Parfois, Oliver Prescott se demande vraiment pourquoi il est si impulsif pour déclencher des bagarres ou les continuer, mais pas pour faire d'autres trucs plus utiles ou intelligents, comme par exemple dévoiler ses sentiments à Victoire avant la fin de l'année. Par exemple. Parce que ses actes avaient des conséquences il s'était retrouvé dans les cachots, à devoir faire le ménage. Mais au moins il n'était pas seul.

 "D'accord, mais un vrai ami ça accompagne jusque dans les pires galère. Merci, Mag, je t'en dois une pour ça !" répondit le rouge à la verte, avec un sourire entendu. Des fois, Oli se trouvait drôle, quand même. Comme juste après que le professeur les ait collé tout les deux, il a lancé à sa camarade Serpentard : "C'est sympa de ta part de me tenir compagnie." alors qu'il était encore essoufflé par la rage. S'il avait été dans un autre cas, il l'aurait lancé sur un ton plus enjoué et avec un sourire sarcastique. Mais : "Ce con de Baker avait dit du mal de Felix !" se justifia-t-il alors que Magnolia lui reprocha sa retenue non-existante. "Et c'était pas la première fois. Je veux bien laisser passer, mais à un moment, trop c'est trop." Il détourna le regard de son amie pour le jeter sur sa main droite qui tenait le manche de la serpillère, celle qui frappe en premier. Elle n'avait rien du tout. Il n'y était pas allé très fort sur le visage de ce petit rat.

Il se redressa, car jusqu'à maintenant, il se servait du manche comme d'un support pour pouvoir mettre tout son poids dessus et ne pas avoir à faire d'effort pour rester debout par lui-même. Très dynamique pour un capitaine d'équipe, ce Prescott. Ignorant le commentaire de la verte, il soupira bruyamment avant d'ajouter : "Ça sert à rien de toute façon qu'on nettoie ces cachots. Qu'on le fasse ou pas, ils verront pas la différence !" Il passa la serpillère sans animosité autour de lui, formant un un demi-cercle de centre O(liver) et de rayon le bras du jeune homme + le manche à balais.

Très vite, il s'arrêta et balança le bout l'extrémité de la serpillère mouillée contre la jambe de Mag qui l'insultait comme s'il n'était pas là. "Hé!" s'exclama-t-il. En réalité, il se fichait complètement des insultes ou des noms qu'on lui attribuait. Il voulait juste ne pas s'ennuyer à mort et chaque petite chose était une bonne raison pour se déconcentrer de la serpillère. D'ailleurs, il commença à balancer celle-ci de gauche à droite, puis à faire des tours complets, tel un bon ninja, éclaboussant Magnolia et les murs autour d'eux et faisant des bruits de bouche digne d'un enfant de cinq ans sous le regard désespéré de la Serpentard. Pour en arriver là, Oliver devait vraiment vraiment s'ennuyer et ne pas vouloir être ici. Et c'était le cas. Mais il voulait aussi amuser Magnolia, pour essayer de se faire pardonner.

Puis il brisa un des bocaux disposés sur une étagère le long des murs. Un bocal remplit d'insectes.

Le bruit du verre brisé avait fait grimacé le Gryffon qui par instinct s'était protégé la tête avec les bras, du verre qui aurait pu s'y abattre mais aussi du cri perçant que Magnolia avait poussé, laissant par la même occasion tombé la serpillère par terre. En un instant, toutes ces horribles petites bêtes volantes se sont retrouvées libérées de leur bocal poussiéreux, humide et sale. Et elle en avait apparement horreur. Peu de gens avaient pu être témoin d'un Magnolia si affolée, se disait Oliver alors qu'il l'observait, amusé. "Hé, calme-toi" essaya-t-il doucement pour la clamer, avec un rire dans la voix. Mais il se dit que cette tentative était probablement absurde. Un phobique ne pouvait pas raisonner objectivement. Et avec ces petits points qui passaient devant ses yeux en faisant ce bourdonnement insupportable, il n'arrivait pas à se concentrer. Devait-il aller voir Mag, réparer le bocal ou ouvrir la porte qui menait au hall pour faire s'échapper les bêtes ?

