| Carpeta compartida | Seònaid | Gaïa
| Sujet: Carpeta compartida | Seònaid | Gaïa Mer 1 Juin - 17:25 Ce matin, je me levais de bon cœur. Je jetais à peine un coup d’œil par la fenêtre, attrapais un jeans et un tee-shirt et filais à la salle de bain. Je m’habillais en toute hâte, espérant que mon haut bleu criard et mon jeans troué ne serait pas mal vu par celle que j’allais rejoindre. De toute façon, je n’avais pas le choix, je n’allais pas remplacer un jean troué par un autre jeans troué. Ramassant la veste qui trainait au bout de mon lit, je me dirigeais vers la sortie.
Je débouchais sur un couloir complètement vide. Enfin non, pas complètement. Disons juste plus vide que d’ordinaire. Il n’y avait que les lèves tôt qui se dirigeaient sans hâte vers la grande salle pour déjeuner. Je restais quelques secondes devant la porte de mon dortoir, observant leur petit manège et essayant de comprendre comment il était possible de décider sciemment de se lever à 9heures, sans l’influence de la torture. Ils avaient l’air heureux en plus. Les yeux bouffis d’un sommeil réparateur et le sourire apaisé de ceux qui savent qu’ils vont passer une bonne journée. Je descendais les escaliers, me mêlant à cette foule d’illuminés matinaux, pressée de boire un jus de citrouille qui viendrait finir de me réveiller complètement. Aujourd’hui, c’était ma chance. J’avais envoyé quelques jours plus tôt un parchemin à Seònaid Mac Neachtain, une riche entrepreneuse qui avait su relier le monde des moldus à celui des sorciers. Cette femme aimait l’art. J’avais vu en elle une alliée de taille pour reprendre le contrôle sur mon avenir. J’avais imaginé qu’elle serait réceptive à ma demande, mais je n’aurais jamais pensé qu’elle répondrait aussi, et qu’elle se rende aussi disponible pour moi. Elle m’avait donné rendez-vous à Pré-Au-Lard, le deuxième dimanche du mois de mars, réagissant à une rapidité qui m’avait laissé sur le cul. J’avais non seulement hâte de recoudre avec ma passion et de voir ce qu’elle pouvait faire pour moi, mais aussi de rencontrer cette femme qui, pour moi, relevait du miracle. J’étais excitée comme une enfant et jamais personne n’avait adressé un sourire aussi rayonnant à un bol de céréales. Je me forçais à prendre mon temps, à laisser ma langue transmettre à mon cerveau les informations sur ce que j’essayais difficilement de ne pas engloutir. De toute façon, le rendez-vous était fixé en début d’après-midi. Je consultais ma montre, il était à peine 10h. Je poussais mon bol loin de moi et me lever d’un coup, mon carnet de dessin sous le bras. Je ne savais pas où aller. Les gens normaux, dont je faisais partie d’ordinaire, dormaient encore. Je savais que je ne pourrais pas retrouver le sommeil, j’étais bien trop sur le qui-vive. La bibliothèque était trop silencieuse pour moi et il était hors de question que je m’y rende. Finalement, au bout de quelques couloirs à errer en me demandant ce que j’allais faire, je fini par m’assoir à même le sol, mon carnet sur les genoux.
Je souriais, c’était parfait. J’entendais les bruits des conversations qui montaient de la grande salle, les pas des élèves qui se précipitaient pour déjeuner et de ceux, plus calmes, qui en revenaient. Je voyais leurs pieds défiler sous mes yeux et essayais de mettre un visage sur les chaussures. Et puis, j’ouvrais mon cahier, me mettant à tracer, souligner, gommer frénétiquement. Au bout d’une bonne heure, j’arrivais à mes fins. Sous mes yeux, la grande porte de Poudlard s’ouvrait, poussée par un millier d’oiseaux qui en sortaient, prenant leur envol dans une puissance et une majesté qui me fit sourire. Et puis je fermais le cahier, commençant à voir les défauts et les limites de mon esquisse qui ne disait rien de plus que les symboles que j’y avais glissé. Pas d’émotion, pas de vive ressentie de grandeur ou de liberté.
