La rumeur d'un mariage arrangé || Olivia

La rumeur d'un mariage arrangé

ft. Tara & Olivia

« What a shitty day »

Se lever du mauvais pied, chose inhabituelle dans la vie palpitante de Tara. Ses pieds reposaient sur le parquet de sa chambre, son regard agacé cherchant à fuir les assauts incessants du soleil. Sa nuit avait été courte et mauvaise, et elle ne pouvait pas mettre ça sur la faute du chat. Non, Jack avait préféré roupiller dans le fauteuil de grand mère dans un coin de la pièce. Son ronronnement de complaisance contrastait avec le souffle énervé de sa patronne. Se levant d'un bond, la brune se précipita vers la cuisine, percutant la commode, de quoi faire grincer sa hanche. S'agissait-il d'un vendredi treize? Pas pour le calendrier visiblement, il n'affichait pas la même date. Ce n'était pas son jour. Tout simplement. Son attention se posa sur le verre à pied posé, soigneusement, sur la table de la cuisine. La marque de rouge à lèvres faisait tâche sur la beauté du cristal. Ce simple objet eut le don de raviver quelques mauvais souvenirs.

La veille, Tara avait eu la bonne ou mauvaise -cela dépendait du point de vue- surprise d'accueillir sa mère dans son nid douillet. Toujours chic et tirée à quatre épingles, elle s'était faite Reine en ces lieux, faisant abstraction de l'intimité de sa fille. Après quelques banalités échangées, Tara avait subi un interrogatoire aussi intéressant qu'une émission de Chasse & Pêche. Le travail, la musique, la magie, le loyer. Ah, et le célibat. La brune s'y plaisait bien, une situation qui n'était pas prise de tête et qui n'essoufflait pas le porte-monnaie. Il était vrai qu'une présence humaine aurait été un bon petit plus dans l'appartement, mais à quel prix? Certes, elle n'était pas pour finir vieille fille, mais elle avait encore le temps de trouver l'amour de sa vie. Bref, ce n'était toute fois pas au goût de sa mère qui avait fortement grincé des dents. Il était hors de question qu'elle reste seule ou qu'elle s'amuse à jouer avec une femme. Un autre problème qui s'installait paresseusement sur la liste de choses qui n'allaient pas. Fiona avait décidément du mal à comprendre que sa fille était sortie du cocon familial pour voler de ses propres ailes. Alors, elle avait balancé la bombe.

Il s'appelait Fenningan, Finn pour les intimes, un gosse de riche. Pardon, de bonne famille. Un sang-mêlé, tout comme elle. Et son futur mari, accessoirement. Tara donna un coup de baguette magique et tous les rideaux s'ouvrirent, la baignant dans la clarté aveuglante. Un bref regard pour l'horloge. Un café, une douche, un passage express dans la chambre et marche rapide jusqu'au Ministère. Tara stresser à l'idée d'être en retard? Oh que non! Loin de là. Elle avait le don pour être à l'heure et ça, dans toutes les circonstances! Ce n'était pas cette histoire de famille qui allait détraquer son horloge interne. Non, elle avait seulement besoin de se plaindre, pardon, de bavarder joyeusement sur les malheurs de sa petite vie. Lâchant un baiser d'au revoir à son chat, toujours ronronnant, Tara s'en alla au Ministère.

Balançant nonchalamment son manteau sur son bras, Tara se fraya un chemin dans la foule d'employés pour rejoindre le département qui ne lui était pas assigné. Elle avait encore une heure à tuer avant de se pencher sur ses dossiers et se rendre sur le terrain. Son regard prédateur balayait la salle à la recherche de sa proie. Là. "Olivia! Te voilà!" Elle la rejoignit rapidement, ignorant les têtes curieuses qui se tournaient vers elle. Ca faisait des années qu'elle bossait ici, ils commençaient à la connaître. "Ma mère m'a rendu visite hier" soupira-t-elle, ignorant les formules de politesse. "Figure-toi qu'elle veut me marier à un parfait inconnu."

