C’est une journée qui semble déjà difficile, ma main tremble sous l’effet de cette soudaine adrénaline qui en vient à en saccader ma respiration. Je sais d’instinct que l’hésitation est à bannir de mon esprit, tous mes sens ne portent que sur ce besoin si primitif de survivre aux moindres de ses assauts. En face de moi, se trouve Annabeth De Clermont, elle dit être ma cousine, mon aînée de cinq années. Elle dit qu’elle fait tout cela pour s’assurer que je suis toujours une digne héritière d’Augustus 1er et pourtant, elle ne me laisse que pour sentiment que la désagréable détresse que l’on ressent face à son bourreau, tant son hostilité, ou sa passion, me semble palpable. Et pourtant, me voilà surprise devant le fait que mon corps réagit avant même que mes pensées ne réalisent ce qui se passe, des réflexes dont je découvre l'existence. Et je dois l’admettre, mon corps s’adapte à une vitesse que me surprend moi-même, face à chacun de ses nombreux coups, des échanges de frappes que nous faisons sous les regards attentifs et intrigués de ceux qui se présentent comme étant mes parents. Et je ne peux alors que me demander, ce que peut signifier que d’être une De Clermont. Pourquoi était-ce si vital pour eux que de me savoir capable de tenir à nouveau une épée dédiée à l'escrime, n’étant censée trouver son usage que dans des compétitions sportives et moldus qui plus est ?
      Je ne saisis pas encore vraiment cette valeur dédiée à cette noblesse passée, mais je comprends une chose dans une amère constatation, le fait que je déteste perdre, être dépassé par une force que je ne maîtrise pas... Mais surtout, je réalise que je hais le fait de ne pas savoir ce que d'autres savent, de ne pas connaître ce que d’autres ont déjà pour acquis. La question est : d’où peut provenir cette frustration qui gangrène mon cœur ? Est-ce que cela vient d'un trait de caractère issu d'une personnalité supposé être scellé à cause de ce qui était, apparemment, un sort d’amnésie ? Où est-ce tout simplement dans ma nature d'avoir un certain ego, l'essence d'une fierté qui résiste à cette perte de mémoire ? Cela dit, je ne peux que m’étonner de savoir mon corps aussi endurant et assez fort, alors même que je me découvre capable de me mesurer à cette femme après maintenant deux heures à agiter une lame dont le poids devient de plus en plus lourd sous l'épuisement qui s'accumule. J'en suis la première étonnée. C’est finalement celui qui dit être mon père qui finit par mettre un terme à l’activité, alors que ma chevelure se colle à ma peau humide et suintant de transpiration. Aussi infernal que peut paraître cet entraînement, l’exaltation des battements de mon cœur indique pourtant Ô combien j’ai pris du plaisir à redécouvrir mon corps de la sorte.      

        Et le sourire qui s’affiche sur mon visage, bref et discret, avant même que j’en prenne conscience, finit de rassurer cette bien étrange famille que sont les De Clermont et qui ne tient guère à me laisser partir à nouveau vers ce monde qui m'était désormais inconnu. Toutefois, cette séance les a sans doute convaincus, tout en m’ayant aussi confirmé que je possède des qualités que je ne me priverais pas d’exploiter un jour. Mais en soit, je ne suis pas aussi sur mes gardes que peuvent l’être mes parents, mes trois cousins et leur sœur avec qui je viens d'échanger, ainsi que leurs parents, mon oncle et ma tante. Notamment, car j’ai pu au moins me replonger dans ce livre que le directeur d'Ilvermony m’a fait cadeau et qui résume les notions que j’ai appris ces cinq dernières années… Des notions rangées, matière par matière, avec leur sous-catégorie pour facilité la lecture. Mais de simples définitions n’est pas assez probant pour comprendre ces notions en question, je l'ai aussi compris.
       D'ailleurs, ce livre semble davantage détenir le rôle de guide qui me permet d’orienter mes recherches et mes études pour rattraper mon retard, je suppose donc que c'est à moi de prendre l’initiative et travailler durement quand le temps sera à portée. C’est du moins ce qui me paraît logique pour le moment. Car la vérité, c'est que je ne me souviens de rien, tout ce qui a un rapport avec une forme de connaissance acquise autrement que par le corps, me semble à jamais perdu… Toutefois, cet entraînement avec ma cousine vient de me prouver les dires de cette infirmière sorcière : "le sortilège d’amnésie a été lancé par une personne qui n'en avait guère la maîtrise", de ce fait certaines de mes capacités et même quelques souvenirs sont susceptibles de refaire surface sous une forme de réflexes ou de sensations familières. Je dois simplement me montrer patiente selon l’avis médical… Mais très honnêtement, je n'ai que faire de savoir si mes souvenirs vont revenir ou non. Cela me semble être une porte ouverte à une forme de passivité qui m’effraie bien plus qu’autre chose.        