Je ravalais ma salive et consultais l’heure : midi. Je me relevais et filais jusqu’à mon dortoir, où même les plus feignants avaient fini par s’extirper de leur lit. Je prenais un sac sur mon étagère qui débordait d’un bazar innommable et sortais en me promettant d’y remédier le soir même. J’allais manger en ne prenant presque pas part aux conversations qui fusaient autour de moi et sortais sans un revoir ni un regard à mes camarades. D’un pas vif et décidé, je quittais le château, avec la certitude que, quand j’y rentrerais quelques heures plus tard, la boule qui ne quittais plus mon ventre depuis mes 10ans aurait enfin disparut. Il ne faisait pas chaud, même pour un mois de mars. Je fermais ma veste sans ralentir mon allure, passant sans m’arrêter devant boutiques et maisons de la rue commerçante de Pré-Au-Lard. Je fixais du regard l'enseigne des Trois Balais qui se balançait paresseusement avec le vent. Cinquante mètres, quarante, vingt, cinq. J’y étais. Je poussais la porte, sans hâte, dissimulant mon impatience derrière un masque d’indifférence qui ne m’allait pas du tout et que je ne pus garder bien longtemps. Je balayais la salle du regard et m’asseyais à une table qui me permettait de garder un œil sur la porte, constatant que Seònaid n’était pas encore arrivée. Un coup d’œil à l’horloge derrière le comptoir m’apprit que j’avais 10 bonnes minutes d’avance. Je commandais une bierraubeure et attendais patiemment que ma vie retourne sur la bonne voie. |
| Sujet: Re: Carpeta compartida | Seònaid | Gaïa Jeu 2 Juin - 17:12 Carpeta Compartida Dimanche 11 Mars 2018 La fine pluie du matin avait laissé la place à un temps un peu plus clément – quoique toujours gris – dans le ciel nuageux de Poudlard et les oiseaux volaient encore bas dans le ciel, la nature léchant doucement l'eau qui recommençait à peine à la nourrir pour commencer une nouvelle vie. Le printemps serait bientôt là et les températures montantes l'annonçaient même si l’Écosse tardait comme toujours à se joindre à l'assemblée des nouvelles chaleurs. Seònaid pour sa part venait tout juste d'arriver dans les environs de Poudlard. Elle n'y avait pas remis les pieds depuis quelques années maintenant, et un fin sourire se dessina sur les lèvres lorsqu'elle aperçut le géant qui surplombait le village de Pré-au-lard en contrebas. Plus tôt dans la journée elle avait eu l'occasion de se lever à une heure raisonnable puis s'était chargé de quelques petites crises mineures dans certaines agences qu'elle possédait à l'étranger ou de signer quelques papiers qui commençaient à trop s'attarder sur son bureau. Elle avait rarement du temps pour elle-même et le dimanche était en général une journée durant laquelle elle pouvait se détendre et profiter de son temps libre pour planifier quelque vol d’œuvre majeure ou encore peindre pour elle-même ou ses plans. Parfois elle se permettait même la folie de prendre le temps de se rendre à un rendez-vous plus personnel. Mais aujourd'hui ce serait difficile. La majeure partie de son après-midi était libre et elle aurait certainement pu trouver des occupations, mais son rendez-vous avec une jeune élève de Poudlard risquait de se prolonger. La lettre avait attisé sa curiosité et elle voyait en l'initiative de la jeune fille le signe d'une ambition qui lui plaisait bien. C'était définitivement une qualité qu'elle recherchait chez de potentiels atouts pour le futurs, car il ne fallait pas se leurrer : Seònaid restait une femme d'affaire et chaque rencontre qu'elle faisait avait pour but de mener à quelque chose de grandiose. Ici, avec de la chance, il s'agirait d'un futur contact à ne pas négliger. D'ailleurs maintenant qu'elle y pensait elle devrait peut-être commencer à se renseigner sur les futurs diplômés d'ASPIC de cette année afin de recruter ceux possédant des compétences qui pourraient l'intéresser. Elle avait besoin de cette jeunesse pour mener une future campagne pour le poste de Ministre de la Magie. Peut-être passer une annonce pour offrir des bourses au mérite et lier un petit contrat derrière. Les études en Grande-Bretagne n'étaient pas gratuite, ni même celles à l'étranger, et ce même dans le monde sorcier. Bien sûr beaucoup de sorciers après leurs ASPIC étaient aptes à entrer dans la vie active mais ce n'était pas le cas de tous. Tout ceci lui offrirait non seulement des personnes reconnaissantes envers elle, mais en plus elle verrait sa popularité grandir dans la population si elle aidait non seulement la jeunesse à préparer leur avenir mais aussi les familles qui ne pouvaient pas se permettre ce genre de chose. Enfin, elle approcha rapidement de la porte des Trois Balais et la franchit pour se mettre à l'abri du froid et chercher la jeune femme qu'elle devait rencontrer. Elle ne devrait pas être difficile à reconnaître, beaucoup d'artistes aimaient sortir du lot, et elle ne se trompait pas. Elle repéra rapidement une jeune femme aux cheveux colorés et un fin sourire étira les lèvres de Seònaid. D'une démarche assurée elle la rejoignit rapidement, lissant son chemisier fait de tissu lâche à l'envolée légère à chaque pas et tirant un peu sur le blazer qui le couvrait afin de se maintenir au chaud. Elle s'arrêta au niveau de l'élève et se pencha un peu sur le côté pour attirer son attention. « Miss Lintz, je présume ? » Seònaid se redressa et lui tendit la main pour serrer la sienne. « Seònaid Mac Neachtain. » Elle lui épargna ses titres et d'un geste de la main vers la gérante derrière le comptoir la fit venir. « Je vous prendrai une tisane d'ortie avec une tranche de citron dans le fond. Mettez également la boisson de mademoiselle sur mon addition, ou la suivante si elle a déjà payé. Dans une salle privée s'il vous plaît. » Elle offrit un sourire rassurant à la jeune Lintz et d'un geste ample de la main désigna la salle remplie d'élève. « Je ne voudrai pas perdre une miette de ce que vous avez à me dire et le bruit de fond risque d'empêcher une écoute efficace, j'espère que vous n'y voyez pas d'inconvénient. » La gérante les invita à la suite et Seònaid laissa l'élève ouvrir la marche si elle le désirait. Une sorte de petit test, voir si elle prendrait les rênes d'elle-même. |
| Sujet: Re: Carpeta compartida | Seònaid | Gaïa Jeu 16 Juin - 13:45 J’étais assise depuis quelques minutes, les yeux rivés sur la porte quand je la vis entrer.
