Je m'étais levée aux aurores comme d'habitude, pour aller faire mon entraînement matinal avec Voyou. Alors que j'étais en train de courir, je me suis mise à repenser aux dernières réflexions que mon père m'avait mises en pleine poire lors de notre dernière entrevue. Je ne le voyais plus autant qu'avant, entre ses missions à l'étranger, le fait qu'il ne m'adressait presque plus la parole depuis ma première année en tant qu'élève de Poudlard, et le fait que je ne rentrais presque plus à la maison pour l'esquive.

J'étais très en colère contre lui. Il n'avait jamais vraiment voulu me comprendre, alors qu'il était tout pour moi. Il était mon Roc, mon point d'accroche dans ce monde où la violence était devenue monnaie courante, autant dans le monde moldu que magique. Il m'entraînait encore malgré tout aux arts militaires, mais en dehors de ça, depuis que j'ai rencontré Hypnos, il avait de plus en plus la figure d'un père que mon propre géniteur, malgré que je l'aimais de tout mon cœur.

Après avoir ruminé ces idées noires, je suis rentrée pour me laver et me changer. J'avais opté pour une tenue un peu plus dans le style de celle que mon cher loup noir portait habituellement, mais à ma sauce. Veste et pantalon de costume noirs, avec un haut blanc et des chaussures de ville.

Je restai dans mon coin toute la matinée, à lire des bouquins sur les créatures fantastiques, ainsi que le livre sur les potions que Hypnos m'avait prêté pour avancer un peu dans cette matière, avant de prendre le chemin de la grande salle pour aller dîner (le repas de midi).

C'est en passant par les couloirs que j'entendis une discussion pas plaisante du tout entre une camarade de Pouffsouffle et un élève. Je levai le regard de mon livre pour voir la scène, mon regard devenant instantanément noir en voyant que l'énergumène masculin tentait de prendre de force un baiser à sa camarade.

Il ne m'en fallut pas plus pour que je me mette à foncer vers le jeune homme en question, avant de lui donner un coup de talon à l'arrière du genou droit pour le déstabiliser et le faire tomber à la renversé. Je me mis entre Alice et lui avant de dire, appuyant avec mon pied là où étaient censées être ses parties génitales.

-"De un, elle t'as dit non espèce de chien de la casse, et de deux, je t'interdis de remettre les pattes sur ma petite-amie, sinon ce que j'ai sous le pied je le broie et je le donne à mon chien. Vu ?"

Voyou se mit à côté de mon pied et se mit à grogner, avant que je ne commence doucement à appuyer sur le pubis du bourreau d'Alice, ce dernier hochant la tête avec un air terrifié avant de décamper en vitesse.

Satisfaite de ma petite victoire, je me retournai vers la Pouffy et je lui demandai avec un regard inquiet, la détaillant rapidement pour voir si l'autre ne l'avait pas blessée.

-"Tout va bien ? Il ne t'as pas fait de mal ? Désolée si je t'ai faite passer pour ma petite-amie, ça m'est venu comme ça."

Alors que je plantai mon regard dans celui d'Alice, un frisson me parcourut de part en part, comme si quelque chose me poussait à aller plus près d'elle. Je secouai la tête en me disant que je devais me faire des idées. Une aussi jolie fille ne serait pas intéressée par moi, c'était impossible. Je lui fis un baise-main en ajoutant.

-"Je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Thunder. Et toi c'est quoi ton nom ma jolie ? 'Fin non pas ma jolie ! Pas que t'es moche, loin de là, t'es carrément mon genre en plus. Je t'aurais même proposé de boire ou manger un truc dehors si ça te disait… Je crois que je vais me taire ça vaut mieux…"

{C'est quoi ton problème Wood !? Ressaisis-toi bon sang !}

Je me mis à me gratter l'arrière du crâne tout en la baissant, étant vraiment gênée par ce que je venais de dire à Alice. Elle va penser quoi de moi maintenant ? Je la sauve d'un porc en rut pour ensuite lui dire qu'elle est carrément mon genre. Je tournai les talons en ajoutant.

-"Désolée si je t'ai gênée… Je te souhaite une bonne journée."

Je devins un peu triste en pensant avoir encore tout foutu en l'air avec mon trop franc parler, mais je gardai ce pincement au cœur au fond de moi, je le laisserai s'exprimer dans mon coin avec ma guitare tantôt.