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|| I'm a wanted (wo)man - Royal Deluxe ||

Olivia bailla aux corneilles.
Le café nécessaire du matin dans une main, elle s’étira, manquant de renverser quelques gouttes du liquide encore brûlant sur le tapis à rayures qui ornait son salon. Elle fit quelques pas, cligna des yeux plusieurs fois et s’arrêta en face de la table basse. L’espace d’un instant, elle capta son reflet dans le miroir incrusté dans la porte d’entrée de son appartement – cheveux emmêlés, traits tirés de fin de semaine, pyjama tâché, elle faisait peine à voir. Et puis elle croisa la tâche jaunâtre au beau milieu du-dit tapis.
Elle cligna des yeux.
Cette tâche n’existait pas hier soir. Et de toute manière, elle n’avait pas mangé du curry.

Damn it.

« Loreleeeeeeeeï, putain, saleté de chaaat ! »

Bien sûr, elle resta invisible. Sûrement en train de ronronner quelque part, à mettre des poils partout. Olivia soupira et se força à ne pas grincer des dents. Elle raffermit sa prise sur son café, contempla la tâche jusqu’à ce que l’odeur de vomi épicé vienne lui chatouiller les narines en lieu et place de celle, beaucoup plus agréable, du café. Elle bloqua sa respiration et, maudissant son animal, alla chercher sa baguette pour prononcer un Evanesco silencieux pour faire disparaître cette mauvaise surprise de bon matin.
Enfin, elle posa sa baguette, ferma les yeux quelques instants. Debout au milieu du salon, elle se réveilla en douceur. La Serpentard pressa ses mains autour de son mug et le cala dans le creux de son menton.
En douceur.
Elle souffla doucement sur le liquide. En testa une gorgée, se crama la langue.
Encore trop chaud.

***

Près d’une heure plus tard, la jeune femme sortit de son appartement. Les cheveux soigneusement coiffés cette fois-ci, et une tenue digne de son travail au Ministère – ou plutôt du simple fait de mettre un pied dehors – remplaçait son pyjama tâché. L’arrivée des beaux jours était sans doute trompeuse pour tout Londonien averti, mais Olivia avait décidé malgré tout de sortir sa garde-robe printanière : des fleurs, que diable ! Elle allait donner des migraines à sa supérieure si cette dernière osait la suivre – non, la transpercer – du regard comme elle avait teeeellement l’habitude de le faire.
Un regard chargé de tous les reproches du monde malgré le travail, certes pas exemplaire mais du moins sans aucune erreur majeure, que l’ancienne Serpentard tentait de fournir chaque jour au Département des Relations Magiques Internationales.
Un regard qui dénotait également un certain racisme, était persuadée Olivia. Pour sa couleur de peau ? Une discrimination contre les sang-purs ? Pour encore autre chose ? Elle ne le savait pas, mais un fait restait évident : sa collègue l’avait détestée dès le premier jour. Et elle lui faisait payer son animosité quotidienne, lui refilant les dossiers les plus pénibles et en s’adressant à elle comme à un être corvéable à merci.

Et, un de ces jours, Olivia allait lever la baguette sur Sophia et cette mégère ne pourrait pas dire qu’elle ne l’avait pas cherché.
Enfin. Une joyeuse journée en perspective. Comme d’habitude.
Olivia se prépara au transplanage.

