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Hecate - L'enfant du silence

Hecate Nightingale
Hecate Nightingale
ProfilDate d'inscription : 07/08/2020
Messages : 575
Date de naissance : 27/05/2006
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Sujet: Hecate - L'enfant du silence
Jeu 10 Déc - 4:51
Voici quelques aventures, ou plutôt mésaventures, d'Hecate hors RP.

Je profite de ce post, pour les petits curieux, que certains sujets abordés peuvent froisser la sensibilité de certains. La vie est comme une rose, il y a la douceur des pétales mais aussi la douloureuse piqure de l'épine, Hecate ne fait pas exception à la règle.
Si vous êtes sensibles à la violence sur enfants, ou autres sujets aussi joyeux du même genre, je vous déconseille de continuer la lecture. Je ne suis pas allée loin dans les détails, je suis restée assez évasive sur certains points, mais il vaut mieux prévenir que guérir, et je ne souhaite pas particulièrement vous ramasser à la petite cuillère.

Encore là ? Je vous ai prévenu. A vos risques et périls, ne venez pas vous plaindre après. Bonne lecture ! (si on peut parler de bonne ^^)


Dernière édition par Hecate Nightingale le Jeu 10 Déc - 18:23, édité 2 fois
Hecate Nightingale
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Sujet: Noël rime aussi avec violence paternelle ou déception cruelle
Jeu 10 Déc - 4:54
« Oh Maman, maman, regarde, ce monsieur ressemble au Papa Noël, s'exclama une petite fille.
-  Oh oui, c'est vrai, tu as raison ma puce, s'exclama en rigolant sa mère. Peut-être que c'est le vrai Papa Noël. Il a le droit de prendre des vacances après Noël, c'est fatiguant de distribuer des cadeaux aux enfants du monde entier. »
Sur ces mots, la jeune mère ne put retenir sa fille, complétement excitée, qui se planta devant l'homme qui ressemblait au Père Noël. Elle resta quelques secondes, immobile, à le fixer, jusqu'à ce qu'il lève la tête et qu'il la regarde.
« Tu as besoin de quelque chose petite ?
- Papa Noël, je voulais vous remercier pour vos cadeaux. J'espère que vous aimez les biscuits que je vous avais laissés, j'ai aidé ma mère à les faire.
- Ils étaient délicieux, répondit l'inconnu, en jouant le rôle du plus célèbre vieil homme du monde. Tu as aimé tes cadeaux ?
- Oh oui, je les adore, s'écria la petite fille en faisant un câlin à son interlocuteur. Mais comment faites-vous le tour du monde ? Et où sont vos rennes ? Pourquoi êtes-vous dans un train ? Moi, si j'avais un traineau, je ne prendrais que ça. Et je pourrais monter dans votre traineau un jour ? Commença-t-elle à l'assaillir de questions, ce qui fit rire le vieil homme.
- Mes rennes doivent se reposer, et si je raconte comment je fais, Noël serait moins magique, non ?
- Allez Sophia, laisse le Père Noël tranquille, il doit se reposer, ordonna la mère de la petite curieuse, qui grommela un peu avant de retourner s'asseoir à côté de sa maman.
- Il faudra faire des cookies l'année prochaine pour le Papa Noël. »

