“Ne cherchez pas la nature de l’Esprit, mais plutôt l’esprit de la Nature.” | Aylen Nott [Abandonné]

Aindreas avait l'intention d'initier tous les élèves qui avaient choisi de suivre son option à la recherche de l'élément qui leur correspondait. Il savait que son prédécesseur avait préféré leurs enseigner la théorie au lieu de la pratique. Il estimait que celle-ci ne devait être enseignée qu'à ceux de septième année.

L'irlandais ne partageait pas son point de vu car l'âge n'était pas représentatif de l'ouverture d'esprit au monde de l'invisible. Il avait beaucoup de préparatifs à prévoir pour consacrer une partie du parc à la Mère Nature. Ce terrain devait être béni pour permettre la réalisation de cette quête intérieure que ses élèves devaient subir et réussir.

Il avait du apprendre lui même à contrôler son élément quand Gaïa avait décidé de lui faire son don alors qu'il capahutait dans la Selva à la recherche de nouvelles variétés de plantes. Il voulait aussi observer les créatures de la forêt amazonienne.
Il n'avait jamais reçu d'enseignement et au fil de ses pérégrinations, il avait rencontré des ethnies qui l'avait aidé à comprendre cette magie.

Par exemple, les amérindiens lui avaient permit d'assister à l'épreuve que devait subir les nouvelles générations pour trouver leur animal totem. Il avait appris leur dialecte pendant de longs mois avant d'être capable de transposer l'incantation indienne pour l'adapter au monde des esprits de la nature.

Et au fil de ses rencontres, il avait pioché dans leurs connaissances et les avait adapté pour mieux comprendre ce que Gaïa avait voulu lui offrir. Et il avait mis plus de vingt ans à écrire son grimoire sur la magie des éléments. Sa façon de faire était peu académique et controversée et pourtant la directrice de Poudlard lui avait fait confiance. Il n'avait aucun diplôme, seulement son expérience de baroudeur à offrir.

Il décida de se rendre dans la salle des professeurs pour relire toutes ses notes et ainsi préparer toutes les étapes nécessaires à son premier cours.
Il s'installa et il sortit son journal et un parchemin vierge. Il le feuilletait à toute vitesse et il faisait une liste des plantes nécessaires.

Il était absorbé par sa réflexion et par la crainte que son manque d'expérience pénalisa ses élèves. Par conséquent, il n'entendit pas la porte s'ouvrir.

“Ne cherchez pas la nature de l’Esprit, mais plutôt l’esprit de la Nature.”

La salle des professeurs était un lieu qu'Aylen fréquentait peu : son bureau se trouvait au sixième étage, et elle n'avait pas vraiment envie de toujours s'amuser à faire des allés-retour entre les deux à chaque pause. Toutefois il lui arrivait de s'y rendre, notamment lorsqu'elle ne désirait pas être dérangée par des élèves.
Comme c'était le cas aujourd'hui.
Elle avait en effet décidé de travailler sur la thèse qu'elle élaborait désormais depuis une dizaine d'année. Elle avait eu peu de temps à lui consacrer durant ses années d'Auror et profitait désormais d'être professeur pour l'étudier à nouveau.

C'est ainsi qu'elle se retrouva à transporter une importante pile de livre de son bureau jusqu'à la salle des professeurs. Il s'agissait exclusivement – ou presque – d'oeuvres venant de sa collection personnelle. Certains appartenaient à l'origine à la famille Nott dans son ensemble, mais elle les avait pris à son départ du manoir et, n'y étant pas retournée depuis, ils avaient fini par devenir sa propriété, oubliant où elle avait bien pu les obtenir.
Elle possédait tant de livres qu'il était impossible pour elle de se souvenir d'où venaient chacun d'entre eux.
Elle ne s'amusait toutefois pas à les porter à bout de bras, surtout avec tous les escaliers qu'elle avait à descendre, mais à bout de baguette. Grâce à ça, elle arriva bien vite et sans encombre jusqu'au rez-de-chaussée, se glissant dans la salle des professeurs.

Celle-ci était peu occupé à ce moment là, et à vrai dire seul un autre de ses collègues se trouvait ici. Un nouveau, comme elle l'avait été l'année précédente. A croire qu'il y avait une vague de renouvellement du personnel en ce moment.
« Bonjour, » fit poliment Aylen avant d'aller poser ses livres sur une table mise à disposition. Elle se dirigea alors vers les boissons et biscuits mis à disposition pour le personnel et commença à se servir une tasse de thé avant de se tourner vers son collègue. « Vous voulez boire quelque chose... Aindreas, c'est ça ? »
De lui, elle ne savait pas grand chose : elle connaissait son prénom et son nom, ainsi que la matière qu'il enseignait.
La Magie des Eléments.
Une matière bien étrange, et aux yeux de la femme en totale opposition avec celle qu'elle enseignait.
Ou bien étaient-elles complémentaires ?
Elle n'aurait su le dire, elle ne connaissait pas suffisamment le sujet pour se faire une idée. Toutefois curieuse, elle allait profiter du moment pour interroger l'enseignant, sans doute.
Mais pour le moment elle voulait déjà savoir s'il voulait du thé ou autre chose à boire.