Plop.
Une fois arrivée au Ministère, elle fit un passage à la boutique prendre un café et une viennoiserie. Les français étaient certes stupides – du moins d’après la connaissance empirique de la jeune femme, mais ils s’étaient bien implantés dans la capitale pour ce qui était de leurs pains et autres petits plaisirs sucrés. L’enseigne Paul avait été un tel succès chez les moldus que certains sorciers s’étaient amusés à recréer le principe de la petite boutique que l’on trouve en gare moldue près du Ministère. Cela servait également de point de rencontre le matin pour une partie conséquente des employés…

Olivia passa sa commande, puis se retourna pour observer les personnes dans la file et autour d’elle. Elle reconnut la jolie rousse qui travaillait à l’étage du dessous. Cette dernière lui sourit au moment où la sorcière se perdait dans ses pensées en la fixant du regard sans y penser. La Zabini se reprit et détourna le regard rapidement. Par Merlin… « Votre commande, mademoiselle »
Sauvée par le gong ! Elle attrapa le contenant du café qui lui brûlait les doigts et le sachet en papier qui renfermait deux croissants, jura à voix haute, manqua de renverser sa boisson et la déposa hâtivement sur un rebord afin de pouvoir sortir sa baguette afin de lancer un sort de protection. Olivia expira, se força à ne pas grincer des dents ni à décréter cette journée comme étant nulle d’office, et repartit vers l’un des ascenseurs.

La jeune femme ignora royalement le regard de sa supérieure, jeta un coup d’œil à l’horloge murale, et fit fièrement claquer ses talons sur le sol en marbre jusqu’à arriver au pied de son bureau. Là, elle fit une pause, posa sac, sachets et boissons, et avisa la pile de dossiers qui traînaient sur son bureau. Elle sourit amèrement, passa sa langue sur ses lèvres et songea que la flaque de vomi qui n’était pas là la veille avait peut-être été un funeste présage de cette pile qui, elle non plus, n’était pas là la veille…

Sans un mot, elle contourna le bureau, s’assit et attrapa sa boisson, et ouvrit le premier.

***

« Olivia, te voilà ! »
Elle reconnaissait cette voix, ce ton. Levant les yeux, elle aperçut une tête brune et des yeux clairs se diriger vers elle. Tara. Olivia sourit et se leva de son bureau au moment où la jeune femme débarquait devant elle. Elle n’eut cependant pas le temps de la saluer convenablement que déjà Tara était partie dans ce qui visiblement la tracassait. La jeune Serpentard commençait à bien connaître sa collègue et amie, et savait qu’elle avait dû se contenir de ne pas en parler à tous ceux qui croisaient son chemin… Alors la Zabini se tût et écouta les dires de la brunette.

Elle en resta sans voix.
« Tu… Tu déconnes, là. » Non. A en juger de la tête de son interlocutrice, ça avait l’air tout ce qu’il y avait de plus réel. « Oh. » C’était… imprévu, du moins. Et si l’air qu’abordait Tara la prenait au dépourvu, le raclement de gorge excessivement fort qui venait de retentir dans son dos la surprenait moins.

La jeune femme posa une main sur l’avant-bras de son interlocutrice, comme pour dire ’je suis à toi dans une minute’. Puis elle darda son regard vers un collègue visiblement dérangé. « Contrairement à certains je rends mon travail en temps et en heure, donc personne ne m’en voudra si je fais une pause. Contrairement à certains qui ne peuvent se le permettre sous peine de retarder tout le département. Oui, je parle de ta pauvre tête vide et chauve, Richard. » Elle attrapa le sachet de croissants qui trainait toujours sur son bureau, le fourra dans son sac à main et enfila son manteau. Enfin, elle saisit le coude de Tara et lia son bras au sien.
En passant devant le bureau du-dit Richard, elle lui rendit son regard dédaigneux et enfonça le clou « Hop hop hop, au boulot, ou Mr Trem-trem ne sera pas content ! ». Satisfaite de sa tirade et surtout de la tête de son interlocuteur, la serpentard releva fièrement la tête et s’éloigna avec Tara sans un regard en arrière.

Une fois dehors, la Zabini se dirigea vers les ascenseurs pour remonter à l’Atrium. « Raconte moi. Qui ça, comment ta mère le connait-il? Il vient d’une bonne famille ? ..Et dire que je pensais que ce genre de pratiques était réservés aux bonnes vieilles familles de sang-pur... ». Elle ne pouvait s’empêcher de lever les yeux au ciel. Quelle plaie.