Les passagers de la voiture regardèrent cette scène, attendris. Tous sauf Hecate. Elle regardait par la fenêtre défiler les paysages de la campagne écossaise. Des champs à perte de vue, une étendue de neige, une vision qu'elle trouvait bien monotone aujourd'hui. La tête appuyée contre la vitre, elle repensa à la conversation entre la petite fille et cet inconnu. Cette scène lui donnait envie de pleurer. Elle avait été cette petite Sophia auparavant. Comme cette petite fille, elle avait fait une liste de Noël super longue, elle avait décoré le sapin, mais aussi toute la maison aux couleurs de Noël, elle avait préparé les biscuits et le verre de lait avec sa mère pour le Père Noël, elle avait réveillé ses parents le lendemain matin, impatiente d'ouvrir ses cadeaux, elle avait sauté de joie quand elle avait vu que les biscuits avaient été mangés et que le verre de lait avait été bu, elle avait été super heureuse de découvrir le contenu de ses cadeaux. Mais c'était avant, c'étant avant la mort tragique de sa mère, elle n'était plus cette Hecate. Maintenant, elle ne décorait plus sa maison, elle ne préparait plus de collations pour le Père Noël, qui de toutes façons n'existait même pas, elle ne réveillerait plus ses parents le lendemain matin et sur sa liste de Noël, elle n'écrivait plus qu'une seule demande, la même depuis ses neuf ans, elle demandait l'amour de son père. Elle aurait bien voulu aussi demander le retour de sa mère, mais elle savait que ce n'était pas possible, que même la magie ne pouvait pas tout faire. Son autre envie était déjà plus réalisable. Après tout son père l'avait bien aimé dans son enfance, pourquoi cela ne serait plus possible aujourd'hui ? Ce n'était pas pour autant qu'elle avait reçu son cadeau. A chaque Noël, elle était déçue, attristée de voir que son souhait ne s'était toujours pas réalisé.

Alors que le train continuait sa route jusqu'à Londres où elle prendrait le Poudlard Express, alors que les paysages, qu'elle ne regardait déjà plus, continuaient de défiler, toujours de manière répétitive, Hecate se remémora les vacances qu'elle venait de passer.

« Amaryllis, une cousine de la famille, viendra fêter Noël avec nous. Elle souhaite te voir. – Alexandre »

Hecate regardait encore étonnée le hibou devant elle. En cinq années à Poudlard, elle n'avait jamais reçu de lettre, pas une seule. Elle aurait dû savoir, dès que le hibou avait lâché l'enveloppe dans son assiette que quelque chose clochait. Au début, elle avait cru à une erreur de destinataire, le lettre était sans doute pour une autre personne. Mais sur l'enveloppe, il y avait bien écrit son nom, elle crut même reconnaître l'écriture de son père. Mais ce n'était pas possible, non ? Son père ne lui adressait presque plus parole depuis la mort de sa femme, sauf quand il avait trop bu, et qu'il lui reprochait d'être la source de tous ses problèmes. Il ne lui aurait jamais écrit une lettre. Elle regarda l'enveloppe, méfiante et ne put se résigner à l'ouvrir. Elle se décida quelques heures plus tard. Allongée sur son lit, elle avait ouvert cette satanée enveloppe. Elle comprendrait peut-être mieux ce qui se tramait. La petite brune lut la lettre une première fois, puis la relut, avant de la lire une troisième fois. Le bout de papier finit au sol. Ce n'était pas possible. C'était sûrement une blague, une mauvaise plaisanterie. Mais de qui ? Elle n'était pas du genre à se confier sur sa vie privée et seul Endymion connaissait une partie de la réalité. Mais ce n'était pas du tout son genre. C'était peut-être vrai alors ?

En tout cas, Hecate se doutait que ce Noël ne serait pas le meilleur. Ce n'était pas pour rien qu'elle ne rentrait chez elle seulement quand elle était obligée. Et rien qu'en lisant la lettre, elle pouvait deviner que son père semblait très ravi de la voir pour les fêtes de fin d'année. Son ton était cassant, sec, il était allé directement à l'essentiel, sans la saluer ou demander de ses nouvelles. C'était sa couine qui souhaitait la voir, pas lui. Et le pire, ce qui avait surtout attristé la jeune fille, c'est qu'il avait signé par son prénom, il n'avait pas signé « Papa », « ton papa qui t'aime » ou quelque chose du genre. Elle rangea vite fait le papier coupable dans son coffre et passa le reste de la journée dans les serres, pour se changer les idées.