Elle n’avait pas sa place ici, dans ce repère de sorciers bruyant et désœuvrés. Je ne fus pas la seule à avoir cette impression, si je me fiais aux regards que la foule posait plus ou moins discrètement sur elle. Elle avait l’air de sortir d’une réunion de chefs d’État et d’avoir encore plus important à faire. Je ne m’attendais pas à autre chose, mais je ne m’attendais pas non plus à l’impression que sa vue m’inspira.
J’avais pensé rencontrer une femme prétentieuse, hautaine et plus sûre d’elle que la courtoisie ne le permet. Mais ce ne fut pas le cas. À vrai dire, malgré ses incontestables airs de femme importante et débordée, elle avait l’air plutôt sympa, simplement un peu plus efficace que la moyenne des sorciers réunis ici.
Elle sourit à ma vue, et je me fis un plaisir de le lui rendre, me levant pour la saluer.
Je me sentais importante à ses côtés, comme si sa simple présence suffisait à concrétiser mon projet. D’ailleurs, si je me fiais à ce que j’avais lu sur elle, je pouvais être à peu près sûre que ça allait être le cas. J’avais fait le plus dur en attirant son attention, ce qui, au final, c’était révélé bien plus facile que ce que je pensais.
J’avais pensé qu’une lettre d’une étudiante passerait à la trappe pour quelqu’un comme elle, que j’aurais pu m’estimer heureuse qu’elle ne lise ne serait-ce que la première ligne. Les quelques jours ayant séparé mon courrier de sa réponse avaient été d’une longueur alarmante et j’avais occupé mon temps à imaginer des plans absolument irréalisable pour qu’elle entende ce que j’avais à lui dire. J’avais presque envie d’en rire, en la voyant aujourd’hui devant moi, brisant les idées que je m’étais faite à son sujet.
Elle ne perdit pas de temps en politesse et en présentation : nous savions toutes les deux à qui nous avions à faire et pourquoi nous étions réunies aujourd’hui. Elle demanda l’accès à un salon privé dont j’ignorais l’existence jusqu’à lors et le serveur s’empressa de répondre à sa demande. Elle ne lui emboita pas le pas, alors j’attrapais mon verre et la laissait fermer la marche. Il ouvrit la porte sur un salon sombre, mais chaleureux. Il y avait une grande table en bois clair, une cheminé, et un canapé devant lequel était installée une table basse. Je n’hésitais pas à prendre place dans le canapé qui me happa aussitôt que je m’y asseyais, trouvant la table bien plus trop inconfortable, et trop grande pour simplement 2 personnes.
« Je suis vraiment heureuse que vous ayez fait le déplacement, je marquais une pause, ne sachant si j’allais la blesser ou pas, mais je continuais, à vrai dire, je ne pensais pas que vous viendriez. »
Je lui adressais un franc sourire cette fois, rendue réellement heureuse par la certitude de m’être adressée à la bonne personne. J’avais tant de chose à lui dire, tant de chose à lui demander. J’étais vraiment rassurée de savoir que la femme avec qui j’allais surement devoir passer beaucoup de temps ne soit pas une pauvre conne que l’argent aurait rendu bien plus détestable qu’elle ne l’était pourtant au départ.
Je ne savais pas quoi lui dire d’autre. Elle connaissait mon projet, mes motivations et les lui répéter n’aurait pas servie à grand-chose. C’était moi qui avais besoin de son aide et non l’inverse. Prête à tout pour reprendre la main sur le cours de ma vie, j’attendais qu’elle me dise quoi faire pour agir. Avec Seònidad comme alliée, je me doutais qu’il faudrait une armée pour nous empêcher de réaliser notre but, et je doutais que quiconque ne soulève une armée pour empêcher des sorciers d’étudier dans une école d’art moldue. |
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