La rumeur d'un mariage arrangé

ft. Tara & Olivia

« What a shitty day »

La bombe était lancée. Tara attendait une réponse et pas de la plus patiente des manières. Elle n’avait pas eu la chance d’en parler depuis l’annonce de sa mère, de quoi la faire fulminer et la transformer en petite furie sur pattes. Elle n’allait, bien sûr, pas s’en prendre à Olivia, mais elle avait juste besoin d’un avis extérieur, autre que celui de sa traîtresse de mère. Son air resta le plus sérieux du monde quand son amie vint à lui demander s’il s’agissait d’une blague. Hélas, non, même si la brune aurait bien voulu que cela soit vrai. Et puis, elle n’était pas genre à pousser la plaisanterie à un stade pareil, elle savait être raisonnable. Enfin. Dans la limite du raisonnable.

Son regard se baissa, un court instant, vers la main posée sur son bras. On la mettait en attente, soit, elle allait attendre. Prenant son mal en patience, Tara observa sa collègue se tournait vers un homme qui ne semblait pas le plus calme du monde. Elle ne put s’empêcher de sourire en entendant Olivia, amusée de cette petite tirade. Décidément, l’amour entre employés était quelque chose de bien particulier. Tara était bien heureuse de ne pas avoir la jeune femme en ennemie au sein des locaux. Son quotidien n’aurait sûrement pas été le même.

Resserrant ses bras contre sa poitrine, elle laissait son regard voyagé de visage en visage, faisant bien attention à ne pas perdre son manteau. Maladroite qu’elle était, elle risquait de le laisser tomber si sa prise se faisait plus souple. Ah, enfin. Son sourire s’agrandit quand Olivia attrapa un sachet, inconnu pour, avant de lui attraper le bras. Parfait, elles allaient pouvoir discuter. Ce n’était pas trop tôt avait-elle envie d’ajouter, mais elle allait jouer la carte de la prudence aujourd’hui. Elles marchèrent donc ensemble entre les bureaux, un rire s’échappant des lèvres de Tara suite à la remarque de son ami. Elle ne put s’empêcher de faire un signe de main au concerné. Ce dernier ne semblait décidément pas au meilleur de sa forme.

Tout en continuant leur petite marche vers les ascenseurs, Tara tourna un regard vers Olivia. Après tout, elle était toujours en quête d’une réponse de sa part, même si elle avait la politesse de ne pas le faire remarquer. C’était que ça cogitait dans son crâne, un peu trop même, ça bourdonnait comme dans une ruche. Un petit rire échappa à Tara alors qu’elle secouait doucement la tête, un sourire en coin fleurissant sur ses lèvres. L’amertume lui attaquait le palais. « Si seulement ma petite Olivia, si seulement. Mais il faut croire que les sang-purs ont refilé le mot aux autres familles. »

Elle haussa les épaules avant de s’arrêter devant les ascenseurs, se passant une main dans les cheveux. Qui ça. Quelle bonne question qu’elle lui posait là. « Ma mère est venue chez moi hier, furieuse. Paraît-il qu’elle n’avait pas compris que je jouais dans les deux camps maintenant. Tu te rends compte du scandale si je me mettais à sortir avec une fille ? Vite, il faut que Tara se trouve un mari ! » Elle prit un air exaspéré, des gestes de mains suivant ses paroles, illustrant réellement ce qu’elle ressentait en ce moment. De la déception envers sa mère qu’elle pensait ouverte d’esprit, et une colère qu’elle avait du mal à dissimuler. « Bref. Il s’appelle Fenningan. Fils de riche. Il était aussi à Poudlard, serpentard. Mais on ne sait jamais vu, ça j’en mets ma main à couper. »

Elle grimpa dans l’ascenseur, une fois celui-ci arrivé. « Toi qui était à Serpentard, pas de souvenirs ? »

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|| rEaR vIeW - ZAYN ||

L’espace d’un instant, le regard de la jeune femme à la peau d’ébène se perdit dans le pot de fleurs doré placé judicieusement à côté de l’ascenseur. Il n’était pas là avant. Pensée fugace. Déplacée. Et rapidement remplacée par la voix de son amie qui se frayait un chemin jusqu’à ses oreilles. Elle recadra son attention jusqu’alors dilettante.