Et malheureusement, la jeune fille ne s'était pas trompée et pourtant elle aurait préféré. Elle aurait bien aimé qu'en descendant du train, son père l'attende, les bras ouverts. Elle aurait bien aimé qu'en route pour chez eux, dans la voiture, qu'il lui pose des questions, qu'il lui demande si ses cours à Poudlard se passaient bien, qu'il s'intéresse à elle tout simplement. Ou au moins, qu'il l'attende chez elle, sur le perron de la maison ou dans l'entrée, heureux de revoir sa fille unique. Mais ce n'était pas du tout le cas. Personne pour l'attendre sur le quai de la gare ou sur le perron de la maison. Non personne. Comme chaque été, elle montait les escaliers, sa lourde valise à la main, le cœur lourd, les larmes aux yeux pour rejoindre la solitude de sa chambre. Une fois allongée sur son lit, elle laissait couler les gouttes de leur prison oculaire. C'était le difficile retour à la réalité, la douche froide, son père ne serait plus le père aimant de son enfance, celui qui lui lisait des histoires le soir pour l'endormir, celui qui lui apprenait à jouer des scènes de théâtre ou avec qui elle peignait des décors.

Toute la soirée, Hecate ne vit personne. Son père n'était pas à la maison, elle ne savait pas où il était. Elle en profita pour nettoyer un peu la maison et continuer ses cadeaux de Noël. Dès qu'elle avait appris qu'elle venait fêter Noël ici, elle était allée à Pré-au-Lard pour acheter quelques présents pour son père et sa cousine, des chocolats et des livres essentiellement. Mais elle devait gâter les autres personnes qui lui étaient proches et elle devait profiter de l'absence de son père et de sa cousine.

Son père revint le lendemain. Il n'était pas tout seul, il était allé chercher la fameuse cousine à l'aéroport. « Hecate, viens saluer ta cousine Amaryllis. » La concernée regarda son père, étonnée. Il venait vraiment de l'appeler ? D'une voix douce ? Cela faisait des années qu'il ne lui avait pas parlé comme ça, elle ne connaissait plus que sa voix coupante et colérique. « Hecate, que fais-tu ? » Elle sortit de sa torpeur et s'approcha de d'Amaryllis pour la saluer. « Hecate. Tu as bien grandi. Tu es devenue une belle jeune fille. La dernière fois que je t'ai vue, tu faisais cette taille, s'esclaffa la cousine montrant la taille qu'Hecate faisait lors de leur dernière rencontre, alors qu'elle n'était que bébé. Mais cette maison n'est pas décorée. Où sont toutes les décorations de Noël ?
- Nous n'avons pas encore eu le temps de les acheter. La fin de l'année est très agitée et Hecate est seulement rentrée hier soir de son internat. »
La petite famille avait passé l'après-midi à décorer la maison aux couleurs de Noël. Une couronne à la porte, quelques guirlandes par ci par là, et évidemment, au milieu du salon, à côté de la cheminée où pendaient trois chaussettes rouges, trônaient un beau sapin, de taille moyenne, décoré de boules et de guirlandes rouges et dorées avec une belle étoile à son sommet. La petite famille, c'était le terme qui lui était naturellement venu en tête pour qualifier leur petit comité. Cela faisait vraiment famille. Elle avait l'impression de ne plus être seule, d'avoir retrouvé la famille qu'elle avait perdue. Cette sensation lui faisait chaud au cœur. Elle avait l’impression de retrouver quelque chose qu’elle ne pensait pas revivre, quelque chose qu’elle demandait pourtant tous les ans à Noël. Peut-être était-ce la magie de Noël qui opérait ? Peut-être que son père avait finalement pardonné à sa fille et était prêt à retrouver la relation qu’ils avaient auparavant ? Peut-être qu’elle rentrerait chez elle un peu plus souvent désormais ? Peut-être qu’il s’intéresserait de nouveau à elle, et pas seulement quand il avait trop bu ? Sa cousine n’était certes pas sa mère, personne ne pourrait la remplacer, mais elle avait une aura chaleureuse qui faisait du bien à la jeune fille mais aussi à son père. Hecate voyait les différences. Son père lui parlait de nouveau de sa voix douce, l’appelait pour les repas, venait la saluer le soir pour lui souhaiter une bonne nuit. Elle avait de nouveau pu goûter aux petits plats de son père, elle avait de nouveau entendu sa voix aimante, elle avait de nouveau l’impression d’être sa fille qu’il aimait et pas seulement la source de tous ses malheurs. Elle se mit à croire que finalement, elle n’avait pas espéré toutes ces années en vain.