        Je le sens au fond de moi, qu’il y a une forme de fierté qui attend patiemment que cette confusion qui m’habite, finisse par s’estomper afin de pleinement, elle-même, se manifester. Une fierté que j’ai assurément héritée des membres de cette famille, du moins, c'est que je crois, sans doute est-ce là la preuve qu’il y a toujours une part de moi qui n’a pas été emporté par le sort et qui lutte pour sa survie. Et dire que ce fut cet échange qui éveilla mon intérêt pour cette famille, son histoire, ses membres, ainsi même que l'intérêt que je porte pour le sang dont j’ai hérité d’elle. Oui… Je le sens cette fierté dont ils ont eu le don de faire émerger en moi, et qui désormais m'égaie d’être une héritière des De Clermont.


         Le paysage défilait sous mes yeux comme si une bande-vidéo se déroulant indéfiniment avec pour simple son, les roues du wagon frottant contre les rails dans un rythme effréné... Je me sentais épuisée dû à mon voyage jusqu’à Londres depuis les coins reculer des Etats-Unis, j'avais voyagé par des moyens moldu avec mes parents qui avait décidé d'emménager en Angleterre. Il avait fallu se rendre sur le chemin de traverse pour obtenir ce qui me manquait. Et tout ceci, grâce à l’aide d’un intervenant de Poudlard qui avait été assigné suite à la demande du directeur d'Ilvermony qui leur avait sagement expliqué ma situation et la raison de mon transfert. Je n’avais pas vraiment pris le temps de me reposer avant le départ pour Poudlard, j'avais à peine visité la nouvelle demeure dans laquelle mes parents allaient vivre... Au moment où j'étais à Londres, je fus surprise de constater que j'étais en capacité de comprendre divers autres langages autres que l'anglais comme l'espagnol et le français, l'une étant la langue natale de mon père et l'autre celle de ma mère... Je l'avais réalisé en écoutant de manière non-intentionnelle les civils moldus qui conversaient entre eux, en vaquant à leurs occupations. Quoi qu'il en soit, une fois dans le train en route vers Poudlard, je sentais mes paupières lourdes, mais je fus incapable de trouver le sommeil, frapper par une sorte d'anxiété. L'indifférence que je lisais en plus sur les visages de ces autres élèves face à ce qui était pour moi l'extraordinaire de ce voyage, me faisait comprendre que j’étais des plus pathétiques.
      Ce n’était pas en continuant à être dépassée par les événements que je réussirais à outrepasser ma lamentable situation et de toute évidence, ce n’était en aucun ce que réclamait mon for intérieur, au vu de la frustration qui grandissait face à mon attitude. Alors après avoir inspiré un bon coup, je posais mon regard sur mon journal intime, mieux valait mettre noir sur blanc mes pensées. C’était en tout cas, la méthode que j’avais choisi d'entreprendre pour recentrer mes pensées et cela avait fonctionné jusqu'à maintenant. Alors je songeais à nouveau, à mon histoire...