Aindreas eut un léger sursaut de surprise quand une salutation polie vient troubler ses pensées. Il releva la tête et son regard azur se posa sur une charmante damoiselle à la crinière de feu. Il avait lu les noms de ses autres collègues mais il n'avait pas de visage à mettre sur leur patronyme.

Depuis son arrivée, il avait tendance à s'isoler dans sa cabane ou à se rendre dans la forêt interdite quand il avait besoin de s’oxygéner. Les centaures n'aimaient pas trop ses incursions sur leur territoire. Mais comme il avait la prudence de ne pas les menacer avec sa baguette, ils le laissaient s'asseoir et contempler la magnificence de la nature comme si il était capable de communiquer avec elle.

L'irlandais était presque déçu que le feu ait voulu se lier à sa personne. Il aurait préféré la terre mais Gaïa offrait ce qu'elle avait envie de donner. Et elle avait vu en lui un aventurier impulsif. Il n'avait que 19 ans quand elle lui avait fait ce cadeau précieux et à cet âge, il parcourait le monde d'un pas conquérant et il vivait de petits boulots.
L'avantage d'être né chez les non sorciers était qu'il savait se comporter avec les moldus et il avait pu se mêler aux populations non sorcières et obtenir toutes sortes de travail.

Il lui offrit un large sourire et il répondit :

- Bonjour...

Il fut agréablement surpris que sa collègue lui proposa une petite collation. Par contre, quand elle l'appela par son prénom, il fronça les sourcils étonné qu'elle ait pu deviner qui il était. Elle ne devait pas faire sa première rentrée et connaître le personnel déjà présent.

Il répondit d'un ton aimable :

- Avec plaisir, je ne refuse jamais une tasse de thé. Vous avez un avantage certain, Miss car je ne connais pas votre nom.

Surtout quand cette proposition venait d'une charmante collègue. Elle était bien plus jeune que lui et il était intrigué par la matière qu'elle enseignait. Si il avait eu une professeur aussi agréable à regarder quand il était élève, il était persuadé que même si elle enseignait la métamorphose ou l'histoire de la magie, il aurait été beaucoup plus assidu aux cours dispensés à l'époque. Et il aurait même participé en classe et pourtant Merlin savait lui même ce qu'il pensait de ces disciplines. Elles étaient d'une complexité et d'un ennui mortel.

Il regarda la pile gigantesque de grimoires qu'elle avait posée sur sa table et il ne put s'empêcher de lui demander d'un ton amusé :

- Vous avez l'intention de tous les lire ?

“Ne cherchez pas la nature de l’Esprit, mais plutôt l’esprit de la Nature.”

Du thé donc.
Elle servit une seconde tasse d'eau bouillante aromatisé aux feuilles mortes – comme elle aimait le dire adolescente – avant de prendre les deux tasses et de les porter vers la table. Elle sourit lorsqu'il fit remarquer qu'elle avait un avantage sur lui : elle connaissait son prénom, et pas lui. Il faut dire, ça n'avait pas été très difficile à deviner.
Il était grand, quelques poils roux s’immisçaient dans sa barbe, et sa façon de dire bonjour ne trompait pas : il était un irlandais pur souche. Dans le cas d'Aylen évidemment, il était plus difficile de deviner qui elle était à partir d'un simple nom sur une liste. Elle avait un accent assez standard – quoiqu'on pouvait clairement deviner à sa diction qu'elle venait d'un milieu privilégié – et ne portait aucune marque particulière dont il pourrait être au courant. Au contraire, elle était rousse, et il était connu que la plus forte concentration de tête rousse se trouvait en Ecosse et en Irlande, avec un taux respectif de 18% de la population et 15%.
Autant dire que les indices la concernant n'étaient pas très utiles.
Et puis la Directrice avait présenté Andreas en début d'année aux élèves, alors la déduction n'était pas difficile en soi.

« Aylen Nott, professeure de métamorphose et directrice de la maison Serpentard. Comme nous seront certainement amenés à travailler ensemble malgré nos matières... contradictoires... vous pouvez m'appeler Aylen, » se présenta-t-elle simplement en lui tendant la main.
Elle avait hésité à employer le mot contradictoire – encore une fois parce qu'elle ne connaissait pas grand chose de la magie des éléments. Cette matière n'était pas enseigné lorsqu'elle avait fait ses études à Poudlard, et même si ça avait été le cas, elle n'était pas certaine qu'elle l'aurait prise. Théodore aurait certainement protesté qu'il s'agissait là d'une matière de sauvage et qu'un Nott ne devait pas s'abaisser à employer des magies barbares.