Hecate, son père et sa cousine fêtèrent Noël comme n’importe quelle famille un peu clichée le fêterait. Ils étaient en petit comité, certes, mais ils formaient une famille heureuse et aimante, qui partageaient des repas plus copieux qu’à l’ordinaire, qui passaient la soirée ensemble dans le salon à regarder la télévision ou à faire des jeux de société et qui faisaient des batailles de boules de neige dehors avant de se réchauffer devant un bon chocolat chaud. Le fameux jour de Noël, confortablement habillés, ils avaient profité de leurs repas, avaient patienté jusqu’à minuit en s’amusant, en parlant, en riant avant de finalement s’échanger les cadeaux sous le sapin. Sa cousine lui avait offert une belle broche pour les cheveux, lui disant qu’à son âge avec sa beauté, elle devait certainement avoir des garçons qui lui tourneraient autour et que cette broche les rendrait encore plus fous d’elle. La petite brune avait souri, peu convaincue par ses propos, mais vraiment touchée par le cadeau qu’elle trouvait magnifique. Son père lui offrit un collier avec une églantine en pendentif, qui avait appartenu à sa femme, qui aurait voulu le donner à sa fille une fois qu’elle serait grande. Ce cadeau fit vraiment plaisir à Hecate, elle avait les larmes aux yeux alors que son père lui mettait autour du cou. Elle ne retirerait plus son collier, c’était certain, il avait beaucoup trop de valeur. Il lui rappelait sa mère, les fleurs qu’elle trouvait sur sa table de nuit le matin de son anniversaire, le parterre dans un coin de leur jardin, évidemment très fleuri. Il lui rappelait les journées où elle allait aider sa mère à la jardinerie ou dans les serres où elle effectuait ses recherches, les mains dans la terre, à chuchoter aux plantes. Une fois autour du cou, Hecate serra le pendentif de sa main. C’était sûrement le plus beau cadeau qu’on lui ait fait. Ils passèrent le reste de la soirée à s’amuser avant de finalement sombrer dans les bras de Morphée. En s’endormant le soir, avant de partir pour le pays des rêves, elle pensa qu’elle avait vécu le plus beau des Noël, son père lui avait offert un magnifique cadeau, mais surtout, son souhait, qu’elle réitérait tous les ans s’était enfin exaucé, son père l’aimait de nouveau, et cela, cela n’avait pas de prix. Comme quoi, elle n’avait pas espéré pour rien.

Cependant, tout cela était trop beau pour être vrai. La cousine était repartie le lendemain, pour voir d’autres membres de la famille, tout en promettant qu’elle reviendrait. Une fois Amaryllis partie, tous les faux semblants cessèrent, la façade de famille heureuse s’effondra, les masques tombèrent, la comédie prit fin et la joie d’Hecate sombra comme neige au soleil. Elle se referma sur elle-même. Elle avait enfin reçu le cadeau qu’elle demandait toutes ces années et alors qu’elle commençait à peine à en profiter, on le lui retirer, du jour au lendemain, sans crier gare. Elle retrouva le père de ces six dernières années, le père qui l’ignorait ou la battait selon ses humeurs et le taux d’alcool qu’il avait dans le sang. Sa fille était coincée derrière lui, elle était obligée de le supporter, lui et sa violence, jusqu’à la fin des vacances. Plus que dizaine de jours à tenir.

Au début, son père l’ignora, n’ayant presque rien bu en présence d’Amaryllis. Hecate le voyait presque pas, ils étaient rarement tous les deux dans la même pièce, et quand c’était le cas, il faisait comme si elle n’existait pas. La solitude qui l’effrayait et la faisait souffrir était désormais son quotidien. Elle essaya de se changer les idées comme elle le pouvait en fabriquant les cadeaux de Noël qui lui restaient à finir, en lisant ou plutôt relisant ses manuels scolaires, en se promenant, en faisant des bonhommes de neige dans le jardin, en rêvassant, mais cela ne l’empêchait pas de pleurer tous les soirs avant de finalement s’endormir comme un bébé, épuisée par toutes les larmes qu’elle avait laissée couler. Mais cela, c’était quand tout allait bien, les beaux jours.