         Et celle-ci commença avec un drame… Quand j’ouvris les yeux dans cette infirmerie à Ilvermony, ce fut comme si j’ouvris les yeux pour la première fois de ma vie, car ce que je voyais, ce que je ressentais ou ce que je touchais, me semblait si étranger, si incertain. On m’avait appelé par un nom que je n’avais guère reconnu et depuis un miroir, on m’avait montré un visage qui mettait complètement inconnu et pourtant, l’on disait que j’étais cette personne dont même le reflet m’échappait encore aujourd'hui. Alma, oui, Alma De Clermont fut ainsi mon nom… J’étais une sorcière née d'un Moldu et d'une mère sorcière, mais c’était à ce moment-là des termes que je ne comprenais pas non plus. Qu’était-ce qu'une sorcière ? Qu’était-ce qu'un moldu ? J’entendais, mais sans vraiment écouter et je retenais sans vraiment en cerner le sens. Paradoxalement, si j’étais capable de répéter ce que l’on me disait, ce que l'on m'apprenait, j'étais dans l'impossibilité d'en saisir le sens.
      J’avais des parents, des parents en colère suite à ce qui m’était arrivée. À moi, la victime d’un sort d’amnésie, les circonstances étaient floues et on savait simplement qui avait jeté ce sort. Et le problème était que cette personne était plus ou moins libre de dire ce qu’elle voulait pour se défendre, elle était la seule à réellement savoir ce qu’il s’était passé. Et pour elle, ce n’était soi-disant qu’un malheureux incident, pourtant, bon nombre d’élèves et de professeurs savaient que cette dernière me détestait, ils étaient même au courant qu’un conflit avait émergé bien des semaines avant le drame lors d'une excursion en forêt. Et dans ce genre de cas, il n’était pas fort stupide de songer que le sort avait été sans doute intentionnel ? Après tout, comment croire que ce dernier pouvait être issu d'un simple accident ? Dans quelle circonstance aurait-on pu lancer ce genre de sort accidentellement parlant ? Mais qu'importe, elle était la fille d’un ministre et je n’étais rien de plus que l'enfant d'une sorcière considéré traîtresse à son sang, j'étais rien de plus qu'une sang-mêlée sans le poids politique pour l'accompagner. Sa parole était bien plus lourde de conséquence que la mienne ou celle de ceux qui étaient prêts à me défendre à l'époque.

      Quelle importance ? Je n’en avais que faire, c'était du passé, car je n'étais plus une élève d'Ilvermony… Oui. Et puis j’avais encore la chance d'avoir un cœur qui battait dans ma poitrine et c’était ce qui me semblait être le plus fantastique dans cette histoire.


        Poudlard m'a accueilli alors que j'étais âgée de 16 ans, faisant de moi l'une des rares élèves à être placée par le choixpeau à un âge aussi avancé dans l'une des maisons qui existait à Poudlard et qui n'était autre que Serpentard. J'avais passé une année sans trop de difficulté, faisant en sorte de rattraper le retard que le sort d'amnésie avait provoqué. J'avais réussi à me faire des amis d'importance dont une était une élève de Gryffondor qui ne se souciait en rien de mes origines ou du fait que j'étais une élève de Serpentard. Mais le temps avait fait son oeuvre, j'étais soumise à des souvenirs étranges, émergeant au fil de l'année. Je me voyais face à une autre élève me reprochant de cacher mes origines, celle-là même qui semblait avoir provoqué mon amnésie. Qui était-elle exactement et de quoi parlait-elle ? Un mystère qui continuait à faire travailler mon esprit encore aujourd'hui. Une nouvelle année à débuter, et j'ai toujours plus de question que par le passé. J'ignorais toutefois si je pourrais être en mesure d'y répondre au cours de cette septième année.