Ceci dit, elle tourna son regard vers la pile de livre et eut un petit sourire amusé. Bien sûr elle ne comptait pas lire toute cette pile de livre. Pas seulement aujourd'hui en tout cas. Elle en redescendrait quelques uns dans ses appartements pour ses lectures du soir.
« J'ai déjà lu la plupart d'entre eux, je les retravaille pour compilé certaines informations dans un but de recherche, comme je suis en train de reprendre la thèse que j'avais dû abandonner à cause de ma formation puis mon travail d'auror. »
Chacun vivait ses rêves et ses passions de différentes façons, et pour Aylen défendre son pays et des gens innocents passait en premier. Même si elle s'était rendu compte que ce dernier point importait assez peu au Ministère de la Magie au final.

Toujours debout, elle bu dans sa tasse de thé tranquillement. Le liquide brûla ses lèvres et sa langue aussi sûrement qu'un charbon ardent, mais elle l'aimait comme ça. Elle fit un mouvement de tête vers ses notes de cours.
« Et vous ? Vous n'êtes pas trop nerveux pour votre premier cours ? » Elle prit un air sérieux avant d'avancer la suite de sa phrase. « Si je peux me permettre de vous offrir un conseil, méfiez-vous de ceux qui portent un uniforme rouge – les Gryffondor pour ne pas les nommer -, j'ai entendu dire qu'ils mordaient si on essayait de leur apprendre trop de choses en même temps. »
Evidemment, il s'agissait d'une plaisanterie, mais elle disait ça sur le ton de la confidence et avec le plus grand sérieux.

Aindreas observait sa charmante collègue lui servir une tasse de thé. Il ignorait à quoi il serait parfumé mais il se souvenait que les anglais étaient de grands amateurs de thé comme les chinois et les japonais.
Son parlé et sa façon de se mouvoir trahissaient sa lignée. Elle avait du recevoir une éducation de sang-pure et elle savait se comporter en société. Le moindre de ses gestes était gracieux. Elle était classe cette jeune femme et lui qui n'avait pas les même manières se demandait si elle n'allait pas le juger grossier.

Il était habitué à vivre dans des conditions rudes et les peuples qu'ils avaient côtoyés ne respectaient pas les mêmes us et coutumes. Il n'avait jamais été invité dans une des soirées mondaines de ses condisciples nés dans une vieille famille de sorciers. "Rien de plus normal" pensa-t-il vu ses origines. Aujourd'hui, les nés-moldus étaient plébiscités mais dans sa jeunesse, certains de ses condisciples refusaient d'entamer une conversation avec lui et le regardaient comme si il était une bouse de dragon.

Beaucoup d'eau avait coulé sous les ponts depuis cette époque et il avait toujours fait peu de cas du regard des autres. Il était ce qu'il était et il n'avait jamais eu honte de ses origines modestes. Et la rouquine se présenta. Il tiqua quand elle nomma sa discipline et quand elle affirma que leurs matières étaient "contradictoires".

Qu'en savait-elle ? Cette discipline était peu connue au Royaume-Uni et nul besoin de baguette pour la pratiquer.
Il répondit simplement se promettant de lancer un débat ultérieurement quand ils se connaîtraient mieux. Il n'était pas d'humeur pour le moment en tout cas.

- Enchanté Aylen. Votre prénom est de quelle origine ?

Ajouta-t-il avant de lui serrer la main. Après, il porta la tasse fumante à ses lèvres et il avala une gorgée brûlante sans broncher. Avant de recevoir son don, il en aurait été incapable.
Aylen porta son regard sur sa pile de livre et à demi-mots, lui révéla qu'elle reprenait ses recherches pour sa thèse qu'elle avait été obligée d'abandonner quand elle était devenu auror.
Il fronça les sourcils. Pour lui, ces enquêteurs n'étaient que des robots conditionnés à lancer des sorts offensifs sur tous ceux qui avaient le malheur d'exprimer des opinions opposées à celles imposées par le Ministère. Il ne les portait pas dans son cœur. Il douta un instant de pouvoir s'entendre avec elle.
En y réfléchissant, elle avait eu le bon goût de mettre un terme à cette carrière pour offrir ses connaissances à de jeunes élèves alors peut-être qu'elle lui réservait d'agréables surprises.
Il lui demanda d'un ton intéressé et curieux même si il se doutait qu'elle concernait le domaine de la métamorphose:

- Quel est le sujet de votre thèse ?