Alors que l'autre clampin partit la queue entre les jambes, je me retournai vers la jeune Poufsouffle pour voir si elle allait bien, ainsi que pour m'excuser de l'avoir faite passer pour ma petite amie, l'idée m'étant parue plus marquante pour appuyer le fait que si cet imbécile heureux de forceur revenait à la charge, elle allait connaître les foudres d'une Wood.

Alice me remercia après m'avoir dit que ce n'était pas grave que je l'ai faite passée comme ma compagne, ce qui me rassura un peu, même si l'envie de me rapprocher d'elle ne décolle pas de mon esprit. Je secouai la tête avant de répondre avec un sourire franc.

"Ce n'est rien, vraiment. Entre filles on doit se serrer les coudes, surtout face à des personnes de son genre."

C'était à mon tour d'être un peu mal à l'aise. Non pas pour avoir sauvé Alice des pattes de cet énergumène qui se croyait permis de faire du forcing car il pensait qu'il était un tombeur, mais pour le fait que mon éternelle franchise ait encore pris le dessus juste après m'être présentée, disant même à ma camarade qu'elle était carrément mon genre et que je l'aurais bien invitée à manger ou boire quelque chose en sa compagnie.

Je me tournai donc pour la laisser tranquille, essayant de refouler au plus profond de moi la peine que je ressentais encore suite à ma première déclaration de l'année dernière, me disant que mieux valait laisser tomber avant de faire trop.de dégâts cette fois-ci.

Cependant, je fus sciée quand ma camarade me dit de ne pas partir ainsi, et que si je voulais jouer les chevaliers blancs, je devais aller jusqu'au bout. Alice ajouta ensuite que nous pouvions manger dans la Grande Salle pour apprendre à mieux nous connaître, ainsi que pour que je lui explique où j'ai appris à découper les parties intimes des forceurs. J'arquai un sourcil avant de me mettre à rire et de lui répondre quand elle se présenta à son tour.

"Enchantée Alice. On t'as déjà dit que tu avais le même nom qu'un célèbre chanteur de Rock/Metal ? Vendu pour la Grande Salle, ça me ferait plaisir également de mieux te connaître."

Quand Alice me rejoignit, j'eus le réflexe de proposer mon bras pour l'accompagner, lui laissant le choix de le prendre ou pas. Nous nous dirigeâmes donc vers la Grande Salle, où quelques personnes étaient en train de prendre leur repas.

Nous nous installâmes non loin de la porte, laissant Alice prendre place avant que je ne me mette à côté d'elle, la table étant trop grande pour avoir une conversation discrète avec l'acoustique des lieux, avant de dire à Alice.

"Pour répondre à ta dernière requête Sweetie, disons que c'est grâce à ma famille que je sais me défendre et appuyer là où ça fait mal pour ainsi dire. Je suis la seule fille d'une famille de militaires. Mes parents sont dans les forces spéciales, et ils m'entraînaient quand je vivais chez eux."

Je me rendis compte du surnom que je lui avais donné trop tard, ce qui me fit perdre complètement mes moyens après coup. Je pris deux verres devant moi et je demandai en essayant de ne pas me perdre à nouveau dans les yeux d'Alice.

"Veux-tu … quelque chose à boire ?"

{Reprends-toi bon sang ! Réfléchis avant de balancer des énormités !}

Je retirai ma veste juste après avoir donné à Alice ce qu'elle voulait, la gêne et ce que la jeune femme devant moi dégageait me donnais un coup de chaud, je ne savais pas comment l'expliquer.

Je perdais de plus en plus mes moyens en présence d'Alice, alors que je n'ai fait que la débarrasser d'un forceur. À croire que quelqu'un m'avait jeté un sort pour me rendre totalement à sa merci…

Je n'étais pas du tout dans l'optique de vouloir flirter avec elle pourtant, j'étais encore en mal du rejet que j'avais essuyé avant les grandes vacances, et je voulais éviter de souffrir à nouveau, même si Alice était vraiment mignonne en y repensant.

Cette dernière m'expliqua qu'elle avait beaucoup de mal à être seule en présence d'une personne qu'elle connaissait à peine, suite à un traumatisme en décryptant un peu ce qu'elle me disait. Je ne lui demandai pas plus de détails pour le moment, elle m'en parlera quand elle se sentira prête. Je lui répondis avec un sourire en coin.

"Je vois… Alors je suis sincèrement honnorée de faire partie des personnes avec qui tu veux passer du temps."

