqua sa surprise sous un large sourire. Après tout, Effy Rees n’était pas sur la liste des personnes à éviter, alors si elle avait besoin d’aide, il n’y avait aucune raison de fuir à l’autre bout du lac noir en faisant mine de ne pas l’avoir entendue. S’arrêtant à son niveau, elle lui tendit la main pour l’aider à se relever avant de remarquer que le problème d’Effy ne venait pas que de son manque abyssal de talent.

« Tu aurais pu écoper pire comme peine pour avoir perdu un pari ! », pouffa la serpentard en s’agenouillant à côté de la plus jeune.

Elle pouvait sentir le froid mordant de la glace à travers son pantalon et frissonna rien qu’à imaginer à quel point Effy devait se geler à rester assise par terre. Ailís attrapa le patin de la rouge et or pour le poser sur ses genoux, retira de nouveau ses gants –Merlin qu’il faisait froid !- et lui défit ses lacets.

« La vraie chose stupide dans ce pari serait que tu tordes la cheville à cause de ces lacets mal serrés. Une vraie saloperie de se fracturer la malléole pour si peu. Et si tu as le droit de demander de l’aide c’est que tu ne t’en sors pas si mal que ça ! »

Elle rigola de nouveau puis se rendit compte qu’elle ne s’était pas présentée. Peut-être connaissait-elle le nom de son interlocutrice, mais la réciproque n’était sans doute pas vraie, et dans tous les cas elle n’était pas censée savoir qu’Effy s’appelait Effy.

« Je m’appelle Ailís, en septième année à Serpentard, et toi ? » Elle s’attaqua au deuxième lacet qu’elle serra au maximum avant de refaire le double nœud et de se relever. « Aller Bambi ! C’est l’heure d’apprendre à patiner. »

Elle aida Effy à se relever. La comparaison avec Bambi était vraiment la bonne : comme le petit faon, les jambes de la plus jeune tremblaient plus qu’un shaker à cocktail, et si elles ne bougeaient pas rapidement, elle finirait sans doute une nouvelle fois étalée au sol. Les deux mains de l’autre petite blonde dans les siennes, Ailís commença à patiner en marche arrière pour rester en face d’Effy et les patins d’Effy se mirent à glisser tous seuls sur la glace.

« Sur la glace tu auras plus d’équilibre avec un peu de vitesse. Pour avancer tu laisses glisser un pied sur le côté en appuyant dessus, puis tu le ramènes contre l’autre, et tu fais pareil avec l’autre. Essaye tu vas voir c’est pas compliqué ! Je te tiens t’inquiète. »

Codage par Libella sur Graphiorum

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	Effy Rees & Ailís Dempsey
En voyant la Serpentard s'approcher d'elle et répondre positivement à sa demande, Effy ne put que se congratuler. Ça marchait ! L'espace d'une seconde elle se trouva très maline, vu que ça l'amenait à provoquer la rencontre de manière directe et en plus de jauger un peu le personnage. Mais Ailís n'avait pas l'air d'être une vicieuse, prenant même la peine de lui faire la conversation. « C'est vrai que les Gryffondors peuvent être particulièrement imaginatifs... » Répondit-elle, se fendant d'un petit rire gêné. Plus gênée parce que maintenant il s'agissait de ne pas paraître trop suspecte, mais de quand même réussir à amener le sujet qui l'intéressait dans la conversation. Mais la jeune fille lui offrit en quelques sortes une occasion d'expliquer sa gêne par la situation : elle s'était à présent agenouillée pour lui refaire ses lacets, et elle était sûre que c'était plus de la prévenance que de la condescendance (enfin, elle le supposait et pourtant elle n'était pas particulièrement crédule). Apparemment elle avait bel et bien mordu à son histoire de pari stupide, ce qui n'était en aucun cas une surprise, mais ça lui offrait un peu de temps pour faire connaissance et improviser un petit peu. « Ils n'ont rien précisé, alors je prends quelques libertés ! En tout cas merci... pour ton aide, je veux dire. » Finit-elle par dire, lui adressant un sourire reconnaissant. Et Merlin ce que ça caillait ici ! Elle comprenait bien qu'Ailís se soit couverte de la sorte... ce qu'elle ne saisissait pas en revanche, c'était pourquoi ça ne lui avait pas traversé l'esprit plus tôt. « Une seconde ! » Marmonna -t- elle en fouillant ses poches à la recherche de sa baguette. Une incantation plus tard, son pull avait triplé d'épaisseurs, alors que gants et chaussettes en grosse laine venaient réchauffer ses mains et ses pieds gelés. Avec tout ça elle faillit faire une boulette à la présentation dans les règles de la Serpentard. Toute à son affaire, elle s'apprêta à lâcher un magistral « oui je sais ! » qui l'aurait grillée à coup sûr. Et qui l'aurait fait passer pour une psychopathe, très certainement. Au lieu de quoi, serrant les lèvres à se les faire blanchir, elle hocha la tête et sourit avec politesse, comme si elle se montrait ravie de découvrir l'identité de sa sauveuse. « Moi c'est Effy, 5ème année à Gryffondor ! » Fit-elle histoire de lui rendre la pareille. Voilà, les présentations étaient faites au moins, c'était un bon point. N'est-ce pas ? Puis Ailís se mit en mouvement, la tirant avec elle pour qu'elle se remette droite sur ses patins. « Bambi, sérieusement? Ricana Effy, un peu vexée par la comparaison. Elle n'était pas encore ventre à terre, eh! Au moins, elles avaient les mêmes références ; avec une mère qui ne s'était jamais sevrée complètement des Disneys, la jeune fille les comptait comme une partie non négligeable de sa propre culture moldue. Avec toutefois un semblant d'inquiétude, elle tenta de mettre en application les conseils – très utiles, elle devait bien le reconnaître – d'Ailís. Si ses jambes devenaient moins tremblantes, et son allure un tout petit peu moins instable, ça ne l'empêchait pas de se cramponner aux mains de la Serpentard comme s'il s'agissait de la barrière la plus solide au monde. « Tu as l'air de t'y connaître ! Ça fait longtemps que tu patines? Fit-elle remarquer en passant, pour l'instant incapable d'imaginer comment faire dévier la conversation. Çà attendrait bien encore un peu (au moins qu'elles aient quitté le milieu de cette patinoire géante).

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