Et elle lui posa la question à ne pas poser depuis qu'il avait accepté ce poste et il rétorqua :

- Je ne vous cacherai pas que j'ai peur que l'initiation que j'ai prévue soit trop directe et trop troublante pour mes élèves. Je m'adapterai à leur affinité avec la mère nature. Et vous, vous n'avez jamais aucune appréhension lorsque vous enseignez ?

Si elle l'avait eu comme élève, elle aurait souffert de son comportement désinvolte et peu intéressé. Il passait son temps à dessiner des plantes et des animaux au lieu de pratiquer cette magie.
Il éclata de rire quand elle lui fit part de sa recommandation sur les élèves de la maison rouge et or. Son rire perdura. Quand il se tut, il prit quelques seconde avant de répondre sur le même ton :

- Montrez-moi les marques que ces chenapans vous ont fait sur vos mains ou sur vos bras pour que je puisse choisir le baume adéquate pour soigner les effets de leurs quenottes venimeuses.

Il avait du mal à garder son sérieux et ses yeux azurs trahissaient son amusement. Il sortit son paquet de cigarettes amérindiennes et il en porta une à ses lèvres.
Avant de l'allumer, il lui demanda par correction :

- La fumée ne vous dérange pas ?

Peu de sorciers partageait son vice. Il avait été initié par les amérindiens lors de son premier séjour chez eux. Il avait accepté car il ne voulait pas les blesser. Et il avait aimé le goût de ces sèches.

“Ne cherchez pas la nature de l’Esprit, mais plutôt l’esprit de la Nature.”

Les origines de son prénoms ? Bien sûr Aylen s'était déjà intéressée à la question, et avait pu trouver de nombreuses informations à ce sujet avant de conclure où ses parents étaient allés le piocher.
Pour le moment, elle se contenta de serrer la main d'Aindreas, sentant la chaleur qui se dégageait de lui en cet instant. C'était souvent que les gens avaient la peau plus chaude que la sienne, aussi elle choisit d'ignorer ce détail qu'elle jugeait sans importante. Comme la conversation semblait vouloir s'installer, la femme choisit de s'asseoir aux côtés du nouveau professeur, croisant les jambes tout en écoutant avec intérêt ce qu'il disait.
Oui, croiser les jambes était vu comme vulgaire dans la haute société, mais elle doutait que quiconque lui fasse la réflexion en cet instant.
Il l'interrogea sur le sujet de sa thèse.
Elle doutait qu'il comprenne la formulation exact de la chose, aussi elle devrait l'expliquer en terme simple.
Mais pour le moment elle le laissait poursuivre. Elle n'aimait pas interrompre les gens lorsqu'ils n'avaient pas fini, et puisque les questions s'étaient enchaînées naturellement elle n'avait aucun problème à attendre ses réponses avant de poursuivre à son tour.
Ainsi il avait peur d'entrer trop directement dans le vif du sujet. Si elle savait avec plus de précision en quoi consistait la matière, elle aurait certainement pu l'aiguiller à ce sujet sans difficulté, mais si elle souhaitait lui offrir des conseils, il lui faudrait se montrer prudente.
Sans même parler du fait qu'ils n'avaient certainement pas la même pédagogie.
Lorsqu'il répondit à la plaisanterie, elle sourit de plus belle.
Au moins il avait le sens de l'humour, c'était rassurant.
Elle s'abstint toutefois de lui montrer ses poignets ou ses bras : elle ne souhaitait pas dévoiler certaines cicatrices.

Elle secoua la tête lorsqu'il demanda pour la fumée.
« Non, bien sûr ça ne me dérange pas. » De toute façon la pièce était aérée magiquement, même s'il était vrai que c'était rarement utile. Peu de sorciers ressentaient le besoin de fumer, et ce n'était de toute façon pas quelque chose qui se faisait culturellement beaucoup au Royaume-Uni.
Elle hésita une seconde.
Lors de ses débuts en tant qu'Auror, elle-même avait commencé à fumer pour compenser le stress majeur qu'elle subissait, avant de rapidement arrêter. Toutefois, il lui arrivait encore de fumer une cigarette de temps en temps.
Elle finit par secouer la tête pour finalement répondre aux questions et remarques de l'homme.
« Pour en revenir à vos questions, mon prénom semble trouver ses racines dans de nombreuses cultures : les Mapuches, les Turques, les Grecques, les Français, et ce fut même un nom de famille en ancien Anglais. » Elle marqua une courte pause. « Et quand bien même j'aurais aimé que mes parents aient l'ouverture d'esprit pour aller chercher dans des cultures extérieures à la notre, à mon avis je le tiens plus de cette dernière origine, où il signifie 'prince au sang royal'. » Elle n'avait aucun mal à placer des insinuations sur ses parents : les Nott étaient une figure publique qui avait toujours – ou presque – existé dans le monde sorcier, que ça soit lors de l'avènement des sang-pur ou lors de leur chute quand son cousin avait repris les rênes de la famille.
Dans un cas comme dans l'autre, la plupart des gens savaient où en étaient rendus les Nott.
Elle porta sa tasse à ses lèvres, appréciant le goût du liquide chaud contre sa langue, les saveurs jouant sur ses papilles avant de descendre le long de sa gorge blanche.
« Quant à ma thèse elle traite de la possible existence d'une sorte de... poche dimensionnelle, si l'on peut dire, où serait emmagasiné toute la matière inutilisée lors des métamorphoses ou de la disparition d'objet, et inversement où l'on irait pioché lorsque nous en avons besoin, en se basant sur les interdits des lois de Gamp et quelques principes de physique moldue qui s'appliquent étrangement bien à la magie si l'on y regarde de plus près. L'un des exemples les moins poussés de poche cela étant la Salle sur Demande, qui est devenue connue suite à la dernière Grande Guerre. »
En espérant que l'homme avait suivi ce qu'elle venait de dire.