Il fallut deux jours au père d’Hecate, et quelques bouteilles, pour se rappeler qu’il avait une fille, que sa fille, sa fille qu’il détestait tant, cette sale menteuse, vivait sous le même toit que lui et qu’elle était là actuellement. Pour certains, la colère était la deuxième étape du deuil. Cela faisait six ans qu’il stagnait à cette étape-là alors. La source de la colère était sa femme, le fait qu’elle lui ait caché qu’elle était une sorcière, qu’elle faisait des recherches en botanique, il lui reprochait le fait qu’il ait appris toute la vérité le jour où il l’avait perdue. Quand il découvrit que sa fille avait aussi des pouvoirs, comme sa femme, qu’elle lui avait caché, comme sa femme, c’était la goutte d’eau qui fit déborder le vase, ce fut le parallèle de trop. La petite brune, qui ressemblait tant à sa mère, devint son exutoire, la personne à qui il adressait toute la colère, toute la haine même qu’il éprouvait pour sa femme, puisqu’il ne pouvait plus le dire à cette dernière. Il lui fit tous les reproches qui lui passaient par la tête. « Tu n’es qu’une sale menteuse ! », « Tu n’apportes que la mort ! », « Personne ne pourrait aimer une personne comme toi. », « Regarde-toi ! Qui pourrait supporter une fille comme toi ? », « Tu te crois supérieure aux autres parce que tu peux faire des tours de passe-passe avec ton morceau de bois, mais redescends sur terre, la magie n’apporte que la mort ! », et d’autres phrases du même genre, lui permettant d’exprimer tout le mépris qu’il avait pour elle, pour les gens capables de faire de la magie tout simplement. La jeune fille écoutait toutes ces phrases, sans broncher, sans montrer le mal que cela lui faisait, elle se mordait simplement la lèvre pour ne pas laisser s’exprimer un sanglot. On pourrait croire qu’à force de les entendre, elle serait habituée. Oui, elle était habituée, mais ce n’était pas pour autant que cela ne la faisait pas souffrir. Elle avait fini par croire ce que lui disait son père. Après tout, si son père le disait, c’était sûrement la réalité, non ? C’était son père après tout. Elle avait fini par croire qu’elle n’était qu’une personne abjecte qui n’en valait pas la peine, qu’elle ne méritait pas d’être aimée, même juste appréciée, qu’elle ne méritait pas d’être heureuse, qu’elle n’avait aucune valeur. Mais cela, c’était quand cela allait encore, les jours normaux.

Son père lui rendit une première fois visite dans sa chambre le samedi premier janvier, alors que minuit venait de sonner, alors que dans les autres foyers tout le monde s’enlaçait en se souhaitant, en criant souvent, la bonne année, Hecate, elle, ne criait pas pour les mêmes raisons, ne recevait pas les mêmes gestes de tendresse, les mêmes caresses. L’homme, ayant beaucoup bu, était venu lui répéter les insultes qu’il lui répétait ces derniers jours. Mais ce n’était pas assez, cela ne lui permettait d’exprimer toute la rage qu’il contenait dans son cœur, il avait besoin de plus. Les poings avaient fini par remplacer les mots. Elle reçut peu de coups de poing, quelques-uns en haut du corps, sur les épaules essentiellement, le dernier au visage. Au début, elle ne disait rien, acceptait les coups sans broncher, se laissait faire. Elle savait que si elle bougeait, que si elle émettait un bruit, cela mettrait encore plus son père en colère et que la durerait plus longtemps. Un seul cri s’échappa de ses lèvres, quand il son poing atteignit son front avant de revenir vers son nez. Il quitta la pièce sur ce dernier coup tandis qu’Hecate, la tête en avant, essayait de ne pas salir ses draps du sang qui coulait de son nez. La nouvelle année commença sous le signe de la violence et les sept jours qui suivirent, avant son départ pour Poudlard, continuèrent sur cette lancée.