Tandis que Tara expliquait la situation, d’autres personnes s’amoncelèrent autour des deux jeunes femmes. Cependant, loin de gêner la Crowley, elle continua à exposer les faits. Olivia haussa les sourcils et se permit un fameux rire au moment où son interlocutrice parla de sortir avec une fille. En tant que lesbienne dans une famille prônant les apparences, elle connaissait plutôt bien le souci. Et retint de lever les yeux au ciel. Malheureusement, il était encore d’actualité d’organiser des mariages de convenance, et son amie en faisait injustement les frais. Etait-ce parce qu’elle allait de plus en plus vers la fin de sa seconde décennie ?

Egoïstement, les pensées d’Olivia la ramenèrent à sa propre situation. Célibataire, certes, mais elle n’avait aucune envie de se retrouver mariée de force. Et encore moins de devoir fonder une famille par pure obligation envers la sienne. Elle grimaça, puis fronça les sourcils en entendant le nom du malheureux élu. A ce moment-là, l’ascenseur arriva, ce qui lui donna quelques secondes pour réfléchir à ce nom – maigre indice pour voir qui il pouvait bien être.

L’ascenseur redémarra. Avec une grimace, la jeune femme resserra les pans de son manteau autour d’elle. Il y avait des matins où la vitesse des ascenseurs enchantés du Ministère lui donnaient des hauts-le-cœur. Cela durait quelques minutes, et puis elle se sentait mieux. Néanmoins, cela suffisait à lui faire passer l’envie de dévorer le contenu du sachet de croissants apporté pour l’occasion.

Olivia se força à inspirer par le nez, expirer par la bouche. Son esprit se recadra sur la question de Tara…
Fenningan. Fenningan. Fenningaaaan.

Sans prononcer un mot, elle haussa les épaules. Sa façon à elle de dire que non, elle ne voyait pas. « Sincèrement, ça dépend beaucoup de son année. Et je pense que je pourrais beaucoup mieux voir qui c’est en voyant une photo, parce que là...Tu en as une ? » Non pas que Tara soit du genre à garder une photo sur elle de ses prétendants, mais si sa mère s'amusait à jouer le rôle d'une organisatrice d'unions...

Elle se tût à nouveau un instant, repensa à ce qu’avait dit la jeune femme. La maison était un indice intéressant qui devait en dire long sur son caractère, cependant, sans photo… Elle ne se souvenait honnêtement plus du nom de la moitié de ses camarades de classe, alors ceux de sa maison toute entière…
« Tu sais ce qu’il fait dans la vie, ou alors il est juste issu d’une famille friquée non sang-pure ? » Elle avait encore en travers de la gorge la dernière décision du Ministère concernant les taxes sur les familles de sang-pur. Sous prétexte d’aider les plus pauvres – ce qu’elle pouvait comprendre, elle était charitable, elle aussi – l’Etat avait décidé de surtaxer les grandes familles. L’esprit d’Olivia se laissa encore emporter, imaginant aussitôt un monde dystopique où elle serait amenée à épouser, elle aussi, un riche commerçant pour subvenir aux besoins de sa famille. Un joyeux mariage de convenance. Avec quelqu’un qu’elle n’aimerait jamais. De cela, elle pouvait en être sûre.