« Maintenant, concernant mes cours hé bien... J'étais terrifiée les premières fois que j'ai enseigné, pour être honnête. » Elle lâcha un petit rire en secouant la tête. « J'avais surtout peur de ne pas savoir bien expliquer les choses, de par la nature parfois compliqué de la métamorphose, mais finalement cela s'est – presque – toujours bien passé, alors maintenant je n'ai plus l'appréhension que je pouvais avoir au début. »
Elle offrit un nouveau sourire à l'homme. « Je pense que vous remarquerez vite que les élèves savent très bien s'adapter à l'enseignement qu'on leur confère s'ils le veulent et sont prompt à la réaction en classe pour la plupart. »
Son sourire fut alors caché derrière sa tasse.
Elle la posa ensuite doucement dans le cliquetis caractéristique de la porcelaine contre la sous-tasse.

« Mais dites-moi, qu'est-ce qui peut bien vous pousser à venir enseigner ici, au delà du prestige d'un poste à Poudlard ? Vous ne semblez pas vraiment être enseignant de carrière, sans vouloir vous offenser. »

L'irlandais fut agréablement surpris quand sa collègue s'assit à sa table. Il l'observait et son visage était magnifique. Il avait toujours été sensible aux jeunes femmes rousses. Sa première petite amie à Poudlard était une rouquine au fort caractère qui était à Gryffondor.

Il vit son hésitation alors il poussa son paquet vers elle si jamais elle désirait en prendre une. "Nott" était une vieille famille de sorciers et il ne l'imagina pas partager son vice. Elle croisa les jambes et il eut un petit sourire amusé de la voir se comporter ainsi. Il retint la remarque qu'il allait lui faire sur son attitude peu distinguée car il apprécia son naturel.

Après sa réponse, il alluma sa cigarette avec son briquet magique après tout elle ignorait quel élément s'était lié à lui et il voulait conserver un peu de mystère.

Il l'écouta répondre à ses différentes interrogations sans l'interrompre. Il fut déçu qu'elle ne soit pas réceptive à sa petite boutade et qu'elle ne joua pas le jeu. Elle était une ancienne auror alors peut-être avait-elle subi des sorts qui avait marqué son corps ?

Il arqua un sourcil quand elle évoqua le sujet de sa thèse. Les lois de Gamp, il ne se souvenait de que trois exceptions sur cinq. La magie ne pouvait ni créer de la nourriture, ni rendre un autre sorcier amoureux et ni faire apparaître de l'argent. La salle sur demande, il ne l'avait pas trouvé à Poudlard et lui qui avait longtemps pensé que c'était juste une légende avait lu dans la Gazette du sorcier qu'elle existait et qu'elle avait été découverte lors de la bataille finale.

Son interlocutrice n'était pas avare en sourire et il répondit à chacun d'entre eux. Il ne souvenait pas que les serpentards étaient aussi aimables et joviales lorsqu'il était élève. Il but une gorgée de sa boisson chaude avant de tirer une longue taffe.
Et il éclata de rire à sa dernière remarque.

Il reprit la parole en évoquant la signification de son prénom :

- "Prince de sang royal", votre prénom souligne votre noble naissance. Il ne tient qu'à vous d'en choisir les origines. Qui viendra vous contredire ?

Il avait beau chercher les deux dernières exceptions, il n'arrivait pas à les retrouver alors il allait certainement passer pour être inculte mais il s'en fichait :

- L'Amour, l'argent et la nourriture ne peuvent pas être créés par la magie mais je me souviens plus des deux autres exceptions. Vous pensez à quels principes de la physique moldue ? La salle sur demande, je n'y suis jamais allé et vous ? Elle fait apparaître ce dont vous avez besoin sauf ces exceptions. Vous pensez qu'il en existe d'autres dans le monde et en avez-vous trouvé ?