Désormais, son père venait la voir une fois dans la journée, souvent le soir, car la journée, elle faisait tout pour échapper à son emprise en restant loin de la maison ou en s’enfermant dans le grenier, mais aussi parce qu’il ne commençait à boire qu’à partir de l’après-midi et était bien ivre seulement le soir. Chaque jour apportait son lot de souffrances, de larmes, de cris, d’insultes et de coups. Hecate s’y était presque résignée, chaque soir, elle attendait la visite de son père, inévitable. Et chaque soir, il venait, ne dérogeant pas à ses habitudes. Ce soir-là par exemple, ce n’était que des claques, moins douloureuses que les coups de poing certes, mais leur nombre beaucoup plus élevé fit qu’elle eut autant de mal qu’hier et qu’elle finit encore le nez en sang, pas pour y avoir reçu un coup mais simplement à force de se recevoir des coups aux visages. Son père repartit, tandis qu’elle laissait couler les larmes qu’elle avait retenu et qu’elle se levait pour regarder dans le miroir les dégâts que son père lui avait infligé. Son nez saignait toujours, elle avait les joues rouges à force d’y avoir reçu des coups, les cheveux emmêlés, les yeux gonflés à cause des larmes, mais d’un beau vert émeraude, peut-être la seule trace de beauté dans ce triste spectacle. Rien de bien méchant. Peut-être qu’elle aurait des bleus aux joues le lendemain, elle y avait reçu beaucoup de claques.

Malheureusement, elle ne s’était pas trompée, le lendemain, en se regardant dans le miroir, Hecate put remarquer que ses joues avaient pris une couleur bleutée. Elle espérait que cela partirait vite. Elle allait devoir éviter de sortir maintenant, si elle ne voulait pas que certaines personnes lui posent des questions, si elle ne voulait pas susciter l’inquiétude ou la suspicion. Elle passa donc toute sa journée dans le grenier, à s’occuper comme elle pouvait, à se faire la plus discrète possible, à faire le moins de bruit possible pour ne pas énerver son père. Elle ne quittait la sécurité du grenier seulement pour aller aux toilettes ou grignoter un petit peu. Cependant, cela ne suffit pas à son père pour lui faire oublier sa présence. Il lui rendit quand même visite le soir, à vociférer toute sa haine, à cracher tout son mépris, en laisser sortir son torrent de reproches et d’insultes avant de laisser peu à peu place à la violence physique. La ceinture qui tenait son pantalon trouva une autre utilisation et claquait à plusieurs reprises sur la peau d’Hecate. Au moins, cela variait. Malgré son pyjama, elle pouvait sentir la morsure de la douleur. Inconsciemment, alors qu’elle faisait tout pour ne pas broncher aux différents claquements de la ceinture, elle se recroquevilla dans son lit. Erreur à ne pas faire ! Cela énerva encore plus son père qui la tira de toutes ses forces et lui ordonna de rester debout. Alors que ses jambes tremblaient de douleur, à un point qu’elle ne savait même pas comment elles pouvaient encore supporter son corps, il continua à la marteler de coups. Clac ! Clic ! Il partit comme il était entré, sans faire de bruit, laissant sa fille seule, toute pantelante au sol. Elle resta quelques minutes, recroquevillée, avant de rejoindre dans son lit. Elle bougea le moins possible, pour ne pas rallumer la douleur. Elle ne dormit presque pas cette nuit, ayant trop mal pour parvenir à rejoindre les bras de Morphée.

Pendant les deux jours qui suivirent, Hecate ne vit pas une seule fois son père. Elle ne savait pas s’il était toujours à la maison, enfermée dans sa chambre ou dans une autre pièce de la demeure ou s’il s’était carrément absenté. Pour être franche, cela l’arrangeait, au moins, elle n’était pas à la portée de ses coups pendant un moment. Elle continua cependant à se faire discrète et à passer toutes ses journées dans le grenier, au cas où il serait encore là. De toute façon, la douleur la lançait trop pour qu’elle puisse faire trop bouger. Un simple mouvement de bras et elle sentait son corps gémir.