J'acceptai avec joie sa proposition de faire plus ample connaissance dans la Grande Salle, au moins nous n'aurions pas eu à attendre le week-end pour aller au salon de thé ou aux trois balais. Ça restait également un lieux parfaitement neutre, en plus d'être connu de toutes les deux.

Je tendis mon bras pour jouer le rôle du preux chevalier blanc comme la jeune femme à mes côtés me l'avait proposé, la blonde se mettant à pouffer de rire avant de passer le sien, ce qui me fit ricaner également. Mon cœur accéléra légèrement lors de ce moment de proximité, mais je tus cette sensation naissante, ne voulant pas gâcher ce moment.

Une fois arrivées, je lui expliquai que j'étais la seule fille d'une longue lignée de militaires, et que ces derniers m'entraînaient quand j'étais à la maison et qu'ils étaient là. Je perdis à nouveau les pédales en me rendant compte que je l'avais surnommée "Sweetie", me rattrapant en prenant deux verres pour ensuite demander à Alice ce qu'elle voulait boire.

Sur le temps que je servis ma camarade de la maison Poufsouffle, cette dernière me dit que ça ne devait pas être évident tous les jours avec les absences de mes parents pour leur travail, avant de demander si j'étais une née-moldue. Elle ajouta ensuite que sa mère en était aussi une, qu'elle était fascinée par la magie et qu'elle avait même essayé de tester des baguettes chez Ollivander. J'eus un sourire amusé en entendant sa dernière phrase avant de répondre.

"Tu as beaucoup de chance… Disons que pour moi, ça s'est moins bien passé. Quand mes parents ont appris que j'étais une sorcière, mon père a très mal réagi. Depuis la réception de ma lettre d'inscription, même s'il continuait de m'entraîner quand j’étais à la maison, il ne m'a plus jamais adressé la parole en dehors des ordres pour les exercices. Mais bon, c'est du passé tout ça. Maintenant j'ai mon loft où je passe la plupart de mes week-ends, à travailler sur un projet que j'ai avec une amie."

Je gardai mon sourire malgré la peine que j'avais après ce que je venais de dire, donnant enfin son verre de jus de citrouille à Alice en ajoutant.

"Et un jus de citrouille pour la belle bouille !"

C'était peut-être un jeu de mots à deux balles, mais au moins ça me faisait penser à quelque chose de plus joyeux que mon père. Je ne voulais pas plomber l'ambiance, surtout avec la belle jeune femme qui était à mes côtés et avec qui je faisais connaissance. Je me servis un jus d'orange pour ma part, avec une pointe de citron. Je levai mon verre vers Alice en disant.

"À notre rencontre ! En espérant que ça soit le début d'une belle histoire."

Je regarde attentivement Alice, reconnaissante pour sa confiance en moi. J'ai rarement rencontré quelqu'un qui puisse lire en moi de cette manière, et cela me réchauffe le cœur, je ne sais pas vraiment pourquoi. Je ne suis pas une fille qui se fait facilement des amis à la base, de par le fait que je cours partout en temps normal, puis je me mêle souvent de ce qui ne me regarde pas selon les autres, alors que j'aide juste les plus faibles quand on s'en prend à eux. Mon sourire répond à celui de la belle blonde, reflétant mon propre sentiment de sécurité en sa présence.

"Bizarrement, tu es une des rares personnes avec lesquelles je me sens bien quand je suis en leur compagnie" dis-je sincèrement, mes yeux bleus plongeant dans les siens. "C'est rare de rencontrer quelqu'un avec qui on se sent immédiatement à l'aise, mais c'est le cas avec toi."

Je prends une gorgée de mon jus de citrouille, appréciant le goût sucré. Sa compassion à propos de la relation avec mon père touche une corde sensible en moi, et je baisse les yeux pendant un moment, rassemblant mes pensées.

"Merci, Alice" murmuré-je doucement. "Ça a été difficile, mais je pense que je suis en train de trouver mon chemin. Grâce à mon mentor et mon amie, j'ai une certaine stabilité dans ma vie en dehors de Poudlard. Et non, je ne vis pas avec mon amie, elle est avec un ami à elle dans leur appartement. J'ai juste mon Voyou à mes côtés."

Je lève mon verre pour trinquer avec elle, souriant chaleureusement à la jeune femme avec qui je parle, avant de boire une gorgée de ma boisson et de demander ensuite à ma camarade du jour.

"Sinon, quelles sont tes passions ? Les miennes sont les potions, la lecture et la musique. Par contre, j'ai du mal à rester en place trop longtemps quand je n'ai pas quelqu'un avec moi."