Il était curieux de nature et même si il ne portait pas la métamorphose dans son cœur. Il voulait en connaître davantage sur ces "poches" comme elle les nommait.

Elle lui avoua qu'elle avait eu peur quand elle avait donné son premier cours. Il fut soulagé à ne pas être le seul à appréhender la première fois qu'il enseignerait. Et quand elle ajouta que les élèves savaient s'adapter, il se dit que cette initiation devrait bien se passer. Même si certains seraient déçus du résultat.
Il lui offrit un sourire avant de dire d'un ton amical :

- Aylen, vous me rassurez car mes élèves devront accepter que Gaïa est celle qui les choisit et même si les éléments sont liés à des traits de caractères et bien, dans le feu de l'action, nous pouvons nous comporter différemment et être choisi par un autre élément. Comme elle peut aussi refuser à certains la communion avec l'un d'entre eux.

Il la regardait amusée par sa remarque qu'il aurait pu juger impertinente si il n'avait pas autant apprécié sa franchise.
Il répondit d'un ton qu'il modula sérieux. Ses yeux azurs trahissaient son amusement :

- J'ai parcouru le monde pour comprendre cette magie et j'ai souffert de devoir apprendre à la contrôler seul. J'ai pris ce poste car je souhaite guider ceux qui auront été choisis par la mère nature et les accompagner pour qu'il puisse dompter leur pouvoir sans commettre les erreurs que j'ai commises.

Au départ, dès qu'il ressentait une émotion forte, sa magie s'échappait et il avait brûlé la nature et blessé d'autres sorciers sans le vouloir. Il avait fini par comprendre que la colère, la peur n'étaient pas le moteur et que seul le calme et la plénitude pouvaient lui permettre d'exercer cette magie et ne plus la subir.

“Ne cherchez pas la nature de l’Esprit, mais plutôt l’esprit de la Nature.”

Le paquet de nicotine lui tendait les bras, et pourtant Aylen finit, après une seconde d'hésitation, par le repousser vers son propriétaire avec un mouvement de tête indiquant qu'elle ne désirait pas en prendre. L'addiction lui manquait par moment, mais elle s'en passait très bien. Tout comme l'alcool et le café, des boissons qu'elle tenait éloigné tant que possible de sa vie suite à quelques périodes difficiles.
Elle ne pouvait se permettre de prendre certains risques.
Aindreas alluma sa cigarette, et au dessus d'eux les arabesques de fumée se formèrent dans la lenteur du volupté.
La conversation s'enchaînait agréablement alors que chacun partageait librement ses pensées dans des mots agréables à entendre. Il n'y avait pas de tension entre eux, malgré la différence de leurs origines géographiques d'une part et des différences de vies qui les séparaient d'un gouffre. Ou peut-être moins qu'on aurait pu le penser.
Car étrangement, peut-être avaient-ils plus en commun qu'ils pouvaient le penser au premier abord.
Mais pour le moment, la rousse n'y pensa pas, se contentant d'écouter son collègue et de lui répondre dans l'optique de poursuivre leur agréable discussion.

« Au sang royal, » Le corrigea-t-elle ainsi dans un premier temps, sans vexation aucune, simple constat d'une maladresse de la part d'Aindreas. « Mes parents étaient de fervents défenseurs de la cause sang-pur. Fort heureusement, ce ne sont effectivement pas là les enseignements que j'ai retenu. Mais et vous, Aindreas, que retirez-vous de votre prénom ? »
La question, bien qu'anodine, pourrait beaucoup dévoiler sur son interlocuteur.

Elle prit le temps de réfléchir ensuite à sa réponse concernant la physique. Elle savait que la plupart des sorciers – même nés-moldus – tendaient à écarter complètement les enseignements de cet autre monde dans leurs études, et par conséquent n'avaient que quelques connaissances rudimentaires de la physique.
Elle devait donc rester simple et concise puisqu'elle ne connaissait pas le niveau de son interlocuteur dans ce domaine.
« Les deux autres exceptions sont le bonheur et la vie. Ceci dit, je m'appuie sur le principe de conservation des masses, le plus que connu rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transformer. » Elle n'était pas professeur de métamorphose pour rien. « Malheureusement l'année dernière je n'ai guère eu le temps de réellement me pencher sur la question, et donc de me rendre dans la salle sur demande. Mais oui, j'ai eu l'occasion de trouver un autre lieu similaire au cours d'une de mes missions. Les propriétés du lieu me semblaient être les mêmes, bien que je n'ai pas eu le temps d'observer réellement l'endroit qui fut ensuite enfoui sous des décombres. » Elle secoua la tête, déçue de cette fin tragique pour ce lieu si exceptionnel. « Une longue histoire. »