Malheureusement, le répit fut de trop courte durée, c’était toujours comme ça. Alors qu’elle se levait, le jeudi matin, Hecate eut la mauvaise surprise de tomber sur son père. Pas littéralement, heureusement. De toute façon, elle aurait subi les conséquences. Non, elle l’avait juste croisé dans le salon. Il n’avait même pas daigné la regarder. C’était sûrement un mal pour un bien. Il ne lui adressa pas de la parole de la journée, ni de la journée qui suivit. Ce ne fut que vendredi soir qui lui rendit de nouveau visite dans sa chambre. Ce fut le même programme, quelques reproches, quelques insultes avant de passer aux coups. Un programme bien joyeux.

« Plus qu’un jour à tenir, pensait Hecate. Demain, tu reprends le train pour Londres, tu reprends le Poudlard Express, tu quittes la maison pour rejoindre Poudlard. Allez tiens bon. » Ce fut les premières pensées de la jeune fille en se levant le samedi. Une dernière journée à supporter son père avant de ne plus le voir pendant les six prochains mois. Cependant, cela ne se passa pas comme elle l’espérait, en même temps, cela aurait été trop beau pour être vrai. Son père dut se rappeler que son exutoire partirait le lendemain, ou peut-être qu’il avait besoin d’exprimer toute sa colère plus tôt, car il n’attendit pas le soir pour lui rendre visite, non. En début d’après-midi, alors que sa fille avait quitté la tranquillité du grenier pour des raisons biologiques, alors qu’elle traversait le salon, son père se dirigea vers elle, le visage marqué par la colère. Juste en croisant ses yeux, elle se recroquevilla sur place, elle pouvait sans mal deviner la suite. « Sale menteuse de sorcière ! » Il se mit à frapper la jeune fille. « Tu me dégoûtes ! Toi et tes amis sorciers, vous êtes des êtres abjects, qui ne méritent pas de vivre, sortit son père, crachant tout le dégoût, toute la haine qu’il éprouvait pour la sorcellerie et les personnes capables de faire de la magie. Tu te crois supérieure aux autres parce que tu peux faire des tours de passe-passe avec ton morceau de bois, mais redescends sur terre, la magie n’apporte que la mort ! Réfléchis à pourquoi on brûlait les sorcières à l’époque. Tu mériterais le même sort ! » Chaque phrase était ponctuée d’un gémissement de douleur de sa fille. En effet, son père finissait chacun de ses reproches par un coup de pied dans les côtes, dans le ventre, dans les jambes ou bien dans les bras de la jeune fille, si bien qu’elle avait fini par tomber au sol à force. Mais cela n’empêcha pas l’homme de continuer à la frapper. C’était plus facile pour lui désormais de lui faire de mal, de la rouer de coups. Il continua à la frapper, à lui exprimer toute sa haine, à cracher tout ce qui lui venait à l’esprit, à lui reprocher d’avoir gâcher sa vie, à lui faire comprendre qu’à ses yeux, elle n’était rien, qu’elle ne méritait même pas de vivre. Hecate acceptait ce que disait son père sans broncher, sans dire un mot, les seuls sons qui sortaient de ses lèvres étaient ses geignements. Elle comprenait la colère de son père, elle était d’accord avec ce qu’il disait. De toute façon, même si elle l’avait voulu, elle était incapable de rétorquer, de prononcer un mot, elle avait trop mal pour le faire. Elle espérait que son père cesserait vite.