Il jeta un regard au verre brisé par terre. S'agglutinait autour des morceaux de verre des sortes de vers et de chenilles. Beurk. Dégouté, mais légèrement fasciné par les drôles de mouvements que pouvaient faire ces créatures, le rouge et or sortit sa baguette de sa robe de sorcier qu'il détestait tant mais qu'il se trimbalait depuis sept ans et répara le bocal grâce à la bonne incantation. Puis il se dirigea vers Mag qui était restée sur place et qui avait l'air de ne pas passer un bon moment. Ça ne faisait plus trop rire Oliver, parce qu'elle avait vraiment l'air paniqué et au bord de l'hystérie, si elle ne l'était pas déjà.

Il la pris par les épaules pour la faire se déplacer et l'entrainer dans un cachot où il y aurait moins de bestioles. Il ne pouvait pas la faire sortir des cachots, parce que si quelqu'un la voyait, ils se feraient directement repérer et encore plus engueuler, et encore coller. Il la fit alors rentrer dans le cachot le plus loin, ou la nuée d'insecte était presque inexistante. "Reste-là, je m'en occupe." Tout était de sa faute, alors il allait tout réparer. Déjà que la Serpentard se retrouvait ici par sa faute, il ne voulait pas non plus qu'elle fasse une crise de panique par sa faute aussi !

Il courut de retour vers les dégâts. Il observa une seconde la scène, chassant avec sa main les volatiles qui rôdaient trop près de sa tête. Il rejoignit alors les escaliers qui menait à la porte de sortie. Il l'entrebâilla légèrement, pour augmenter ses chances de voir la masse noir se dissoudre un peu. Il réfléchit très vite à ce que les bêtes n'aimaient pas où par quoi elles étaient attirées. Restant près de la sortie et sans réfléchir plus que ça, il tendit sa baguette un peu au hasard et lança : "Lumos Maxima!". Immédiatement, les cachots si sombres s'éclairèrent comme s'il y avait des fenêtres et que le soleil brillait de mille feux. Il espérait vraiment que la lumière attirait toutes les petites bestioles volantes sinon il était foutu, car il a sûrement déjà attiré l'attention de n'importe qui qui serait passé près de la porte donnant sur les cachots.

Devant son exploit, Oliver ouvrit grand les yeux. Il ne pouvait pas croire que son plan avait si bien fonctionné, il s'attendait à beaucoup plus de travail, mais il ne s'en plaint pas. Bien sûr, il restait les petites créatures gisantes à terre, celles sans ailes ni pattes. Mais ce n'était pas un problème, ça passerait sûrement inaperçu dans ces cachots morbides et dégoutants.

Il referma le bocal, et avant même de relever la tête, une masse se percuta contre lui. Il cru d'abord que c'était un immense insecte qu'il avait oublié de remettre dans le bocal, mais il se rendit vite compte que cette idée était absurde et que ce n'était que Magnolia qui ... le prenait dans ses bras ??! Il ne l'aurait jamais cru capable d'une telle marque d'affection, mais il mit ça sur les nerfs et le soulagement. Lui-même n'était pas très tactile et il se rendit compte que cela devait être aussi gênant pour lui que pour elle. Contre son torse, il ressent alors des vibrations et devine que la vert et argent communique. "Ouais c'est bon, t'inquiètes." Il n'allait évidemment rien dire. Ce n'était ni intéressant pour eux comme pour les autres. Il avait bien foiré et cela pouvait être assez humiliant s'il n'avait pas tout géré ensuite.

Quand son amie détache enfin ses tentacules de lui, le mouvement de la porte et la soudaine lumière du jour qui pénètre dans les cachots attirent son attention. Il se retourne et découvre Baker, le boulanger. Enfin non, ce taré de Serpentard. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Il rejoignait probablement sa salle commune. Et bien que Prescott soit impulsif, il n'était pas taré (contrairement à Baker). Alors, après avoir répliqué au regard noir de son camarade par un visage dénué de toute expression en mode poker face, il le laissa passer sans rien dire. Il l'observa tout de même et remarqua que le regard du Serpentard était dirigé vers les vers rampant au sol. "C'est sale, là." pointa-t-il du doigt avec un ton hautain, puis repartit, la tête haute. Oliver ne lui accorda aucun intérêt, cette petite remarque paraissait bien plus ridicule si on l'ignorait. C'est exactement ce qu'ils firent. Le Gryffondor ne pouvait s'en foutre plus de George Baker même s'il essayait.

Il se tourna alors vers une beaucoup plus gentille Serpentard à sa droite et lui lança un regard entendu. Le jeune homme avait horreur d'admettre que Baker avait raison, mais leur travail n'était pas terminé.