Elle but ensuite son thé et hocha la tête à ses explications sur l'initiation, piquant à vif la curiosité d'Aylen dont la soif de savoir était des plus étendus. Pas étonnant que le choixpeau ait longuement hésité sur sa répartition, manquant de la placer chez les bleu et bronze.
Finalement les traditions familiales – et l'ambition sans limite de l'enfant qu'elle était alors – l'emportèrent et elle finit chez les Serpentard sans le moindre regret.
Quand bien même être un vert et argent fut particulièrement difficile après la guerre.
Elle fronça ensuite les sourcils brièvement, perplexe.
« Vous parlez de Gaïa comme s'il s'agissait d'un être à part entière. J'avoue que cela m'intrigue quelque peu. » Aylen n'était pas femme à croire en une entité supérieure, toutefois elle n'en était pas moins intriguée par l'idée. « Pour être honnête, la Magie des Eléments m'intrigue en général. Et je peux comprendre l'attrait que les élèves ressentent pour votre matière, ce qui me laisse d'autant plus à penser que vous n'aurez aucun mal à gérer votre classe, mais là n'est plus la question réellement. Vos objectifs sont plus que louables et je ne doute vraiment pas que vous saurez trouver un auditoire attentif. » Surtout que l'homme semblait suffisamment rassuré sur ce qui l'attendait pour son premier cours.
« Mais j'ai réellement la sensation que la magie que vous enseignez est fondamentalement différente de celle que l'on voit habituellement à Poudlard. Je me trompe ? »
Les sorciers faisaient plier la nature à leurs désirs, alors qu'Aindreas semblait présenter les choses comme une collaboration avec elle.
Curieux, vraiment.

Aindreas ne fut pas offusqué qu'elle refusa de prendre une cigarette. Il regrettait juste qu'elle ne céda pas à son envie. Il tira une nouvelle bouffée et il eut un petit sourire en coin quand elle le reprit comme la professeure qu'elle était.
Et à sa question, il répondit d'un ton amusé :

- Si j'en crois son origine grecque, je devrais en retenir le courage et la virilité que m'offre Andrec. Mais comme mes parents n'avaient pas étudié cette langue morte, je doute fortement qu'ils connaissaient sa signification quand ils ont choisi de me prénommer ainsi.

Il ne fit aucun commentaire sur les principes élitistes des parents de Aylen. Ils avaient chèrement payé leur allégeance à Voldemort. Alors à quoi bon remuer le passé et troubler sa collègue en les jugeant encore une fois ?
Seul lui importait la personnalité de ses interlocuteurs, leur lignée n'avait jamais eu d'importance pour lui. Chacun possédait son libre-arbitre et ils ne devaient pas payer pour les erreurs commises par certains membres de leur famille.

L'irlandais était un caméléon et il se fondait assez facilement dans le monde des moldus même si il n'avait pas eu la chance de côtoyer un physicien. Il se souvenait juste de ses cours de sciences rudimentaires qu'il avait reçus avant son entrée à Poudlard.

Quand elle lui exposa les deux autres exceptions, il posa sa tasse et il se donna un petit coup sur la tête, l'air de dire mais comment avait-il pu les oublier ?
Autant il ne connaissait pas le nom de ce principe de physique, autant la définition lui parlait. Et la magie permettait seulement de métamorphoser des objets tangibles.

Elle n'avait pas eu encore l'occasion de se rendre dans la salle sur demande, il lui proposa spontanément :

- Nous pourrions y aller ensembles si vous avez un moment de libre.

Avec son passé de robots, elle s'était rendue à l'étranger pour poursuivre les criminels. Il tira une nouvelle taffe avant de sortir un cendrier portatif de son sac. Il éteignit sa cigarette.

- Je serai ravi de l'entendre si vous concédiez à me raconter votre aventure.

Il prit une gorgée de son thé et il observait la jeune femme. Elle avait un esprit vif et une curiosité exacerbée.
Cette discussion était intéressante et il aimait tellement parler de sa discipline.
Sa question ne l'étonna guère car seuls les amérindiens et les peuples d'Amazonie pensaient que la mère nature était l'entité créatrice de leur monde.

- Elle est celle qui a créé tout ce que nous voyons autour de nous. Elle a offert aux sorciers les bois qui permettent de canaliser et d'utiliser leur magie par l'intermédiaire des baguettes. Et leur cœur est composé par des éléments des créatures fabuleuses dont elle a peuplé le monde. Et aucune potion ne serait envisageable sans les plantes qu'elle fait pousser en les nourrissant dans sa terre bienveillante.