A cette pensée, elle raccrocha le train de la conversation. Son regard perdu dans le vague quelques secondes – le temps de divaguer – s’arrêta à nouveau sur les traits harmonieux de la jolie brune qui l’accompagnait. « Eh. J’ai une question tout à fait pragmatique. Il y a une clause pour l’adultère, dans les mariages de convenance ? »

Elle observa la réaction de la jeune femme et sourit. « Honnêtement, la question vaut la peine d’être posée si tu n’arrives pas à faire changer d’avis ta pauvre mère, qui croit que tu es totalement hétéro. » Un silence. L’ascenseur s’était arrêté, et elle s’écarta pour laisser passer des employés visiblement pressés. Après un moment, Olivia se replaça auprès de Tara et, pour ne plus être séparé, raccrocha son bras libre à celui de la jeune femme dans un geste obstentatoire pour les autres personnes de l’ascenseur – mais aussi un peu afin de conforter un peu son amie. « … Elle croit vraiment ça ? Je veux dire : comment elle a pu louper la signification de ton coming out ? »

La rumeur d'un mariage arrangé

ft. Tara & Olivia

« What a shitty day »

Olivia ne semblait pas être la meilleure source que Tara ait trouvé. Dommage, elle aurait bien aimé pouvoir en savoir plus, le plus vite possible. Resserrant son sac contre elle, elle fit de la place aux nouveaux arrivants. Elle se retint de faire une remarque sur le fait que les salutations manquées. Ce n'était pas le moment de se faire des ennemis. Elle devait penser à son merveilleux Fenningan. Une photo? Bien sûr quelle idiote elle faisait! Jouant un peu des coudes pour s'accorder un peu plus de place dans l'ascenseur, elle glissa une main aventurière dans son sac, ses doigts frôlant ce qui ressemblait à une enveloppe. Comment oublier ce dossier que sa mère lui avait si gentiment concocté? Dossier qui avait failli finir brûlé la veille. Heureusement pour lui, Tara n'avait pas eu de briquet sous la main.

Elle ouvrit la bouche, prête à lui répondre, mais son amie fut plus rapide. La brunette la laissa donc parler. Vu le ton fier qu'avait employé sa mère lors des présentations, il était difficilement possible que le jeune homme soit un sang-pur. Le prestige pour la femme qui l'avait mise au monde, c'était l'argent. "Je penche plus pour le bon fils à papa sang-mêlé qui a réussi à gagner sa vie, vois-tu?" Encore une fois, la réponse était dans le dossier. Si seulement elle lui laissait le temps de le lui agiter sous le nez.

Grinçant des dents, elle fit tout son possible pour ne pas perdre l'équilibre lorsque l'ascenseur s'arrêta. D'un coup sec, elle attrapa l'enveloppe, la gardant soigneusement dans ses mains. Elle y jeta un bref coup d’œil. Il allait finir au fond de sa poubelle. "Ecoute..." Son regard presque déboussolé se plongea dans celui pensif de son amie. Un jour, un jour elle arriverait à place sa phrase. Ses yeux s'écarquillèrent comme des balles de tennis quand le mot adultère fut prononcé. Etait-ce une plaisanterie? "Pardon?... Que... Que..Quoi?" Jamais elle n'irait tromper qui que ce soit! "Bon avant que tu enchaînes sur une autre bêtise de ce genre... Voilà la réponse à tes questions." Hop que je te mette le truc intéressant sous le nez. "Tout est écrit dedans, je ne l'ai pas encore ouvert, j'attendais de ne pas être seule."

Tara laissa Olivia s'en aller un court instant, faisant bien attention à ne pas faire tomber la précieuse chose au sol. Un sourire étira ses lèvres lorsqu'elle la rejoignit, lui servant aimablement d'appui. Un petit rire presque triste franchit ses lèvres suite à sa question. "Mon Coming-Out? Elle a refusé de m'écouter jusqu'au bout. Même mon père a fait cet effort. A peine ai-je prononcé le mot Fille qu'elle a pris la fuite. Et encore, elle a dû confondre ma dernière copine avec un homme aux cheveux longs très efféminé."

Un soupir réussit à franchir sa gorge alors qu'elle ferma les yeux, un court instant. Elle se fit de l'air avec le dossier avant de reporter son attention sur Olivia. "Tu ne veux pas l'ouvrir pour moi?"

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