Finalement, son père dût se lasser de frapper sa fille, ou peut-être qu’il que l’effet de l’alcool commençait à se dissiper. En tout cas, il s’éloigna de la forme au sol pour retourner boire quelques verres de plus. Hecate resta quelques instants au sol, n’arrivant pas à se lever tout de suite, ayant mal un peu partout. Elle pouvait seulement bouger les doigts, mais faire un autre mouvement, n’importe lequel, relançait tout de suite la douleur. Elle ne sut pas combien de temps elle resta sur le sol du salon à pleurer de manière silencieuse pour ne pas faire revenir son père, à attendre que la souffrance s’estompe. Elle finit par réussir à se lever et à rejoindre en boitant sa chambre. Elle se regarda dans le miroir. Ah qu’elle était belle ainsi. Rien à voir avec la jeune fille du jour de Noël. Ses cheveux partaient dans tous les sens, complètement ébouriffés, à force d’avoir été tiré, ses yeux étaient gonflés et rouge, plus cernés qu’à l’accoutumée, seule l’iris était d’un vert émeraude, ses joues étaient rouges, et une bosse avait pris place sur son front. Elle regarda son corps. Quelques bleus, pas tous de la même couleur, certains avaient évolué, d’autres non. Quelques rayures rouges, les restes des coups de ceinture. En soi, pas grand-chose de visible. Les traces de coups sur son corps seraient masquées par ses vêtements heureusement longs à cette période de l’année, le rouge des joues s’atténuerait bien vite. Restait seulement la bosse, mais cela serait facile d’inventer un mensonge là-dessus. « Je me suis pris un arbre alors qu’on faisait une bataille de boule de neige. Oh, que je suis maladroite !  ». Pour les cernes, elle aurait juste à prétexter qu’ils avaient beaucoup fait la fête.

Et maintenant, que se passait-il ? Rien, la vie reprenait son cours normal. Hecate allait reprendre les cours à Poudlard, travailler pour obtenir ses BUSE et faire comme si rien de particulier s’était passé pendant ce Noël. Mais au fond, alors que son train arrivait enfin à Londres et que les paysages de campagne avaient fait place aux champs d’immeubles, elle se dit que ce Noël n’aurait pas été inutile, qu’elle avait bien fait de rentrer chez elle, cela lui avait même été nécessaire, c’était le retour à la réalité, un peu violent, certes, qui lui fallait. La jeune fille savait maintenant que cela ne servait à rien d’espérer, qu’au contraire, l’espoir n’apportait que de la souffrance et du désespoir. Au moins, si elle n’attendait plus rien de la vie, elle ne pourrait pas être déçue de ne pas l’avoir reçu. Chaque année, elle demandait une seule chose à Noël, rien de bien méchant, juste l’amour de son père. Au bout de six ans, elle avait fini par retrouver le père qu’elle avait perdu en même temps que la mort de sa mère, mais ce n’était qu’une mascarade, cela avait seulement duré le temps du séjour de la cousine, les masques étaient vite retombés. Elle avait reçu ce qu’elle souhaitait le plus au monde avant qu’on ne le lui retire, même pas une semaine après. Elle avait compris la leçon, la vie était une garce qui s’amusait à donner de faux espoirs avant de tout retirer, aussi vite que c’était arrivé, qu’il ne fallait pas prendre comme argent comptant quelque chose, car tout pouvait disparaître la seconde qui suit, que cela soit des objets matériels ou les sentiments, qu’il ne fallait rien attendre d’elle pour ne pas être déçue par la suite. Elle ne fêterait plus Noël. A part l’amour de son père, elle ne souhaitait rien d’autres, et même cela on ne pouvait lui donner de manière durable. Que pourrait-elle bien vouloir d’autres ? Rien. Noël n'était qu'une période de l'année remplie d'hypocrisie, de faux semblants et d'espoirs inutiles. Elle gardait le collier de sa mère autour du cou pour ne pas oublier ce Noël et la leçon qu’elle avait difficilement apprise.

Une fois à Poudlard, la vie reprit. Hecate ne parla évidemment pas de son Noël. A personne. Elle racontait juste qu’elle avait été heureuse de rencontrer sa cousine, ce qui n’était pas un mensonge. Elle souriait comme d’habitude aux autres, elle parlait à ses amis comme d’habitude, elle riait avec eux comme avant. Mais c’était moins sincère. Le sourire était moins grand, la parole plus calme, le rire moins profond. Elle s’isolait plus qu’avant, passait encore plus de temps dans les serres. Et il y avait les cauchemars. Toutes les nuits. Elle se réveillait toujours en plein milieu, toute ruisselante. Mais elle savait que cela partirait, il fallait juste attendre.
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