Il pouvait passer pour fanatique mais il énonçait sa vérité. Il ne pouvait qu'espérer qu'elle ait raison et que ses élèves ne seraient pas frustrés ou déçus de ne pas réussir à entrer en contact avec elle à leur initiation.
A son interrogation, il prit quelques secondes de réflexion avant de répondre :

- Elle est différente même si la divination s'y apparente car seuls les sorciers possédant le don de double vue peuvent l'utiliser. C'est une communion avec la Nature et elle choisit de communiquer avec ceux qui sont en osmose avec elle. C'est difficile à expliquer par des mots car il s'agit de ressentir la présence des esprits pour qu'ils acceptent de se montrer et de se lier à vous. Le plus simple est que je vous fasse une petite démonstration.

Il ferma les yeux et il se concentra sur les esprits du feu. Il leva sa main droite et des flammes apparurent au bout de ses doigts. Ses yeux avaient changé, des pointes de orange, de rouge se mêlaient à sa couleur naturelle et il demanda à ses amis de se rendre visible pour que Aylen puisse les voir elle aussi.
Un feu-follet était posé sur l'épaule du sorcier et une salamandre avançait sur la table qu'ils partageait en direction de la belle rouquine.

“Ne cherchez pas la nature de l’Esprit, mais plutôt l’esprit de la Nature.”

Le courage et la virilité.
Diantre.
Rien que ça ? Aylen ne pu retenir un sourire qu'elle cacha dans son thé et se concentra sur la proposition de se rendre dans la fameuse salle sur demande. Maintenant ? Elle ne tourna pas le regard en direction de la pile de livre en équilibre sur la table derrière elle, mais elle en sentait le poids sur ses épaules.
Bah, ce n'était pas comme si les livres allaient s'envoler.
Bon, la salle sur demande non plus, mais quand bien même la femme était une grande adepte de la recherche dans les livres, elle aimait également observer et tirer ses propres conclusions de là. Elle pourrait donc faire un premier pas en direction de ses recherches sous cet angle avant de retourner à celui des livres. De toute façon, elle les connaissait déjà pour la plupart.
Et puis il semblait aussi vouloir entendre ses aventures.
Bon.
Elle allait mettre ça de côté dans l'immédiat, réfléchissant à la proposition, relayant cette réflexion en tâche secondaire dans son esprit pour écouter ce qu'il avait à dire à propos de Gaïa.

Aylen écouta avec attention.
Puis elle réfléchit aux propos qu'elle venait d'entendre. Gaïa serait une entité divine bienveillante permettant aux hommes de survivre, selon les propos qu'il avançait. Au final, ce n'était pas si différent de la plupart des religions qui existaient déjà. La seule différence étant que cela se basait sur un monde où la magie existait effectivement.
Mais cela restait bien trop centré sur l'homme.
Pour sa part, Aylen était une existentialiste, et si cela n'était pas incompatible avec l'existence d'un Dieu quelconque, elle croyait en le fait que si Dieu il y avait, il n'était en rien bienveillant envers l'homme, mais indifférent.
Car comment un Dieu bienveillant aurait pu laisser arriver les guerres, les famines et les maladies ? Comment aurait-il pu laisser les souffrances se créer ? Comment aurait-il pu laisser l'Amour mourir ?
Elle inspira profondément, et se contenta de répondre un « Je vois. » car après tout son collègue avait exposé des faits basiques sans apporter quoi que ce soit des idéaux accompagnant l'existence de Gaïa. Il l'avait simplement exposé comme un fait.

Elle releva les yeux de son thé lorsqu'il proposa de lui exposer le monde dont il parlait. Elle posa sa tasse de thé et observa avec intérêt. Elle remarqua le changement chez Aindreas, avant de voir apparaître les petits esprits occupant la pièce. Le feu follet semblait flotter hors du monde, comme peu intéressé par ce que l'entourait, pendant que la salamandre serpentait vers elle. Curieuse, elle avança la main en direction du petit être, avant de se dire que toucher un être de feu n'était peut-être pas une bonne idée.
Toutefois fascinée, elle se baissa pour observer l'être d'outre monde.
Elle eut un léger sourire avant de se redresser.
De leurs deux mondes à Aindreas et elle, rien n'était commun, et pourtant ils coexistaient sans jamais se toucher.
« C'est en effet impressionnant et plus que troublant. Bien que particulièrement intéressant. » Elle serait curieuse de se renseigner sur la matière et, qui sait, peut-être demander à son collègue une initiation.
Mais pour le moment elle se contenta de finir son thé.
« Si vous le voulez toujours, nous pouvons nous rendre dans la salle sur demande. Je ne doute pas de pouvoir combler le chemin avec le récit que vous me demandiez un instant plus tôt. »
Sa décision avait bien été prise.

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